Alors que les canicules se font plus précoces et plus intenses dans le monde, il est urgent de trouver des solutions écologiques pour abaisser la température de nos logements et de nos villes. En 2020, la peinture la plus blanche du monde avait fait l'actualité en raison de sa capacité à faire baisser la température des infrastructures. Recouvrir toutes nos villes de cette peinture blanche pourrait-il stopper l'emballement du réchauffement climatique ?


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    L'un des gros problèmes des aires urbanisées n'est autre que leur couleurcouleur : nos villes sont majoritairement grises et noires, une hérésie en période de réchauffement climatique. Il est donc nécessaire de repenser la couleur de nos routes et bâtiments. Le noir et le gris foncé du bétonbéton absorbent la chaleurchaleur, ce qui lui permet de s'accumuler, tandis que les couleurs claires, comme le blanc, réfléchissent la lumièrelumière.  

    Une peinture révolutionnaire qui peut baisser la température d'une pièce de 8 °C

    La peinture la plus blanche du monde a été créée par Xiulin Ruan, un professeur de l'université Purdue aux États-Unis, dans le but de rafraîchir les bâtiments sans utiliser de climatisationclimatisation. La dernière version de cette peinture réfléchit 98 % des rayons du soleil, permettant de faire baisser la température d'une pièce de 7 à 8 °C. En recouvrant les bâtiments de cette peinture ultra-blanche (inscrite depuis 2021 au Livre Guinness des Records), le besoin de climatisation diminue de 40 %. Les surfaces recouvertes de cette peinture magique restent froides au toucher, même si elles sont en plein soleilsoleil toute la journée. À plus large échelle, ce type de peinture pourrait être appliqué, non seulement sur toutes les infrastructures, mais aussi sur les voituresvoitures, camions, fuséesfusées et tout engin dégageant de la chaleur. La peinture n'est pas encore commercialisée à ce jour, mais cela devrait être le cas d'ici un an maximum.

    Si son effet est certain sur la température de nos intérieurs, le procédé pourrait-il carrément permettre de stopper le réchauffement climatique s'il était généralisé dans le monde entier ? C'est à cette question qu'a voulu répondre le journal New York Times dans son enquête.  

    Recouvrir 1 % de la Terre de peinture blanche aurait déjà un effet phénoménal

    Selon Jeremy Munday, un professeur de l'université de Californie, l'utilisation généralisée de ce type de peinture aurait un effet absolument phénoménal sur le réchauffement climatique, sans même avoir besoin de repeindre l'intégralité des villes de la Terre : d'après ses calculs, il suffirait que 1 à 2 % de la Terre soit recouvert de cette peinture ultra-blanche pour que la Planète arrête d'absorber plus de chaleur qu'elle en émet. En d'autres termes, cela représente une surface terrestre d'à peu près la moitié de la taille de l'Europe, des États-Unis ou du Sahara. En Californie, certaines villes ont déjà commencé à repeindre leurs routes et bâtiments en blanc depuis quelques années.

    Produire en masse cette peinture revient à polluer davantage et à détruire la biodiversité

    L'idée paraît révolutionnaire, et si simple (quoique coûteuse), mais un problème majeur se pose : celui de la biodiversité, et pour plusieurs raisons. Le recouvrement d'une région entière de cette peinture réfléchissante perturberait la vie animale et végétale, et serait suivi de la mort de nombreuses espèces : les plantes et les insectes en premier lieu, qui sont à la base de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. D'autant plus que le refroidissement massif de cette région donnerait lieu à un nouveau climatclimat sur cette zone, qui aurait ensuite des conséquences sur le fonctionnement des grands flux dans l'atmosphèreatmosphère.   

    L'idéal reste donc de recouvrir uniquement les villes les plus surchauffées avec cette peinture, celles qui sont concernées par le phénomène d'îlot de chaleur urbain : avec en priorité, les toitstoits. Sauf que pour produire cette peinture, les chimistes utilisent du sulfate de baryumbaryum, ou baryte. Un matériaumatériau déjà utilisé de nos jours pour des médicaments ou la radiologieradiologie, et son extraction des terres fait polémique : des zones naturelles sont dévastées pour obtenir ce type de minéralminéral, et l'immense besoin que ferait naître la généralisation de la peinture blanche réfléchissante anéantirait de nombreuses espèces. L'exploitation minière nécessaire pour extraire cette poudre blanche des sols est également source de pollution au CO2, le principal gaz à effet de serregaz à effet de serre qui contribue à réchauffer la Planète. Au final, l'utilisation de la peinture ultra-blanche reste intéressante pour les villes qui souffrent le plus du réchauffement, mais il ne s'agit pas d'une solution complète. Comme le précise le professeur Munday, « cela peut être une solution à court terme » pour refroidir des zones dans l'urgence, mais « ce n'est pas du tout une solution à long terme » au problème global du réchauffement climatique.