Les crocodiles sont parmi les animaux vivants aux mâchoires les plus puissantes. Cette force de morsure peut atteindre 16.000 newtons pour le crocodile marin. Une caractéristique qui serait fortement liée à la taille du corps, mais très peu à la forme du rostre ou celle des dents.

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    C'est le crocodile marin le plus fort ! Au moins pour la force de morsure. Grâce à de nouvelles analyses, dont les résultats sont publiés dans Plos One, des chercheurs américains et australiens ont montré que ces animaux faisaient partie des plus puissants de notre époque. 

    La palme du crocodilien le plus puissant revient à Crocodylus porosusCrocodylus porosus, qui vit en Asie du Sud-Est et en Australie, plus particulièrement le long des côtes car il tolère très bien l'eau salée. Sa force de morsure peut atteindre 16.414 N (valeur maximale observée) au niveau des molairesmolaires, soit une pressionpression de 1.200 N/mm² environ. À titre de comparaison, de récentes modélisationsmodélisations ont montré que la force du Tyrannosaurus rex était comprise entre 20.000 et 57.000 N.

    Les 23 espèces de crocodiliens vivants analysées

    Les 23 espèces vivantes de crocodiles, alligators, caïmanscaïmans et gavials ont été passées au crible par les scientifiques. Les données sur la force de la mâchoire et la pression dentaire au niveau des molaires et des canines ont été répertoriées. Calculée en newtonsnewtons (N), la force de morsure peut être évaluée en laboratoire en présentant au cobaye une proie fictive composée de capteurscapteurs. La pression quant à elle, donne une indication de la force par unité de surface, et dépend donc de la zone de la dent en contact avec la proie lors de la morsure.

    Crâne d'un alligator d'Amérique. Les deux dents au niveau desquelles les tests de pression ont été effectués sont mises en exergue. © Erickson <em>et al. </em>2012, <em>Plos Biology</em>

    Crâne d'un alligator d'Amérique. Les deux dents au niveau desquelles les tests de pression ont été effectués sont mises en exergue. © Erickson et al. 2012, Plos Biology

    Mais les scientifiques cherchaient surtout à déterminer chez ces animaux les caractéristiques physiquesphysiques corrélées à la puissance des mâchoires et à la pression des dents. Jusqu'à présent, il était admis que la forme du rostre - largeur en plusieurs points, longueur - était fortement liée à ces paramètres. Mais les récentes analyses montrent que ce n'est pas aussi simple que cela.

    La force de morsure liée à la taille du corps

    La caractéristique la mieux corrélée est la taille du corps de l'animal. Ainsi, des espèces dont le rostre est très différent, comme le crocodile de Johnstoncrocodile de Johnston (Crocodylus johnsoni) qui en possède un très fin et le caïman à museau largecaïman à museau large (Caiman latirostis), sont capables d'exercer une pression similaire au niveau des dents.

    Selon les auteurs de l'étude, la force de la mâchoire est une caractéristique qui permet également de reconstruire l'histoire évolutive de ces reptilesreptiles. Ils auraient d'abord acquis une force exceptionnelle dans leur mâchoire, puis la taille du corps se serait sensiblement adaptée pour accéder à des proies variées. Enfin, la position et la forme des dents auraient également subi des modifications, menant là encore à une diversification du régime alimentaire.