L’Institut national de Veille Sanitaire vient de publier le second volet d’une enquête destinée à quantifier les risques sanitaires liés à la pollution par les particules de l’air ambiant, dont les résultats sont sans ambiguïté.

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    Smog. Crédit université du Michigan

    Smog. Crédit université du Michigan

    Le Programme de Surveillance AirAir & Santé (PSAS-9) de l'INVS (Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire) s'étale sur neuf villes de France (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse), choisies pour leur représentativité à l'échelle de la nation et où habitent environ 11 millions de personnes. Chacun de ces pôles est animé par un épidémiologiste et par les services du Ministère chargé de la Santé, en liens avec les partenaires techniques locaux, en particulier les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l'Air (AASQA), certains Observatoires Régionaux de Santé (ORS) et les Départements d'Information Médicale (DIM) des établissements hospitaliers.

    Le premier volet de cette enquête, publié en 1999, démontrait l'existence d'associations entre les variations journalières de l'ensemble des indicateurs de la pollution atmosphérique urbaine par les particules finesparticules fines et grossières (PM 2,5 et PM 2,5 à PM 10PM 10, PM représentant la taille maximale des particules exprimée en micronsmicrons) et la mortalité quotidienne de cause cardio-vasculaire et respiratoire. Les résultats très nets ont pu être extrapolés aux autres grandes villes ne participant pas au programme.

    Le second volet du PSAS-9, dont les résultats viennent d'être publiés, était destiné à évaluer le rapport entre l'exposition et le risque à court terme sur la base des indicateurs de pollution et des statistiques d'admissions hospitalières. Il s'agissait en outre d'évaluer avec précision l'impact sur la mortalité à court terme afin de confirmer les résultats de la première phase.

    L'expertise mettait aussi en lumièrelumière le rôle des particules fines (PM 10 et PM 13) et monoxyde de carbone, des indicateurs de pollution encore peu mesurés jusqu'ici en France.

    Des résultats significatifs

    Les résultats montrent une corrélation très nette entre la densité en particules et le risque létallétal. Ainsi pour une augmentation de 10 µg/m3 du niveau de pollution, les excès de risques sont compris entre 0,5 et 1,3% lorsqu'on considère une exposition de 0 à 1 jour, et entre 1,1 et 5,1% lorsqu'on considère une exposition de 0 à 5 jours.

    L'augmentation des admissions pour pathologies cardio-vasculaires se situe entre 0 et 1,0% pour une exposition de 0 à 1 jour et entre 0,3 et 1,4% pour une exposition de 0 à 5 jours. En ce qui concerne les pathologies respiratoires, l'excès de risque est compris entre 0 et 1, % pour l'exposition 0 à 1 jour et entre 0 et 3,7% pour une exposition de 0 à 5 jours.

    En règle générale, on constate que le risque (évalué sur une base de 6 jours) est plus élevé pour les affections respiratoires que pour les problèmes cardio-vasculaires.

    Résultats extrapolés

    Si l'on considère statistiquement les résultats obtenus en rapport avec une exposition de 0 à 1 journée dans l'ensemble des neuf villes, on peut prévoir environ 2.800 décès anticipés par an attribuables à la pollution atmosphérique sur l'ensemble des jours où celle-ci atteint ou dépasse 10 µg/m3.

    Une étude réalisée à titre exploratoire sur les effets des particules PM 10 et PM 13 démontre un excès de risque de mortalité compris entre 0,3 et 0,9% pour une augmentation de 10 µg/m3, selon la duréedurée d'exposition considérée (0 à 1 ou 0 à 5 jours).

    Ces résultats confirment ceux obtenus lors du premier volet de l'enquête, tout en apportant plus de précisions, ce qui en renforce l'utilité dans une politique décisionnelle. Ils s'accordent en outre avec ceux publiés par d'autres organismes au sujet d'autres villes européennes. Ils ont le mérite, et l'intérêt, de démontrer objectivement tout en le quantifiant le lien existant entre la pollution par les particules fines ou grossières et la mortalité. Ils confirment clairement qu'une mauvaise qualité de l'air représente une menace pour la santé des populations.