Lorsqu’un loup quitte la meute, les autres se mettent à hurler. Il ne s’agirait pas là d’une réponse au stress du départ. Ces hurlements refléteraient plutôt le caractère de la relation sociale qui unit celui qui part au reste du groupe.

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    Quand un membre de la meute de loups quitte le groupe, les hurlements de ceux qui restent ne sont pas un reflet du stress, mais de la qualité de leurs relations. © Mazzini et al.

    Quand un membre de la meute de loups quitte le groupe, les hurlements de ceux qui restent ne sont pas un reflet du stress, mais de la qualité de leurs relations. © Mazzini et al.

    Un loup grogne, gronde, geint, aboie ou hurle. Il fait partie des animaux qui émettent de multiples sons, et l'on ne sait pas bien pourquoi le canidé les module tant. Les spécialistes ont voulu savoir si ces modulationsmodulations sont fonction de sa compréhension personnelle du contexte social qui l'entoure. Le loup choisit-il délibérément de hurler ? Est-il seulement conscient qu'il hurle plutôt qu'il aboie ?

    Lorsqu'un membre de la meute quitte le groupe, les autres hurlent. D'après une étude, publiée dans la revue Current Biology, ces hurlements ne sont pas le reflet du stressstress que le départ de l'animal peut provoquer. Ils refléteraient plutôt la relation qu'ils ont entre eux. Dans une meute, le loup occupe un certain rang social et tisse des liens plus ou moins importants avec les membres du groupe. Ainsi, lorsque l'un d'entre eux le quitte, ses congénères se manifestent. Mais le hurlement de chacun est différent, et il varie selon la relation avec le déserteur.

    La majorité des populations qualifiées de loups sont des sous-espèces du loup gris (<em>Canis lupus</em>), qui est aussi à l'origine des chiens et des dingos. © Chris Muiden, Wikipédia, cc by sa 3.0

    La majorité des populations qualifiées de loups sont des sous-espèces du loup gris (Canis lupus), qui est aussi à l'origine des chiens et des dingos. © Chris Muiden, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'étude a été menée en Autriche, au sein du Wolf Science Center où deux meutes de neuf loups sont hébergées. Chaque jour, les employés du centre partent en promenade avec un loup, laisse au cou. Ils sortent donc systématiquement les animaux individuellement. À ces occasions, les membres de la meute se mettent à hurler. Les chercheurs ont observé que les loups hurlent plus lorsque le membre qui part en promenade est d'un rang social élevé dans la meute. Par ailleurs, certains loups hurlent de plus belle, quand il s'agit d'un loup avec qui ils ont une meilleure relation sociale.

    La meute est une véritable société

    « Nos résultats suggèrent que la variation du hurlement du loup s'explique plus par la relation sociale qu'il entretient que par son état émotionnel, commente le chercheur Friederike Range, principal auteur de l'article. (...) Les loups, dans une certaine mesure, peuvent utiliser leurs vocalisations d'une manière flexible. »

    Pour en venir à ces conclusions, l'équipe autrichienne a mesuré les niveaux de cortisolcortisol, hormone associée au stress, sur chaque loup, à chaque départ de l'un d'eux. Ils ont aussi recueilli des informations sur le caractère social de la meute. Il fallait par-là déterminer quels loups étaient les dominants et quels étaient les partenaires privilégiés de chacun.

    Le loup module ses vocalises volontairement

    À chaque départ d'un loup donc, les scientifiques ont enregistré les hurlements des autres. L'intensité du cri n'avait aucune correspondance avec une élévation de cortisol. Les hurlements étaient en revanche directement reliés au rang social du loup qui partait, ceux qui hurlaient le plus étaient précisément ceux avec qui il entretenait le plus d'interactions.

    Le loup module donc son hurlement volontairement, il cherche peut-être par ce moyen à garder le contact avec celui qui part, ou à maintenir le lien avec ses autres alliés du groupe. Difficile de déterminer ce que le loup attend de ces hurlements, mais ce qui est sûr c'est qu'il les module consciemment et qu'ils reflètent la qualité sociale de l'individu plutôt que son état émotionnel.