Pour la première fois, le génome complet du tigre de Sibérie, le plus grand des félins, a été séquencé. Ce cousin proche de nos chats domestiques a ainsi livré quelques secrets sur son évolution, mais aussi sur l’acquisition de certaines caractéristiques spécifiques aux léopards des neiges ou aux lions blancs. 

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    Il existe neuf sous-espèces de tigres Panthera tigris. Trois d'entre elles se sont éteintes ces dernières décennies : le tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata), le tigre de Java (Panthera tigris sondaica) et le tigre de Bali (Panthera tigris balica). © ianduffy, Flickr, cc by nc 2.0

    Il existe neuf sous-espèces de tigres Panthera tigris. Trois d'entre elles se sont éteintes ces dernières décennies : le tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata), le tigre de Java (Panthera tigris sondaica) et le tigre de Bali (Panthera tigris balica). © ianduffy, Flickr, cc by nc 2.0

    En 2007, le chat domestique (Felis silvestris catus) est devenu, après l'Homme, le chimpanzé, la souris, le chien, le rat et la vache, le septième mammifère dont le génome a été complètement séquencé. Ainsi, son patrimoine génétiquegénétique renferme très précisément 20.285 gènesgènes, dont 96 % sont également présents chez le plus grand des félins, le tigre de Sibérie (Panthera tigrisPanthera tigris altaica). Nous le savons grâce à la récente présentation, dans la revue Nature Communications, du séquençageséquençage complet de l'ADNADN de cet animal menacé, puisqu'il ne subsisterait que 3.050 à 3.950 individus sauvages dans le monde.

    Les analyses n'ont pas uniquement été réalisées sur l'ADN de Taegeuk, un pensionnaire du zoo sud-coréen du complexe d'Everland, alors âgé de neuf ans. En effet, dans le cadre du projet mené par Jong Bhak du Personal Genomics Institute (Corée du Sud), les généticiensgénéticiens ont aussi étudié le matériel génétiquematériel génétique du lion (Panthera leoPanthera leo) et de l'once (Panthera unciaPanthera uncia), ainsi que d'un tigre du Bengaletigre du Bengale blanc et d'un lion également blanc. Grâce aux informations récoltées, ils ont pu réaliser des comparaisons afin de mieux comprendre l'émergenceémergence de certains caractères propres aux représentants du genre Panthera.

    Les tigres de Sibérie adultes mesurent 1 à 1,2 m au garrot. Leurs griffes atteignent environ 10 cm de long. © Bastien Mejane, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les tigres de Sibérie adultes mesurent 1 à 1,2 m au garrot. Leurs griffes atteignent environ 10 cm de long. © Bastien Mejane, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Mutation génétique qui explique le pelage blanc de certains tigres et lions

    Ainsi, des mutations survenues dans 1.376 gènes seraient impliquées dans l'acquisition du régime carnivore strict des grands félins. Pour cette information, l'Homme, le chienchien et la souris ont servi de points de comparaison. Par ailleurs, la puissance musculaire des Panthera se serait rapidement accrue au cours de l'évolution, grâce à des modifications génétiques ayant affecté entre autres les filaments d'actineactine (des éléments du cytosquelettecytosquelette).

    Plus spécifiquement, le léopard des neiges (autre nom de l'once) devrait son adaptation aux hautes altitudes et au froid à une mutation survenue au sein du gène Egln1. Dans la protéineprotéine codée par cette séquence de nucléotidesnucléotides, une méthionineméthionine a été remplacée par une lysinelysine en 39e position. Finalement, la substitution d'une guanineguanine par une adénineadénine en position 260 dans le gène de la tyrosinase (Tyr) expliquerait le pelage blanc de certains tigres et lions.

    La connaissance du génome de ces espècesespèces présente également un intérêt majeur dans le cadre de programmes de conservation, notamment pour ceux ayant trait aux tigres de Sibérie. En connaissant le génome des géniteurs maintenus en captivité, il deviendrait possible de mieux les choisir en vue des reproductions, de manière à conserver une grande diversité génétique au sein de l'espèce, et d'ainsi limiter l'un des principaux facteurs d'échec dans les programmes de réintroduction. Pour rappel, une population marquée par une faible diversité génétique est plus sensible aux changements qui surviennent dans son environnement. Dans ce contexte, le génome de Taegeuk pourrait servir de point de référence.