« La consommation de viande est l'une des causes des violents incendies qui touchent la Planète actuellement ». Avec ce tweet posté le 25 juillet dernier, la députée écologiste Sandrine Rousseau a provoqué un véritable buzz dans le monde des réseaux sociaux. Mais au-delà des convictions et des goûts de chacun, il existe une réalité écologique, avec de multiples facettes à prendre en compte : la consommation de viande a un impact négatif sur l'environnement, selon la façon dont elle est produite, transportée, stockée et cuisinée.


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    Au Canada, aux États-Unis, en Grèce ou encore en Algérie, les incendies destructeurs ont marqué l'actualité de cet été 2023. Toutes les simulations sur le climat futur sont d'accord : si les émissionsémissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines persistent au même rythme, le réchauffement climatique va continuer à s'accélérer, et avec, la sécheresse de certaines régions du monde, et forcément, les incendies qui vont avec. Les commentaires des deux bords qui s'affrontent sont souvent violents, alors qu'en est-il réellement ?

    Selon une étude de l'université d'Oxford publiée dans la revue Nature Food, les émissions de gaz à effet de serre d'un vegan sont par exemple 75 % moins élevées que celui d'un gros consommateur de viande (plus de 100 grammes par jour).

    Ce qu'on choisit de manger a un impact sur l'environnement

    Le réchauffement climatique a évidemment des causes multiples, parmi lesquelles, notre alimentation. 22 à 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre proviennent de la nourriture, selon les données de l'organisme mondial Our World in Data, derrière le secteur du bâtiment, et celui des transports.

    La viande et les produits laitiers restent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre liés à la nourriture, et cela, même s'ils sont produits à 2 kilomètres de chez nous. Ce qu'on choisit de manger a bien plus d'impact que la provenance géographique, contrairement à ce que beaucoup croient. 29 types d'aliments concentrent la majorité des gaz à effet de serre : bœuf, agneau, fromage, lait, chocolat et café occupent les premières places du podium des aliments émetteurs de gaz à effet de serre.

    Au niveau écologique, c'est la façon dont est produite la viande qui a le plus d'impact

    Pour la viande, les émissions de gaz à effet de serre proviennent de la transformation des terres nécessaires pour élever les animaux, de la ferme en elle-même (déjections, énergieénergie et carburants nécessaires), de la nourriture nécessaire pour l'élevage, de la transformation des animaux en aliments, du transport, de l'énergie nécessaire pour la conservation et congélation des aliments, des emballages des aliments, mais aussi de la façon dont nous cuisinons nos aliments.

    Il est nécessaire de réduire notre consommation de viande, mais avant tout, d'un certain type de viande : la viande provenant d'élevages industriels qui ne respectent pas la nature. Car il serait injuste, et totalement faux au niveau écologique, de jeter la pierre à tous les éleveurs et à tous les consommateurs. La réalité est en fait plus nuancée. Les conséquences environnementales varient en fonction du type de ferme : chaque ferme de production animale n'a pas le même impact. Rappelons que les données des grands organismes d'étude sur le climat et l'environnement sont une simple moyenne entre différents types d'élevages. L'impact sur l'environnement dépend avant tout de la manière dont notre nourriture a été produite, qu'il s'agisse de nourriture animale ou végétale. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est donc nécessaire d'être correctement informé sur la façon dont est produite notre nourriture, ce qui comprend son impact sur la transformation des terres.

    L'élevage bovin peut être un allié du climat, s'il est régénératif

    Dans les grands espaces, il a été prouvé que la biodiversitébiodiversité végétale était plus grande dans les zones fréquentées par le bétail en liberté qui bénéficie de rotations régulières de pâtures : en labourant le sol, et en rejetant certaines graines dans leurs excréments (qui ne germent qu'après avoir été digérées), les vachesvaches rendent la végétation plus riche, et c'est ainsi toute la chaîne alimentairechaîne alimentaire végétale-animale qui en bénéficie, permettant par la même occasion de séquestrer plus de dioxyde de carbonedioxyde de carbone dans le sol grâce aux plantes. Mais pas seulement, en débroussaillant, les vaches en liberté, ou semi-liberté, permettent de limiter les risques d'incendies. Bien utilisé, avec des connaissances sur le sol, la biodiversité et le climat, les bovins sont en fait des alliés du climat, et non des ennemis. C'est ce qu'on appelle l'élevage régénératif, qui fait partie des « solutions fondées sur la nature ». Une solution, qui au final, pourrait enfin mettre tout le monde (ou presque) d'accord.

    Pour espérer faire une réelle différence en matièrematière d'environnement, « manger moins de viande » sans plus de précisions sur le type de viande en question, ne répond qu'à une partie du problème lié à l'alimentation. Il faut privilégier des aliments produits par des fermes respectueuses des terres et du bien-être animal, ce qui implique une plus petite production et donc une consommation réduite. Il est ensuite nécessaire de contrôler toute la chaîne de production et de transformation derrière, sans oublier de cuisiner avec les énergies les moins néfastes pour la Planète. Le consommateur a donc un rôle à jouer, mais le gouvernement aussi, en aidant les éleveurs à mettre en place cette transformation en faveur du climat.