En étudiant une période où la Terre a subi un réchauffement climatique ressemblant à celui que nous vivons, des chercheurs ont trouvé dans les sédiments marins des preuves de l'action d'une sorte de thermostat naturel lié au cycle du carbone qui a contribué à refroidir la Terre. Après un certain temps, cependant.

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    Depuis que le réchauffement climatique est devenu vraiment préoccupant, climatologuesclimatologues et chercheurs en géosciences s'intéressent de plus prés au maximum thermique du Paléocène-Eocène (Paleocene-Eocene Thermal Maximum, ou PETM en anglais). Il est survenu il y a 56 millions d'années et a été causé par la plus rapide et la plus importante perturbation climatique du Cénozoïque. Il y avait peut-être là un moyen de mieux comprendre ce qui risquait de se passer avec notre Planète.

    En effet, les premières études concernant le PETM ont montré que les températures mondiales auraient alors augmenté d'environ 6 °C en seulement 20.000 ans. Cette augmentation s'est accompagnée d'une hausse correspondante du niveau des mers, en même temps que l'ensemble des océans se réchauffait. Le Groenland méritait bien son nom de pays verdoyant à cette époque qui voyait de plus, l'apparition des premières baleines, des premiers chevaux et des premiers primates. Une quantité de carbonecarbone à peu près aussi importante que celle contenue dans les gisementsgisements actuels de charboncharbon, de pétrolepétrole et de gaz naturelgaz naturel aurait alors été injectée dans l'atmosphèreatmosphère à ce moment-là. Certes, le réchauffement s'est produit en un temps beaucoup plus long que ce que nous prédisent certaines simulations du Giec mais il y a peut-être quelques enseignements à gagner de l'étude de ce phénomène.

    Ainsi, en 2012, dans le cadre du Integrated Ocean Drilling Program, destiné à faire des forages océaniques profonds avec le navire JOIDES Resolution équipé de laboratoires pour faire une première analyse in situ des carottescarottes de sédimentssédiments ramenées en surface, des recherches ont été conduites non loin de la zone où le Titanic a coulé en avril 1912.


    La bande-annonce d'un documentaire consacré à une expédition au large de Terre-Neuve destinée à mieux comprendre le PETM. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © OceanLeadership

    Un thermostat carbone naturel pour le climat

    Des forages ont ainsi été effectués sur les rides de TerreTerre-Neuve qui sont recouvertes par d'importants dépôts de sédiments qui se sont déposés sous le Deep Western Boundary Current pendant le PETM. L'un des objectifs était d'obtenir une excellente résolutionrésolution temporelle concernant la mise en place des dépôts. Aujourd'hui un groupe de chercheurs vient de publier un article dans Nature Geoscience qui rend compte d'un des résultats obtenus.

    Il est apparu que juste après le PETM, on constate la formation d'une couche de carbonate dans les sédiments. Ces carbonates n'étaient pas présents avant. Pour interpréter ce fait, il faut admettre qu'un processus de régulation du climatclimat s'est enclenché qui a conduit à un puits de carbone. Le gaz carboniquegaz carbonique dont la concentration avait brutalement augmenté dans l'atmosphère, causant l'acidification des océans, a finalement été piégé sous la forme de ces carbonates, ramenant progressivement le climat à des températures plus clémentes.

    Ce n'est pas vraiment une surprise car le phénomène était théorisé depuis longtemps par le géochimiste de l'université de Yale, Robert Berner (1935-2015). En effet, une atmosphère plus chaude et plus riche en CO2 conduit à une érosion des roches plus importantes, en particulier des silicatessilicates de calciumcalcium et de magnésiummagnésium. Le processus absorbe du gaz carbonique atmosphérique et le cycle de l'eau va entraîner les ionsions calcium et magnésium dans l'océan où ils pourront réagir pour former finalement des carbonates stockant sous forme solidesolide le carbone atmosphérique. Plusieurs paramètres vont entrer en jeu pour décider de l'importance de cette séquestration mais elle peut être suffisamment grande pour jouer le rôle d'un thermostatthermostat avec le climat.

    Il semble que c'est bien ce qui s'est produit avec le PETM. Mais le processus a pris beaucoup de temps, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il nous sauve du réchauffement climatique au cours de ce siècle car il faudrait pour cela plusieurs dizaines de milliers d'années au minimum.