La France est exposée à un réchauffement de +4 °C d'ici la fin du siècle, si ce n'est plus, si rien n'est fait. Le ministère de la Transition écologique a dévoilé être en train de travailler sur un plan d'atténuation du réchauffement climatique et d'adaptation aux phénomènes météo extrêmes qui nous attendent dans le futur. Les mesures devraient être annoncées courant juin, mais que feraient les spécialistes du climat s'ils étaient au gouvernement ?


au sommaire


    Nous avons posé la question à trois références dans le secteur du climat, parmi lesquelles, un spécialiste de l'agriculture, une spécialiste des questions liées à l'eau et un spécialiste des phénomènes météométéo extrêmes. Alors, que faudrait-il vraiment faire pour affronter la hausse inquiétante des températures en France et ses conséquences ?

      Serge Zaka, agroclimatologue

      • Investir dans le développement de nouvelles filières de cultures adaptées aux gelées tardives, à la sécheresse et aux canicules : la pistache, le sorgho, le milletmillet, le mil, la cacahuètecacahuète et d'autres nouvelles cultures qui viennent d'Europe du Sud et d'Afrique. Il faut plusieurs milliards d'euros pour développer une filière, et il faut environ 15 ans pour la mettre en place. Il est urgent d'investir dès maintenant, car nous avons déjà 20 ans de retard.
      • Favoriser le stockage du carbonecarbone en France par la photosynthèsephotosynthèse, en continuant à développer la reforestation, et surtout l'agriculture de conservation des sols. Il faut aider les agriculteurs à faire cette transition, au niveau finance et formation. Cela comprend aussi le fait que les agriculteurs doivent être rémunérés à juste titre pour les services écosystémiques qu'ils rendent, comme l'entretien des haies et le stockage du carbone.
      • Limiter la consommation hors saisonsaison et la consommation de viande hors production française. Il faudrait obliger les consommateurs à manger moins de viande, mais à consommer de la viande française de qualité. Les traités internationaux qui permettent d'acheter de la viande pas chère, qui provient de l'étranger, doivent changer. Le rôle d'un ministre est aussi de vérifier que ces produits qui viennent de l'étranger soient respectueux de l'environnement, car le climat est une seule enveloppe.
      Selon l'agroclimatologue Serge Zaka, il faut investir dans le développement de cultures adaptées à la sécheresse, comme le sorgho. © Schwoaze, Pixabay
      Selon l'agroclimatologue Serge Zaka, il faut investir dans le développement de cultures adaptées à la sécheresse, comme le sorgho. © Schwoaze, Pixabay

      Emma Haziza, hydrologue

      • Préfinancer les mesures de transformation des bâtiments pour s'adapter aux extrêmes climatiques : concrètement, il faut que les particuliers et les professionnels puissent aller chercher en magasin sans payer tout ce dont ils ont besoin pour s'adapter au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Il y a déjà beaucoup de choses finançables, mais le processus est lent et complexe, et les populations les plus pauvres ne sont pas forcément au courant.
      • Permettre la récupération d'eau grâce à des innovations simples qui ont fait leurs preuves : l'humidification des fondations des bâtiments, en collectant l'eau de pluie, permet par exemple de limiter les problèmes de fissures liés à la sécheresse. Les programmes de recherche ont montré que c'était efficace, il faut maintenant adapter la recherche à la réalité en accompagnant les familles et entreprises. Si on ne travaille pas sur ce problème très vite, le risque est de ne plus avoir aucune assurance qui accepte de couvrir les dommages sur les bâtiments liés à la sécheresse.
      • Créer des villes éponges, un domaine dans lequel la France est très en retard. Il faut dé-imperméabiliser nos villes au plus vite en finançant ces travaux. On ne devrait pas autoriser un seul bâtiment qui n'intègre pas les risques de sécheresse, canicule, et inondationinondation. Cela devrait être obligatoire. Tout ce qui permet de faire des économies d'eau, c'est autant d'eau qui ne sera pas prélevée dans les nappes phréatiquesnappes phréatiques.
      Selon l'hydrologue Emma Haziza, la France doit développer le concept de « ville éponge », comme ici à Wuhan en Chine, avec cette voie végétalisée. © Painjet, Wikipédia
      Selon l'hydrologue Emma Haziza, la France doit développer le concept de « ville éponge », comme ici à Wuhan en Chine, avec cette voie végétalisée. © Painjet, Wikipédia

      Davide Faranda, climatologue à l'IPSL

      • Une installation massive de l'énergieénergie solaire et de l'éolien pour éviter de produire encore plus d'émissionsémissions de CO2, car la réduction des émissions reste la voix principale.
      • Une obligation de récupérer les eaux uséeseaux usées en limitant les fuites, mais aussi des limitations de l'utilisation pour des usages de luxe : il faut rationaliser l'usage de l'eau au maximum.
      • Renaturer la France autant que possible : les espaces naturels doivent être privilégiés par rapport au bétonbéton. La végétalisation des villes est en effet l'une des meilleures options pour atténuer les effets du réchauffement climatique dans les aires urbaines.
      Selon le climatologue Davide Faranda, la priorité est l'installation massive d'infrastructures liées aux énergies renouvelables, comme les panneaux solaires. © schropferoval, Pixabay
      Selon le climatologue Davide Faranda, la priorité est l'installation massive d'infrastructures liées aux énergies renouvelables, comme les panneaux solaires. © schropferoval, Pixabay