D’après un rapport publié cette semaine par Santé publique France, les femmes sont de plus en plus touchées par le cancer en France et l'écart entre les deux sexes se réduit. La consommation d’alcool, le tabagisme, le changement des habitudes alimentaires ou l’obésité pourraient expliquer ces évolutions.


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    En 2018, on estime à 382.000 le nombre de nouveaux cas de cancers en métropole (204.583 chez l'homme, 177.400 chez la femme) et à 157.400, le nombre de décès par cancer (89.621 chez l'homme, 67.800 chez la femme), selon l'agence sanitaire. Mais l'incidence (nouveaux cas), tous cancers confondus, est stable chez l'homme (+0,1 % par an) alors qu'elle s'accroît chez la femme (+1,1 % par an).

    En outre, « les taux de mortalité par cancer ont diminué de façon plus prononcée chez l'homme entre 1990 et 2018 (-1,8 % par an en moyenne chez l'homme et -0,8 % par chez la femme) », selon le rapport qui analyse les tendances sur près de 30 ans. Rançon du tabagisme, en terme de taux, « l'incidence (+5,3 % par an) et la mortalité (+3,5 % par an) du cancer du poumon enregistre la plus forte progression chez la femme ». C'est l'évolution « la plus préoccupante », compte tenu du « pronostic sombre » de ce cancer.

    Les taux de mortalité par cancer ont diminué de façon plus prononcée chez l'homme entre 1990 et 2018

    Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez les femmes, avec près de 59.000 nouveaux cas et un peu plus de 12.000 décès annuels. En regard, la mortalité par cancer du poumon (10.356 décès en 2018 pour plus de 15.000 cas diagnostiqués) montre son « impact » chez les femmes, remarque Gautier Defossez (réseau Francim), coordonnateur de la partie portant sur les cancers solidessolides.

    Le rapport pointe aussi l'augmentation du taux d'incidence du cancer du pancréas plus élevée chez les femmes (+3,8 % par an contre +2,7 % chez les hommes), et la hausse de la mortalité due à ce cancer chez elles (+1,2 % par an). Le taux de cas de cancer du foie diagnostiqués annuellement progresse également plus vite chez la femme (+3,5 % contre +1,6 % par an chez l'homme).

    Des changements de comportements nocifs à la santé

    La réduction de l'écart entre les sexes peut en partie s'expliquer par les consommations excessives d'alcoolalcool et de tabac, ainsi que les changements de comportements alimentaires et la fréquence croissante de l'obésitéobésité ou de l'hypertension artériellehypertension artérielle, selon Santé publique France. D'une façon générale, « on observe des situations plutôt défavorables, comme celles du cancer du poumon chez les femmes, du foie, du pancréaspancréas, du reinrein et du mélanomemélanome cutanécutané, relève Gauthier Defossez. Entre 2010 et 2018, le mélanome cutané est celui dont le nombre de cas diagnostiqués a le plus augmenté ». Or, « 85 % sont attribuables aux UVUV naturels ou artificiels et considérés comme évitables », poursuit le spécialiste en plaidant pour l'éducation à la préventionprévention dès l'enfance.

    Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez les femmes. © FatCamera, IStock.com
    Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez les femmes. © FatCamera, IStock.com

    En revanche, on relève des « signaux positifs » : des cancers, très fortement liés à l'alcool et au tabac, présentent chez l'homme les plus fortes variations à la baisse des taux de nouveaux cas et de mortalité (lèvre-bouche-pharynxpharynx, larynxlarynx, œsophageœsophage).

    Le rapport, actualisé tous les cinq ans, est composé de deux volumesvolumes respectivement consacrés aux cancers solides (poumon, thyroïdethyroïde, colon...)) et aux cancers du sangcancers du sang et des ganglionsganglions, ou hémopathies malignes (leucémies, lymphomeslymphomes, myélomesmyélomes...), sur la période 1990 et 2018. Pour la première fois, 74 types et sous-types de cancers et des tendances par âge y sont étudiés. Ce travail détaillé associe l'Institut national du cancer (INCa), le réseau Francim des registres des cancers, les Hospices civils de Lyon et Santé publique France.

