Il existerait un biais dans notre manière de protéger les poissons des récifs coralliens : une étude vient de montrer que ce sont les poissons les plus beaux qui sont aussi les moins en danger d'extinction.


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    Une étude publiée dans la revue Plos vient de démontrer un lien plus ou moins inattendu entre l'esthétique des poissons qui peuplent les récifs coralliens, et leur danger d'extinction : les poissons jugés beaux seraient les moins en danger, tandis que ceux jugés moches apparaissent davantage dans la liste des espèces en danger d'extinction. Un résultat finalement pas si surprenant, car notre rapport à la biodiversité passe beaucoup par l'esthétique qu'on lui confère, par notre perception.

    Les auteurs le concluent ainsi : il existe des « décalages probablement importants entre le soutien public potentiel à la conservation et les espèces qui en ont le plus besoin ». Pour obtenir ces résultats, l'équipe, dirigée par des chercheurs de l'Université de Montpellier, ont tout d'abord demandé l'avis de 13.000 personnes pour évaluer l'attrait esthétique de 481 espèces de poissons vivant dans des récifs. Ils ont ensuite intégré ces résultats à un algorithme de deep learningdeep learning, ou apprentissage automatique, qui a généré ensuite des prédictions de valeur esthétique pour 4.400 photographiesphotographies supplémentaires, comprenant 2.417 espèces différentes. 

    Image du site Futura Sciences

    L'arbre phylogénétique des 2.417 poissons ciblés par les scientifiques. Les valeurs esthétiques sont cartographiées sur l'ensemble de la phylogénie avec un dégradé de couleurs. À titre d'illustration, les chercheurs ont mis en évidence 20 familles aux valeurs esthétiques contrastées à l'aide d'arcs gris et montrent des exemples de poissons pour chaque famille. © Langlois, Mouquet et al., Plos

    Ce sont les poissons colorés qui gagnent au change

    Les résultats sont là : les poissons les plus colorés, brillants, et avec des corps ronds, sont jugés plus beaux, sont aussi ceux qui apparaissent le moins sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN).

    Les chercheurs ont aussi évalué le « lien entre la valeur esthétique des poissons et l'histoire évolutive » et expliquent alors que « les plus beaux poissons sont étroitement entassés dans de petites parties de l'arbre phylogénétiquearbre phylogénétique et de l'espace des traits écologiques. En revanche, les poissons les moins attrayants sont les espèces distinctes les plus écologiques et évolutives et celles reconnues comme menacées. »