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On associe facilement le cancer du poumon au tabagisme. En effet, les cigarettes constituent le principal facteur de risque de développer celui qu'on appelle aussi le cancer du fumeur. Pourtant, des non-fumeurs aussi tombent parfois malades, pour des raisons pas toujours connues. Parmi elles, peut-être, l'effet de la pollution atmosphérique.
Des scientifiques du centre de recherche de la Société danoise du cancer, dirigés par Ole Raaschou-Nielsen, viennent de publier une étude qui établit un lien entre les concentrations en microparticules dans l'airair ambiant et les risques de développer un cancer du poumon. Ce travail, une méta-analyse, se base sur les données recueillies par 17 cohortes européennes dans 9 pays du Vieux Continent, au niveau de 12 villes. Le détail est publié dans la revue britannique The Lancet Oncology.
Ce n'est pas la première recherche du genre à montrer une telle association entre les deux événements. Mais un commentaire paru en parallèle dans la même édition du journal précise que le protocoleprotocole utilisé est sophistiqué et évite de nombreux biais présents dans les travaux précédents sur le sujet. Cet article danois pourrait donc compter parmi les principales références en la matièrematière.
Microparticules qui augmentent le risque de cancer du poumon
À travers cette méta-analyse sont brassés les résultats observés chez 312.944 Européens, pour qui de nombreux paramètres avaient été relevés, parmi lesquels leur lieu de résidence ou leur statut tabagique. En moyenne, le suivi a duré 12,8 ans, et 2.095 cas de cancer de poumon ont été diagnostiqués.
Les particules fines (PM10 et PM2,5) sont produites par la combustion de carburants fossiles, et principalement les moteurs Diesel. Elles pourraient causer des cancers du poumon. © Steevven1, Wikipédia, cc by 2.5
Il en ressort que les microparticules de moins de 10 µm de diamètre (PM10) sont statistiquement associées à une augmentation des risques de développer une telle tumeur. Pour chaque élévation de 10 µg/m3 dans l'air ambiant, la probabilité de déclencher un cancer du poumon s'accroît de 22 %. Pour les particules plus fines, de moins de 2,5 µm de diamètre (PM2,5), pour chaque augmentation de 5 µg/m3, les chiffres pourraient laisser croire à une augmentation de 18 % du risque de cancer. Mais ces données ne sont pas validées par les statistiques. Autrement dit, on ne peut conclure à un lien entre les PM2,5 et le cancer du poumon.
En revanche, les deux types de particules fines sont fortement corrélés au risque d'adénocarcinomeadénocarcinome pulmonaire, la forme la plus courante de cancer du poumon. Pour les PM10, la probabilité s'accroît de 51 % chaque fois que les concentrations augmentent de 10 µg/m3. Pour les PM2,5, ce chiffre s'élève à 55 % pour chaque incrémentation de 5 µg/m3.
Des milliards de personnes concernées par la pollution atmosphérique
Les données montrent qu'il n'y a pas de valeur seuil : même des microparticules à très petites doses peuvent théoriquement occasionner un cancer, bien que les risques soient plus faibles. Des chiffres qui posent question sur les valeurs maximales autorisées en Europe pour ces particules finesparticules fines. En ce qui concerne les PM10, il est préconisé de ne pas dépasser 40 µg/m3, tandis que pour les PM2,5, le seuil est fixé à 25 µg/m3.
En revanche, le trafic automobileautomobile, les concentrations en suiesuie ou en oxydes d'azoteoxydes d'azote n'ont pas été associés à une augmentation du risque de cancer du poumon.
Bien que le tabac reste le principal facteur de risque, il ne concerne pas tout le monde. Or, chacun est concerné par la pollution atmosphérique. Depuis quelques années, on considère que plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes, dont l'air est moins pur que celui de la campagne. Ainsi, même avec un risque faible, le nombre de personnes concernées devient tellement important qu'il ne peut être négligé.