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    Les marais et leurs roselières accueillent une forte biodiversité végétale et animale et contribuent à la formation des paysages. © Christopher Thomas, Geograph CC by-sa 2.0

    Les marais et leurs roselières accueillent une forte biodiversité végétale et animale et contribuent à la formation des paysages. © Christopher Thomas, Geograph CC by-sa 2.0

    Les zones humides sont des milieux singuliers. Très divers, ces territoires particuliers caractérisés par la présence d'eau, au moins à certaines occasions, ont longtemps été perçus comme négatifs : terrains improductifs, obstacle au déplacement, source de maladie et repère de bandits et de contrebandiers...

    En conséquence, une très grande partie de ces milieux, à travers le monde entier, a été asséchée et transformée. Pourtant, avec l'amélioration de la compréhension des mécanismes environnementaux, une nouvelle image de ces zones humides s'est construite. L'image de milieux très riches, et très menacés, d'un point de vue patrimonial (paysage, biodiversité) et pourvoyeurs de nombreux services, notamment en termes de gestion des eaux.

    Avant d'aborder les fonctionnalités et l'utilité de ces zones humides, qui rendent leur régression problématique, revenons sur les définitions que l'on peut faire de ces fameuses zones humides.

    Un concept large mais centré sur l’eau

    Une zone humide est un milieu où la présence d'eau est la principale caractéristique du biotope et de la répartition des organismes végétaux et animaux. Peu importe le degré de salinitésalinité de cette eau ou sa disparition à certains moment de l'année, de tels milieux sont considérés comme des zones humides.

    La convention sur les zones humides d'importance internationale, dite Convention de Ramsar, ratifiée par la France, va plus loin encore puisqu'elle intègre une partie plus importante du domaine marin. Selon cette convention, toutes « étendues de marais, de fagnes NDLRNDLR : landes marécageuses des plateaux ardennais], de tourbières ou d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est stagnante ou courante, douce, saumâtresaumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur à maréemarée basse n'excède pas six mètres » sont des zones humides. 

    Des zones humides multifonctions

    Pourquoi réunir des milieux si divers sous le même terme de zone humide ? Pour la simple raison que ces milieux ont tous deux fonctions très importantes vis-à-vis de l'hydrologie et de l'écologie et sont tous très menacés.

    Que ce soient les tourbièrestourbières de Sibérie, les plaines inondables d'Europe ou les mangroves tropicales, tous ces milieux sont essentiels à une flore et une faunefaune riches et très dépendantes, notamment dans le cas des espèces migratrices (poissonspoissons, oiseaux).

    De par leurs fonctions de zones de reproduction, de croissance, de refuge et d'abris, les zones humides constituent des habitats indispensables pour une biodiversité importante et souvent menacée. En France, 50% des oiseaux sont inféodés à ces milieux où l'on trouve aussi 30% des espècesespèces végétales remarquables ou rares. Les zones humides sont aussi vitales à certains groupes, comme les amphibiens dont 32% des espèces sont menacées à l'échelle mondiale. 

    En outre, ces milieux contribuent au maintien et à l'amélioration de la qualité des eaux par leur rôle de filtre épurateur, aussi bien physiquephysique que biologique. En effet, les zones humides favorisent la sédimentationsédimentation et la rétention des sédimentssédiments, de la matièrematière organique et des polluants au travers de la végétation et du sol.

    Les organismes aquatiques, en particulier les bactériesbactéries et les végétaux, sont aussi le siège de nombreuses réactions de dégradations biochimiques qui concourent à l'élimination de certains pathogènespathogènes et à la détoxicationdétoxication de polluants (nitrates, métauxmétaux lourds).

    Enfin, ces milieux jouent un rôle de régulation des flux d'eau. Tout d'abord, ils se comportent comme des éponges, ralentissant les débitsdébits en se gorgeant d'eau lors des périodes de crues, de marées, etc. Ils redistribuent ensuite progressivement l'eau stockée lors des périodes plus sèches.

    Parallèlement, certaines zones humides favorisent l'infiltration de l'eau dans le sol et, ainsi, le rechargement des nappes phréatiquesnappes phréatiques avec des eaux de bonne qualité.

    Des milieux créateurs de richesses et de services

    De par leurs rôles écologique et hydrologique, les zones humides rendent de nombreux services aux sociétés humaines. En sus de contribuer à l'amélioration qualitative et quantitative des ressources en eaux, ces milieux participent à la préventionprévention des risques naturels. Ils réduisent ainsi les risques de crues et d'inondationsinondations en ralentissant les écoulements d'eau tout en rendant les sols et les berges plus résistants à l'érosion.

    Les zones humides sont aussi des lieux où la production primaire est très importante, ce qui se traduit par de fortes productivités agricoles (riziculture, pâturage, etc.)) et aquacoles (poissons, crustacées).

    Enfin, les milieux humides sont créateurs d'un environnement qui améliore le cadre de vie (paysage, loisirs, chasse...) et favorise le tourisme.

    Les zones humides boivent la tasse

    Cependant, malgré l'importance environnementale des zones humides et leurs services, ces milieux ont longtemps été détruits dans des entreprises d'assèchement et d'assainissementassainissement. Perçus comme improductifs et malsains, ces milieux ont fait l'objet d'importantes mises en valeurs pour la production agricole (assèchement, poldérisationpoldérisation), la navigation (linéarisation des cours d'eau, curagecurage), la production d'énergieénergie (barrage hydroélectrique), etc.

    Rien qu'en France, deux tiers des zones humides ont disparu depuis le début du 20e siècle et, entre 1960 et 1990, leur surface s'est encore réduite de 50% !

    En parallèle à cette régression, les zones humides souffrent aussi de la dégradation de la qualité des eaux due à l'intensification de l'agricultureagriculture (nitrates, pesticidespesticides) et aux pollutions industrielles et urbaines.

    Face à cette dégradation continue de la situation et de l'environnement, les institutions et la société civile tentent de réagir par la mise en place de réglementations de plus en plus strictes et de mesures de conservation : gestion écologique, parc naturel, etc.