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Les copépodes sont répartis au sein de 210 familles environ. Dans la mer, ils sont présents à toutes les profondeurs. © Gemmell et al. 2012, Proceedings of the Royal Society B
Quelle stratégie choisir afin de se défaire d'un prédateur dans l'océan ? Il suffit de sortir de l'eau. Les poissons volants utilisent cette tactique, mais ils ne sont pas les seuls. Des chercheurs ont découvert qu'au moins deux espèces de copépodes étaient capables de faire des bonds hors de l'eau pour échapper à leur prédateur.
Les copépodes, ces petits crustacés qui font partie du plancton, ont conquis tous les milieux aquatiques et sont d'ailleurs les crustacés les plus abondants de la planète. On compte environ 14.000 espèces actuellement. Deux d'entre elles ont attiré l'attention d'une équipe de chercheurs américains.
Deux espèces de copépodes font des bonds pour fuir
Mesurant jusqu'à 3 millimètres, Anomalocera ornata et Labidocera aestiva sont considérés comme des copépodes de grandes tailles. Toutefois, il ne s'agit pas de la caractéristique la plus notable de ces deux espèces. Ces crustacés sont en effet capables de faire des bonds de plusieurs fois la taille de leur corps lorsqu'un prédateur s'approche dangereusement. Une technique de fuite imparable qui avait déjà été suspectée, mais jamais prouvée ni filmée.
Deux copépodes échappent à leur prédateur en effectuant un bond hors de l'eau. © Brad Gemmell
Chose remarquable, le saut ne semble pas nécessiter d'effort extraordinaire de la part du crustacé. Les deux copépodes, qui possèdent une anatomieanatomie différente, utilisent chacun un procédé qui leur est propre. Ainsi, pour s'extraire de l'eau, ils effectuent sensiblement le même mouvementmouvement que pour la nage : L. aestiva rabat brusquement ses pattes vers l'arrière tandis que A. ornata se sert de ses longues antennes.
Traverser la barrière eau-air est très coûteux en énergie
Ce passage d'un milieu à un autre est d'ailleurs l'étape la plus coûteuse en énergieénergie car elle nécessite 88 % de la totalité fournie par l'animal afin d'effectuer son saut. À titre de comparaison, les poissons volants ne dépensent que 0,1 % de cette énergie afin de sortir de l'eau. C'est à cause de la tension superficielle, négligeable pour un poisson mais considérable pour un organisme de petite taille.
Une fois dans l'airair, en revanche, il n'y a plus qu'à se laisser porter et certains bonds amènent les copépodes jusqu'à 17 cm pour les meilleurs, et à 8 cm en moyenne.
Le mouvement d'Anomalocera ornata pour effectuer son saut hors de l'eau. Dans un premier temps, le copépode déploie ses antennes (1), puis les rabat (2) ce qui le propulse hors de l'eau (3). La propulsion doit être suffisante pour contrebalancer la tension superficielle, dont l'effet est très important à cette échelle. © Gemmell et al. 2012, Proceedings of the Royal Society B
Cette distance est plus grande que la capacité de vision des mulets, les prédateurs utilisés au cours des expériences réalisées par les chercheurs et décrites dans Proceedings of the Royal Society B. Si bien qu'une fois le saut effectué, la proie est à priori hors de danger. Sur les 89 copépodes testés, un seul a été attrapé par son prédateur.
Une chance pour ces animaux qui partaient pourtant avec un handicap. Les pontellidés, la famille à laquelle appartiennent les deux espèces en question, vivent très proches de la surface de l'eau. Probablement afin de se protéger des rayons du soleilsoleil, ils sont légèrement plus colorés que les autres copépodes, ce qui les expose davantage, en plus de leur grande taille, à la vue des prédateurs. C'est très certainement cette pressionpression qui a permis de sélectionner les caractéristiques anatomiques permettant ces sauts. Reste maintenant aux chercheurs à déterminer quelles sont exactement ces caractéristiques.