La nature est pleine de ressources. Elle a par exemple imaginé des bactéries capables de fixer l’uranium radioactif présent dans les sols. Une aubaine pour nous, les Hommes. D’autant que des chercheurs viennent d’en élucider le mécanisme. De quoi aider à concevoir de nouveaux systèmes de traitement des pollutions radioactives.


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    Les bactériesbactéries du genre Geobacter sont de drôles de petits organismes. Elles tirent leur énergieénergie de la réduction de métauxmétaux présents dans leur environnement et semblent résister à la toxicitétoxicité des sols dans lesquels elles évoluent. Une particularité intéressante pour ceux qui voudraient, par exemple, nettoyer des déchets d'uranium radioactif. Mais avant de pouvoir espérer mettre en œuvre une telle applicationapplication, encore faut-il comprendre comment ces bactéries fonctionnent. C'est justement ce que viennent de faire des chercheurs de l’université de l’État du Michigan (MSU, États-Unis).

    Rappelons que l'uraniumuranium, après enrichissement, est hautement radioactif. Il est aussi soluble dans l’eau, ce qui lui permet de se disperser rapidement dans l'environnement. Lorsqu'il pénètre une cellule, il la tue. Mais les Geobacters semblent avoir trouvé la parade.

    « Ces bactéries sont de minuscules micro-organismesmicro-organismes qui peuvent jouer un rôle majeur dans le nettoyage des sites pollués dans le monde », déclarait Gemma Reguera, microbiologiste, dans un communiqué de la MSU il y a dix ans déjà. Son équipe avait alors identifié des filaments de protéinesprotéines - ressemblant à s'y méprendre à des cheveux - présents sur les Geobacters comme des boucliers particulièrement efficaces. Des boucliers également capables d'attirer et de se lier à l'uranium pour devenir des catalyseurscatalyseurs de sa réduction. Une manière d'immobiliser l'uranium sous une forme minérale et d'empêcher sa diffusiondiffusion dans le milieu.

    Sur cette image, des Geobacters en forme de bâtonnets et les vésicules qui leur servent à emprisonner l’uranium – les petites taches lumineuses que l’on voit sur l’image. © Morgen Clark, Université de l’État du Michigan
    Sur cette image, des Geobacters en forme de bâtonnets et les vésicules qui leur servent à emprisonner l’uranium – les petites taches lumineuses que l’on voit sur l’image. © Morgen Clark, Université de l’État du Michigan

    Au-delà des déchets nucléaires, la pollution aux métaux

    Mais le processus semblait ne compter que pour 75 % de la capacité de dépollution des Geobacters. Alors les microbiologistes ont continué de chercher. Notamment du côté de la cellule dénuée de filaments. Et ils viennent de découvrir ce qui vient compléter l'action de la bactérie : des moléculesmolécules appelées lipopolysaccharideslipopolysaccharides qui recouvrent sa surface et absorbent l'uranium... comme une éponge !

    Au fur et à mesure que les Geobacters absorbent l'uranium, elles l'enferment dans des vésicules, des bulles constituées de lipopolysaccharides. Les bactéries libèrent ensuite ces vésicules et reconstituent leur revêtement de lipopolysaccharides pour continuer à absorber de l'uranium.

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    L'idée des chercheurs, c'est maintenant de comprendre comment augmenter la production de ces vésicules - comme ils l'avaient déjà fait avec les filaments découverts il y a 10 ans - afin de doper les capacités de bioremédiation de ces bactéries. Afin de trouver une nouvelle façon de combattre la pollution radioactive. Ils espèrent également que le processus fonctionnera sur d'autres métaux toxiques ou pour la récupération et le recyclage des métaux rares que l'on trouve dans les déchets électroniques de plus en plus nombreux.