En Californie comme au Mexique, la population vit sous la menace des séismes. Impossible d’empêcher de telles catastrophes naturelles de se produire, mais réduire leurs impacts, c’est dans les cordes de QuakeAlert, une application pour smartphone. Elle octroie aux utilisateurs quelques secondes salvatrices avant que le sol ne tremble.

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    Le 5 avril dernier, à 12h29 heure locale, un tremblement de terretremblement de terre d'une magnitudemagnitude de 5,3 a secoué la Californie, sans faire de victimes ni causer de dégâts importants. Ce ne sera peut-être pas le cas du prochain séisme...

    Anticiper les séismes dévastateurs, c'est la mission que s'est donnée l'entreprise californienne Early Warning Labs. En partenariat avec des universités américaines et l'USGS, l'Institut d'études géologiques des États-Unis, elle développe une applicationapplication pour smartphone capable d'alerter les utilisateurs avant l'arrivée des secousses.

    Les bénéficiaires de cette application gratuite, appelée QuakeAlert, rapportent sur TwitterTwitter avoir reçu une notification jusqu'à 30 secondes avant de ressentir les secousses du séisme du 5 avril. QuakeAlert leur indique non seulement le moment où les secousses se feront ressentir, mais aussi la magnitude du séisme, l'intensité des secousses, la distance séparant l'utilisateur de l'épicentreépicentre ; le tout accompagné de conseils pour se mettre en sécurité.

    Juste après le séisme, une utilisatrice de QuakeAlert a partagé une capture d’écran de son smartphone sur Twitter. L'application lui fournit diverses informations sur le séisme : la magnitude, l'épicentre, la puissance des secousses, etc. © Twitter

    Juste après le séisme, une utilisatrice de QuakeAlert a partagé une capture d’écran de son smartphone sur Twitter. L'application lui fournit diverses informations sur le séisme : la magnitude, l'épicentre, la puissance des secousses, etc. © Twitter

    Ces précieuses secondes offertes par l'application, aussi modestes soient-elles, peuvent sauver des vies en donnant aux citoyens le temps de s'abriter ou d'arrêter leur véhicule, en particulier s'ils s'apprêtent à traverser un pont ou à entrer dans un tunnel. Elles peuvent également permettre aux pompiers d'ouvrir les portesportes des casernes pour éviter que les camions ne restent pas bloqués à l'intérieur en cas de dégâts.

    Si les prouesses de QuakeAlert suscitent beaucoup d'espoir pour la préventionprévention des séismes, l'application en est encore à sa version bêta : seule une poignée de testeurs y a accès. Mais à l'avenir, elle pourrait alerter tous les citoyens concernés par la menace sismique, ainsi que les services d'urgence et les infrastructures publiques ou privées, tels les industries, les centrales nucléairescentrales nucléaires, les fournisseurs de gaz naturelgaz naturel, les compagnies de transport, etc.

    L’épicentre du séisme du 5 avril 2018 se trouvait à 65 km au large de Santa Barbara et à 139 km de Los Angeles. © U.S Geological Survey (USGS)

    L’épicentre du séisme du 5 avril 2018 se trouvait à 65 km au large de Santa Barbara et à 139 km de Los Angeles. © U.S Geological Survey (USGS)

    Le saviez-vous ?

    La Californie attend le prochain Big One, ce tremblement de terre cataclysmique qui ravage la région tous les 150 ans environ.

    Un système d’alerte sismique précoce

    QuakeAlert se base sur un réseau de capteurscapteurs sismiques opérés par l'USGS qui détectent les ondes P, ou ondes primaires. Celles-ci se propagent rapidement mais sont peu dangereuses : elles sont à l'origine du grondement entendu avant le tremblement de terre. L'application envoie alors une alerte avant l'arrivée des ondes S, ou ondes secondaires, plus lentes mais plus puissantes et responsables des dégâts. Les capteurs sont également capables de localiser l'épicentre et d'évaluer la magnitude du tremblement de terre.

    L'application QuakeAlert s'inscrit dans la continuité des systèmes d'alerte sismique précoce, qui ont déjà montré leur efficacité auparavant et sont implémentés au Japon et au Mexique, des pays fréquemment touchés par ces désastres. Ainsi, au Mexique, un système appelé Sasmex, en opération depuis 1993, fonctionne sur le même principe : détecter les ondes P et envoyer des alertes avant l'arrivée des ondes S.

    Le 19 septembre 2017, le Mexique a été frappé par un séisme destructeur de magnitude 7,1. © ProtoplasmaKid, Wikimedia Commons

    Le 19 septembre 2017, le Mexique a été frappé par un séisme destructeur de magnitude 7,1. © ProtoplasmaKid, Wikimedia Commons

    Le système Sasmex traque les séismes au large du Mexique grâce à un réseau de 97 stations positionnées autour de la zone de subductionzone de subduction, et de sismographes installés sur terre près des villes très peuplées. Il communique les données qu'il enregistre avec le réseau satellitaire, Internet et la radio. En cas de danger, les citoyens des villes couvertes par le système, dont Mexico, sont alertés par des sirènes, la radio ou la télévision.

    Entre 1993 et 2017, Sasmex a enregistré 6.896 tremblements de terre et a lancé 158 alertes précoces. Le 8 septembre dernier, il a offert plus d'une minute de battement aux habitants de Mexico avant le terrible séisme de magnitude 8,2 et seulement quelques secondes d'avance pour le séisme du 19 septembre, car l'épicentre était plus proche de la ville.

    Depuis, Mexico a lancé une application pour smartphone, encore en développement, qui pourrait un jour être incluse au système Sasmex. Mais le gouvernement craint que le réseau téléphonique actuel n'occasionne des délais qui annuleraient le principe même d'alerte précoce.

    Voir aussi

    Un smartphone peut prédire un tremblement de terre

    QuakeAlert n'est donc pas unique en son genre. D'autres applications de ce type sont d'ailleurs en développement. En Europe, le réseau CSEM (Centre sismologique euro-méditerranéen) centralise les informations sur les évènements sismiques et chacun peut participer à la surveillance grâce à l'application LastQuake. MyShake, elle, repose sur un principe différent : elle détecte les secousses sismiques sur une dizaine de kilomètres à la ronde grâce à l'accéléromètre très sensible des smartphones.