C’est un fait : l’Homme et le chien font d’excellents amis depuis des millénaires, probablement parce qu’il existe entre les deux espèces un très fort niveau de compréhension. Pourquoi ? Une étude de 2014 révélait que, comme nous, le chien est pourvu d’une région dans son cerveau sensible à la voix, et qu’il sait y interpréter les émotions de l’émetteur, qu’il soit à quatre pattes ou sur deux pieds. Exactement comme l’Homme le fait.


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    Une aptitude exceptionnelle au dressage, une fidélité à toute épreuve, une capacité à saisir les émotions de son maître... Le chien est notre compagnon depuis des millénaires et entre nous règne une complicité rare dans le monde animal. Mais d'où vient-elle ? Une recherche hongroise publiée dans Current Biology tend à confirmer le vieux proverbe, qui dit que qui se ressemble s'assemble. Car nous partagerions avec le chienchien une région du cerveau dédiée à la voix, et à la reconnaissance des émotions transmises...

    Le contexte : les meilleurs amis du monde

    Les processus de la domestication du chien restent encore un peu flous. Ils remontent au moins à 33.000 ans, à une époque où les Hommes vivaient encore de chasse et de cueillette, bien avant l'apparition de l'agricultureagriculture. Or, toutes les autres espècesespèces aujourd'hui domestiques ne le sont devenues qu'après la maîtrise de la culture de la terre. Notre fidèle ami poilu fait donc figure d'exception.

    Comment un tel lien a-t-il pu se créer ? Hommes et loups, à l'origine du chien, partagent plusieurs caractéristiques : ce sont des espèces sociales, vivant sur un même territoire et chassant les mêmes proies. Elles peuvent donc intrinsèquement cohabiter, si elles arrivent à surmonter cette rivalité. Mais est-ce suffisant pour en faire les meilleurs amis du monde ?

    Attila Andics et ses collègues de l'université Eötvös Loránd de Budapest pensent que les caractères en commun sont encore plus forts. Ils sont allés directement les chercher dans le cerveau des Hommes et des canidéscanidés pour révéler des similitudes que l'œil nu ne peut déceler.

    L’étude : une partie de la réponse se trouve dans le cerveau

    Ces travaux se sont focalisés sur la réponse cérébrale à la voix, d'Hommes ou de chiens, ainsi que la réaction à l'émotion contenue dans le son. C'est la première étude de ce genre jamais menée, puisque d'ordinaire, les comparaisons cérébrales s'effectuaient entre l'Homme et un autre primateprimate. Il a d'abord fallu dresser 11 chiens à rester immobiles avec un casque sur les oreilles, placés dans une machine à IRMf, afin d'observer l'activité de leur cerveau dans les mêmes conditions que pour les 22 sujets humains participants à ce travail. Tous ont eu à entendre la même série d'environ 200 sons différents, comportant des séquences de rires ou d'aboiements ludiques aussi bien que des pleurs ou des gémissements plaintifs, au milieu de sonorités non associées à la voix.

     Les chiens ont dû être entraînés pour apprendre à rester immobiles durant la phase de tests. © Eniko Kubinyi
    Les chiens ont dû être entraînés pour apprendre à rester immobiles durant la phase de tests. © Eniko Kubinyi

    Au fin fond de leur cerveau, une région semblable s'active à l'écoute de la voix. Évidemment, chaque espèce réagit plus fortement aux sons de ses semblables, mais ne reste pas insensible aux bruits de son meilleur ami. De plus, les auteurs ont remarqué des similitudes dans la façon de traiter les voix chargées en émotions : une zone voisine du cortex auditif primaire s'active davantage en cas de joie qu'en cas de tristesse. Les chercheurs avouent même avoir été surpris lorsqu'ils ont remarqué l'intensité de cette réponse, y compris dans le cas où c'était l'autre espèce qui émettait le son.

    Cependant, au milieu de toutes ces similitudes, les auteurs ont noté une nette différence. Dans le cerveau du chien, 48 % des zones sensibles aux sons répondent davantage à une sonorité neutre qu'à une voix. Chez l'Homme, elles ne sont que 3 %...

    L’œil extérieur : l’Homme et le chien se comprennent si bien

    Une telle recherche suggère plusieurs choses. D'une part, que cette fonction cérébrale aurait été présente chez le dernier ancêtre communancêtre commun à l'Homme et au chien, daté d'environ 100 millions d'années. Ensuite que d'autres animaux actuels avec lesquels on partage cet ancêtre disposeraient également de cette faculté dédiée à la voix.

    Enfin, voilà peut-être une aptitude qui contribue à renforcer le lien entre ces deux grands amis et qui expliquerait pourquoi les toutous répondent si bien à la voix de leur maître, et plus généralement le succès de la communication vocale. Ainsi, nous nous comprenons l'un l'autre et pouvons plus facilement répondre à nos besoins réciproques.

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