L’asthme allergique touche 340 millions de personnes dans le monde. Pour les formes sévères, il existe un traitement, mais il est contraignant et très coûteux. Une équipe de recherche française est en train de développer un potentiel vaccin. Leurs derniers résultats chez la souris ouvrent la voie à l’organisation d’un essai clinique chez l’Homme.

Cela vous intéressera aussi

[EN VIDÉO] Les crises d'asthme augmentent en cas d'orage chez les personnes âgées Cette vidéo retrace le lien, pas forcément évident, qui existe entre crises d'asthme et une...

L’asthme est une maladie respiratoire chronique extrêmement répandue. En France, elle touche 4 millions de personnes. L’asthme allergique est un type particulier d’asthme et représente la moitié des patients atteints de cette maladie pulmonaire. L’inhalation d’allergènes, le plus souvent des acariens, provoque une inflammation des bronches et une gêne respiratoire. Celle-ci est médiée par une surproduction d’anticorps de type IgE et de protéines nommées interleukines (IL-4 et IL-13 en particulier) dans les voies aériennes.

Les traitements de référence de l’asthme sont les corticoïdes inhalés, mais ils ne parviennent pas toujours à contrôler les formes sévères. Dans ce cas, il est nécessaire de recourir aux anticorps monoclonaux anti-IgE ou anti-IL-4/IL-13. S’ils sont efficaces, les anticorps présentent deux inconvénients majeurs. D’une part, ils sont très onéreux, d’autre part, ils ne peuvent être administrés que sous forme injectable : douloureux et contraignant pour le patient traité à vie. Une équipe française travaille au développement d’un vaccin contre l’asthme allergique. Publiés dans la revue Allergy, les résultats de leurs derniers travaux sont plutôt prometteurs.

Quelle est la cible du vaccin ?

L’objectif du candidat vaccin est d’induire une production d’anticorps anti-IL-4 et anti-IL-13. Il est constitué d’une protéine porteuse couplée aux cytokines IL-4 et IL-13. Lorsque le système immunitaire détecte le vaccin, il se met à produire des anticorps anti-IL-4 et anti-IL-13 en grande quantité.

Après de premiers essais concluants chez une souris normale, les auteurs ont mené de nouveaux travaux chez des souris humanisées. Dans ces animaux, les gènes codant pour les cytokines IL-4 et IL-13 de souris ont été remplacés par les gènes humains. Le candidat vaccin a montré qu’il était capable d’induire la production d’anticorps dirigés contre IL-4 et IL-13 murins et humains.

Visualisation au microscope de coupes de poumon de souris dans un modèle d’asthme aux acariens, avec une coloration à l’hématoxyline et à l’éosine montrant une obstruction des bronches et un infiltrat de globules blancs autour des bronches dans le groupe non vacciné (gauche) mais pas dans le groupe vacciné (droite). © Dr Eva Conde.
Visualisation au microscope de coupes de poumon de souris dans un modèle d’asthme aux acariens, avec une coloration à l’hématoxyline et à l’éosine montrant une obstruction des bronches et un infiltrat de globules blancs autour des bronches dans le groupe non vacciné (gauche) mais pas dans le groupe vacciné (droite). © Dr Eva Conde.

Quels sont les effets du vaccin ?

En permettant la production d’anticorps neutralisant IL-4 et IL-13, le candidat vaccin réduit les symptômes de l’asthme chez la souris : diminution de la production de mucus et de l’hyperréactivité des voies respiratoires.

IL-4 et IL-13 sont des cytokines impliquées dans de nombreuses pathologies dont la dermatite atopique et l’allergie alimentaire. Les potentielles applications pour ce candidat vaccin sont donc extrêmement nombreuses.

La prochaine étape sera la réalisation d’essais cliniques chez l’Homme. Même si de nombreuses étapes sont encore nécessaires avant une potentielle commercialisation, ces résultats apportent une lueur d’espoir pour toutes les personnes atteintes d’asthme allergique.