L’Espagne a connu un boom de la natalité entre février et mars 2010. Neuf mois plus tôt, le FC Barcelone venait de remporter tous les titres de football, dont la prestigieuse Ligue des champions. Drôle de coïncidence…

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    « Goooaaaal ! » L'année 2009 fut celle de tous les succès pour l'équipe de football du FC Barcelone. Ligue des champions, Coupe du roi, championnat espagnol, aucune compétition ne leur a résisté. Pas même la... démographie ! Car selon des chercheurs hispaniques, ce succès catalan a coïncidé avec un pic des naissances relevé neuf mois plus tard.

    Le 6 mai 2009, demi-finale de la Ligue des champions. Deux des plus grandes équipes européennes s'affrontent. Le mythique Barca est opposée aux Anglais de Chelsea. Le match est quasiment terminé quand le Catalan Andrés Iniesta, d'une frappe dans la lucarne depuis les 18 mètres réduit à néant les espoirs britanniques. C'est la fête en Espagne. Barcelone file tout droit en finale où ils retrouvent d'autres représentants de la perfide Albion, les diables rouges de Manchester United. Bis repetita, les Barcelonais sortent de nouveaux vainqueurs (2-0) et rapportent la coupe aux grandes oreilles dans leur péninsulepéninsule. Voici pour ce qui s'est passé sur le terrain.


    Le but d'Andrés Iniesta dans les toutes dernières minutes de la demi-finale retour de la Ligue des champions a mis en joie les commentateurs espagnols puisqu'il qualifie le FC Barcelone pour la grande finale. Les joueurs Britanniques sont abattus. © Chronofoot, Dailymotion

    La génération Iniesta est née…

    En dehors, il semblerait bien que cette victoire soit à l'origine de la motivation pour une autre forme de jeu. Neuf mois plus tard en effet, les radios catalanes se sont fait l'écho d'une hausse significative (+ 45 %) du nombre de naissances. Selon les médias locaux, pas de mystères, l'euphorie a poussé les Barcelonais à fêter le triomphe de leur équipe comme il se doit. Un baby boom dont les fruits furent rapidement surnommés la « génération Iniesta ».

    Pour en avoir le cœur net et vérifier les chiffres avancés, des statisticiens ibériques se sont penchés sur les registres des naissances de deux centres catalans entre 2007 et 2011. Résultat, ils ont bien constaté une hausse des nouveau-nés entre février et mars 2010... mais seulement de 16 % (et non 45 % comme initialement annoncé). Pour les auteurs de cette publication dans les éditions de Noël du BMJ, le terme « génération Iniesta » semble quelque peu exagéré.

    Cela ne signifie pas pour autant que le phénomène n'existe pas. En 1965, le black-out de New York avait plongé la ville dans l'obscurité. Et ce qui devait arriver, arriva. Neuf mois plus tard, le nombre de naissances a bondi de 30 %. À croire que l'euphorie (dans le cas espagnol) ou l'ennui (pour ce qui est des États-Unis) exacerbent les sens.

    … Mais où est la génération Zidane ?

    « Notre découverte suggère que les émotions humaines à grande échelle interférent sur la démographie, expliquent très sérieusement les statisticiens. Cependant, il faut toujours rester prudent dans l'interprétation des résultats d'une étude observationnelle. »

    Extrapolons un peu et intéressons-nous à l'Hexagone. Si les dires de nos chercheurs sont avérés, il est tout à fait possible qu'un boom démographique ait eu lieu en avril 1999, soit neuf mois après la victoire française en Coupe du monde. Et le désormais célèbre « Et 1, et 2 et 3 - 0 » du 12 juillet 1998. Pourtant, selon les chiffres de l'Insee, le nombre de naissances d'avril 1999 est resté dans la moyenne des mois précédents et suivants. Alors soit les Français ont moins le sang chaud que leurs cousins hispaniques... soit ils aiment moins le football.