Le cancer du poumon reste de loin le plus mortel. Il est donc indispensable d'améliorer le diagnostic et les traitements afin de changer le pronostic. Quid des dix prochaines années en la matière ? Petit tour d'horizon...

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    Nous ne sommes pas tous égaux face au cancer, et tous les cancers ne sont pas égaux. Alors que d'après les chiffres de l'Inca, celui qui affecte le poumon est le quatrième plus fréquent en France, il est de loin le plus mortel et représente presque 20 % de la mortalité par cancer. Sa grande variabilité et sa grande hétérogénéité le rendent difficile à traiter, d'autant qu'il est souvent diagnostiqué alors que des métastases occasionnent déjà des tumeurs secondaires.

    De leur côté, les scientifiques travaillent sur des méthodes de détection tout aussi efficaces, mais surtout moins invasives. La piste de biomarqueurs dans l'air exhalé est toujours suivie de près. Si l'on avait un temps envisagé se servir des chiens et de leur odorat sensible, la mode actuelle se tournerait plutôt vers des nanodétecteurs en or. Ces méthodes pourraient se développer dans les années à venir, permettant de déterminer un maximum d'informations en un minimum de prélèvements.

    Cette étape est cruciale, car un dépistage précoce permet d'augmenter l'espérance de vieespérance de vie des malades, voire d'améliorer les chances de rémissionrémission. Des tests simples et non contraignants s'avèrent bien plus adaptés pour inciter à la détection.

    Des cellules tumorales circulantes pour un meilleur pronostic

    La Britannique Caroline Dive, de l'université de Manchester, s'intéresse quant à elle aux biomarqueurs faisant office de pronosticpronostic. Elle porteporte son attention tout particulièrement sur les cellules tumorales circulantes, comme elle l'explique lors du congrès Eurocancer. Quelles informations peuvent-elles nous fournir ? Leur concentration est-elle liée à la survie ?

    Le cancer du poumon est le plus mortel chez les hommes, mais le devient également chez les femmes aux États-Unis. Outre-Atlantique, ils ont souvent un peu d'avance sur la France... © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le cancer du poumon est le plus mortel chez les hommes, mais le devient également chez les femmes aux États-Unis. Outre-Atlantique, ils ont souvent un peu d'avance sur la France... © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    D'après ses dires, ce serait effectivement le cas. Mais il faut bien distinguer les cancers du poumon. Certains sont dits à petites cellules, et concernent un peu moins de 20 % des patients. Ses études révèlent qu'en effet, ces cellules tumorales circulantes sont dans ce cas assez faciles à doser, et qu'un nombre élevé est associé à un mauvais pronostic.

    Dans les cancers du poumoncancers du poumon non à petites cellules, les données sont plus difficiles à obtenir, car les techniques actuelles détectent très peu ces cellules circulantes. La technique ISET, utilisée aussi pour la mise en évidence de maladies génétiquesmaladies génétiques chez le fœtusfœtus, permettrait en revanche de dépister dans des proportions beaucoup plus grandes ces fameuses cellules tumorales circulantes. Une amélioration technique ? Dans les faits oui, mais ce prélèvement sanguin et l'analyse nécessaire ne sont pas semi-automatiques comme les tests actuels, et ne sont également pas portables. Ils constituent cependant une piste à creuser pour l'avenir.

    Passer de la génétique à l'épigénétique

    De son côté, Christian Brambilla, de l'université Joseph Fourier de Grenoble, évoque les difficultés auxquelles font face les pneumo-oncologuesoncologues« Chez 50 % des patients, on ne trouve encore aucune anomalieanomalie génétique. D'un autre côté, parmi les mutations génétiques retrouvées dans les grands groupes de cancers du poumon, certaines ne sont pas directement liées à la maladie. Il faut savoir les identifier et faire le tri. »

    Comme si la génétique ne suffisait pas, reste aussi à défricher le champ de l'épigénétique, qui concerne les modifications de l'ADNADN influant sur la régulation des gènesgènes. L'enjeu est de taille et va occuper bon nombre de chercheurs dans les années à venir.

    Le cancer du poumon a de beaux jours devant lui

    À terme, l'espoir est de caractériser une à une les tumeurs retrouvées chez un même patient, afin de lui fournir les thérapies les plus adaptées et les plus personnalisées. Face à la très grande hétérogénéité des cellules cancéreuses, ces traitements doivent être particulièrement spécifiques pour éviter les risques de résistancerésistance. Car, effectivement, les cellules tumorales peuvent développer  des défenses semblables à celles observées chez les bactériesbactéries qui deviennent insensibles aux antibiotiquesantibiotiques.

    De nouveaux médicaments sont actuellement en test afin de fournir de nouvelles solutions qui pourraient un jour aider à limiter fortement la mortalité associée à ce cancer souvent incurable. Malgré les lacunes auxquelles doivent faire face les scientifiques, il y a fort à parier que peu à peu, les avancées donneront aux patients un peu plus de chances de s'en sortir.

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    Image du site Futura Sciences

    Parce que le monde de la recherche est parfois un peu obscur, Futura-Sciences veut être l'un des relais entre l'universunivers des spécialistes et le grand public. C'est à ce titre que nous nous sommes rendus au congrès Eurocancer, les 25 et 26 juin au Palais des congrès de Paris, le plus grand congrès francophone sur le cancer. Et nous ne sommes pas revenus les mains vides...