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Lorsque plusieurs milliers de personnes chantent et sautent à l'unisson, des vibrationsvibrations apparaissent sur les relevés des sismographes. Le phénomène est connu des spécialistes de l'étude des mouvementsmouvements telluriques. C'est pourquoi l'annonce du SIMMSA (Institut d'analyse sismique et d'étude géologique mexicain) de l'enregistrement d'un « séisme artificiel » ce 17 juin 2018, causé par des supporters enthousiastes (voir ci-dessous), pouvait sembler plausible. Mais selon les experts du Service de sismologie national mexicain (SSN), l'interprétation des mesures est incorrecte, comme nous le signale Mathieu Perton, du département de sismologie de l'Unam (Universidad Nacional Autónoma de México)).
Pour mieux comprendre leur point de vue, précisons que les capteurscapteurs enregistrent à longueur de journée -- un peu moins de nuit -- un bruit résultant des activités humaines. Sur les relevés des capteurs situés à proximité de Mexico, ce bruit a diminué au moment du match opposant le pays à l'Allemagne. Comme si les habitants de la ville avaient alors retenu leur souffle.
Sur cet enregistrement du Service de sismologie national du Mexique, les heures de début et de fin du match Mexique-Allemagne sont indiquées par les lignes verte et rouge. Le but marqué à 10 h 35 est figuré en mauve (¡GOL!) et les séismes naturels enregistrés en jaune. © Service de sismologie national du Mexique
Des séismes dus à l’activité sismique naturelle
Au moment du but inscrit par Hirving Lozano, en effet, des vibrations pouvant être attribuées à la liesse populaire ont été enregistrées. Mais elles sont sans rapport avec le signal déclenché par un véritable séisme, très différent. « Oui, il existe des mouvements de foules qui peuvent être détectés par des sismomètres, et c'est le cas à Barcelone, mais leur signature sismique n'est pas une secousse brève, comme celle des séismes d'origine naturelle, et ne correspond donc pas aux signaux montrés dans le blogblog. C'est plutôt une vibration incohérente et qui dure plus de temps (30 secondes environ), comme cela pourrait être le cas pour quelques signaux montrés dans le rapport du SSN » commente Mathieu Perton.
Les experts du SSN concluent qu'il y a bien eu deux tremblements de terre, de magnitudemagnitude 2,6 et 2,7 enregistrés à Mexico le 17 juin 2018, respectivement à 10 heures 24 et 12 heures 01. Mais ils n'ont aucun lien avec la Coupe du monde de football 2018. Ils sont simplement dus à l'activité sismique typique du bassin du Mexique. Une activité faible et de faible ampleur, mais de plusieurs séismes par an tout de même.
La Coupe du monde 2018 provoque un microséisme au Mexique
Hier, le Mexique a créé la sensation de ce début de Coupe du monde en défaisant l'Allemagne, championne du monde en titre. Et en marquant le but victorieux de son équipe, Hirving Lozano a littéralement fait vibrer son pays...
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 18/06/2018
Il y a quelques jours, Maradona regrettait que l'organisation de la Coupe du monde 2026 ait été attribuée au Mexique -- ainsi qu'aux États-Unis et au Canada --, craignant, entre autres, un manque de ferveur. Hier, à l'occasion de leur entrée en lice dans la Coupe du monde 2018, les Mexicains l'ont fait mentir. Leur enthousiasme a déclenché dans leur pays... un microséisme.
Il était environ 11 heures 35, heure locale, hier, lorsqu'au moins deux capteurs du réseau d'analyse sismique et d'étude géologique mexicain, le Simmsa, ont enregistré un microséisme immédiatement qualifié, par tweet, d'origine artificielle. Car l'évènement est sans rapport avec l'activité sismique de la Terre.
Un microséisme pour un but marqué ! Mais pas de panique, même une victoire en Coupe du monde ne devrait pas suffire à provoquer au Mexique, un séisme majeur. (Image d'illustration.) © vchalup, Fotolia
Un phénomène pas si rare
11 heures 35. L'instant précis où, à plusieurs milliers de kilomètres de là, Hirving Lozano ouvrait le score pour son équipe à la 55e minute du match qui l'opposait à l'Allemagne, tenante du titre. Et il n'en a pas fallu plus au Simmsa pour attribuer le phénomène aux sauts de joie des milliers de Mexicains rassemblés au cœur de leur capitale pour suivre la rencontre.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le phénomène n'est pas aussi rare que cela. Il aurait déjà été observé autour du Camp Nou -- le stade de foot de Barcelone -- après certains buts marqués par Lionel Messi, notamment. Ou encore après la victoire de Clermont en Top 14 -- on parle de rugby, cette fois --, en 2017. Les sismologuessismologues appellent « bruit sismique » l'ensemble des signaux recueillis par leurs capteurs et qui ne sont pas d'origine géologique. Il y a un peu de tout, de l'effet des vents aux chutes d'arbresarbres en passant par les trains et, donc, les manifestations sportives.