    Le rapport apporte un niveau d'analyse très fine des variétés de tumeurstumeurs avec l'analyse des tissus, ce qui a une importance pour mieux comprendre leur évolution et aussi l'effet des traitements. Des baisses de mortalité sont observées pour les cancers du seincancers du sein, colorectaux et de la prostateprostate ainsi que pour le cancer de l'utérusutérus. Tandis que les causes de l'augmentation des hémopathies malignes (de certaines formes de lymphomes ou de leucémies) restent à expliquer.


    Cancers en France : davantage de cas mais une mortalité en baisse

    Article de Destination Santé paru le 16 juillet 2013

    Le nombre de cas de cancers en France augmente depuis 1980. Mais la mortalité, elle, recule. Malgré tous les progrès, 2012 est restée très meurtrière, puisque 148.000 hommes et femmes sont décédés des suites de leur tumeur.

    L'incidence des cancers est en hausse depuis 1980 en France. L'augmentation et le vieillissement de la population expliquent en partie cette tendance. Néanmoins, une fois ces facteurs neutralisés par des calculs statistiques, le nombre de cas augmente tout de même. Seule la mortalité affiche une baisse significative, chez les hommes comme chez les femmes.

    Le réseau des registres des cancers Francim, le service de biostatistique des Hospices civils de Lyon (HCL), l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (InVS) et l'Institut national du cancer (Inca) publient une étude actualisée de l'évolution de l'incidence et de la mortalité par cancer en France. Ce travail porteporte sur la période 1980-2012 et concerne l'ensemble des tumeurs.

    En 2012, « le nombre de nouveaux cas de cancers en France métropolitaine est estimé à 355.000 (200.000 chez l'homme et 155.000 chez la femme) », indiquent les auteurs. Le nombre de décès est, lui, estimé à 85.000 chez l'homme et 63.000 chez la femme, soit un total de 148.000.

    Prostate et sein, les cancers les plus fréquents

    Chez l'homme, « le cancer de la prostate reste de loin le plus fréquent avec 56.800 nouveaux cas par an, devant le cancer du poumon (28.200) et le cancer colorectalcancer colorectal (23.200) ». Chez la femme, « le cancer du sein est le plus fréquent avec 48.800 nouveaux cas par an, devant le cancer colorectal (18.900) et le cancer du poumon (11.300) ».

    Les progrès dans le dépistage et le traitement des cancers permettent de limiter la mortalité, malgré une forte incidence. © David Becker, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0
    Les progrès dans le dépistage et le traitement des cancers permettent de limiter la mortalité, malgré une forte incidence. © David Becker, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    « Le nombre de nouveaux cas de cancers a été multiplié par deux entre 1980 et 2012 chez l'homme comme chez la femme », soulignent les auteurs. Cette hausse s'explique en grande partie par l'accroissement de la population et par son vieillissement. Toutefois, en neutralisant ces deux facteurs, les auteurs parviennent à calculer un taux standardisé. Une fois cette opération effectuée, l'incidence reste en augmentation, de 27,9 % chez l'homme et de 42,9 % chez la femme.

    Plus de décès par cancer, mais une mortalité moindre

    « Cette hausse résulte, en partie, d'une meilleure détection, ainsi que d'une augmentation du risque de cancer. » Les modifications intervenues dans les méthodes de dépistage permettent notamment de détecter de nombreuses tumeurs plus précocement.

    Bien que le nombre de décès par cancer ait globalement augmenté de 11 % chez l'homme et de 20,3 % chez la femme entre 1980 et 2012, cette hausse est surtout attribuable à l'évolution démographique. Ainsi, le taux standardisé de mortalité a, pour sa part, diminué en moyenne de 1,5 % par an chez les hommes et de 1 % chez les femmes au cours de la période.