Les scientifiques anglais n’en ont pas marre des mares, bien au contraire. Ils s’étonnent même de la magnifique biodiversité invisible qu’ils y trouvent. La preuve : des centaines d'espèces nouvelles viennent d'être découvertes... en Angleterre.

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    Plagiopyla, représentant unicellulaire de la biodiversité invisible. © B.J. Finlay

    Plagiopyla, représentant unicellulaire de la biodiversité invisible. © B.J. Finlay

    Le micromonde des mares : un an déjà que les scientifiques britanniques plissent les yeux et se penchent sur leurs microscopesmicroscopes. Dans le cadre d'un projet de conservation des plus importantes mares du district anglais de Purbeck, ces scientifiques, en effet, étudient les mares, ces zones humides en très fort déclin, comme l'ensemble des zones humides, d'ailleurs.

    Ce monde invisible révèle moult espèces inconnues. Les chercheurs de l'Ecole des Sciences Biologiques et Chimiques du Queen Mary, University of London ont ainsi découvert des centaines de nouvelles espèces dans la réserve naturelle d'East Stoke Fen du comté anglais de Dorset, au sud de l'Angleterre.

    A ce jour, leur tableau de chasse s'orne de :

    • plus de 30 espèces d'invertébrés de moins d'un demi-millimètre ;
    • plus de 100 espèces de ciliés (unicellaires).
    Ce petit invertébré de la méiofaune (ensemble des animaux compris entre 0,1 et 1 mm) est un <em>Chaetonotus zelinkai</em>. Il ne mesure pas plus d’un tiers de millimètre et la fonction de ses épines est encore inconnue. © Martin Kreutz

    Ce petit invertébré de la méiofaune (ensemble des animaux compris entre 0,1 et 1 mm) est un Chaetonotus zelinkai. Il ne mesure pas plus d’un tiers de millimètre et la fonction de ses épines est encore inconnue. © Martin Kreutz

    Singulière passion que celle de ces chercheurs ? Pas tant que cela, si l'on y regarde de plus près, puisqu'un tiers des mares ont disparu en Angleterre depuis les années 1940 et 80% de celles qui restent ont triste mine. La faute en revient aux modifications des pratiques agricoles, qui ne touche pas que l'Angleterre mais aussi tout le monde industrialisé. Avec le déclin de ces milieux, ce sont aussi les espèces de ces écosystèmes aquatiques qui trinquent.

    Pas vu, pas pris ? Plus maintenant !

    A l'échelle internationale, la Convention de Ramsar sur les zones humides avait déjà tiré la sonnettesonnette d'alarme. Désormais, le Wet Fens Project (Projet Marais Humides) étudiera à l'échelle locale cette biodiversité invisible et attirera l'attention du public et des décideurs sur la protection et la gestion des mares et roselières.

    « La biodiversité cryptique NDLRNDLR : invisible à l'œilœil nu] aide les écosystèmes naturels à rebondir pour répondre aux changements environnementaux, explique la chercheuse Genoveva Esteban du Queen Mary, University of London. Le projet Wet Fens, en partenariat avec le Dorset Wildlife Trust et l'association Freshwater Biological est pionnier au Royaume-Uni, dans sa liaison de la recherche avec des pratiques de conservation pour intégrer des petits organismes dans la gestion des zones humides. La conservation de la biodiversité locale deviendra globale en embrassant tout le spectrespectre des organismes aquatiques qui contribuent au bon fonctionnement d'un écosystème - pas seulement ceux qualifiés de charismatiques. »

    Le Wet Fens Project sera lancé en février 2010. Il permettra, selon Rachel Janes du Dorset Wildlife Trust, de « protéger ces incroyables animaux pour le futur, au côté de la faunefaune aquatique plus visible ».

    Ce projet servira donc à la préservation de la biodiversité, mais aussi, à travers elle, au maintien des paysages et des services rendus par ces milieux : épuration des eaux, rechargement des nappes phréatiquesnappes phréatiques, lutte contre les inondationsinondations, etc.