La notion de temps est difficile à définir, tant elle relève d’approches différentes. Le temps de l’histoire est celui qui intéresse plus particulièrement celui du géologue. La stratigraphie est le livre de l’Histoire de la Terre. Ce livre est lu depuis longtemps, chaque lecteur essayant d’en améliorer la compréhension générale.
En stratigraphie, seules sont gardées dans les terrains, et nous sont donc accessibles, des traces du temps et non le temps lui-même. Un phénomène même fugace, s'il est enregistré, nous parvient.
Un temps fugace mais enregistré
C'est ainsi, par exemple, que l'on trouve des traces de gouttes d'une pluie tombée il y a plus de 250 millions d'années (fig.5), événement d'une fugacité extrême, mais qui a néanmoins été enregistré dans des sédiments. Des instants qui traversent le temps. Le géologue travaille avec des objets exceptionnels !
Le début ou le bord d'une averse a imprimé quelques gouttes, et quelques gouttes seulement sinon les traces eussent été gommées. Puis un certain temps de calme permet à un voile bactérien de se développer et d'ainsi créer une sorte de vernis protecteur qui va mouler la surface précédemment imprimée, tout cela il y a plusieurs millions d'années.
Merveilleuse précision dans un monde d'incertitude
Autre témoin de phénomènes passés, un arbre fossile nous raconte avec ses cernes la succession des saisons sèches et humides qu'il a connues, il y a environ 50 millions d'années (fig. 6). Son tronc silicifié nous délivre quelque deux siècles de son époque. Mais quand cela se passait-il exactement ? L'erreur qu'entache sa datation ne nous permet pas de « caler » ces deux siècles. Phénomène fréquent en géologie, on obtient des informations très précises, mais sur des objets dont l'âge reste très imprécis. En fait, cet arbre nous offre des traces du temps mais non le temps lui-même. Peut-on espérer plus ?
