Le Congrès mondial de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) se tient tous les quatre ans. Cette édition a pris des allures de répétition générale, avec en ligne de mire, la COP26 de Glasgow, en Écosse, en novembre 2021, pour le réchauffement climatique et, en 2022, la COP15 de Kunming, en Chine, pour la biodiversité. La Liste rouge de l'UICN comprend désormais 138.374 espèces dont 38.543 sont menacées d'extinction.


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    L'UICNUICN a publié samedi 4 septembre, à l'occasion de son congrès mondial à Marseille sa très attendue « Liste rouge des espèces menacées », baromètrebaromètre de la destruction de notre environnement, qui sera pour la première fois accompagnée d'une « Liste verte », recensant les succès en matièrematière de conservation. Depuis 1964, les experts de l'Union Internationale de Conservation de la Nature publient ce recensement, classant espèce par espèce, sur une échelle de neuf catégories (de celles qui ne suscitent pas d'inquiétude à un définitif « éteinte ») des dizaines de milliers d'animaux, plantes et organismes vivants.

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    Les experts de l'organisation ont, au fil des ans, évalué et réévalué près de 135.000 espèces, dont près de 28 % sont aujourd'hui considérées comme menacées. « Les tendances montrent que nous sommes de 100 à 1.000 fois au-dessus des taux normaux d'extinction (...). Si l'augmentation se poursuivait à ce rythme, nous serons bientôt confrontés à une crise majeure », explique à l'AFP Craig Hilton-Taylor, patron du département qui gère la Liste rouge à l'UICN.

    Si l'augmentation se poursuivait à ce rythme, nous serons bientôt confrontés à une crise majeure

    La dévastation de la nature par l'Homme, qui réduit drastiquement les habitats de la faune sauvage, ainsi que la surexploitation de certaines espèces, la chasse, la pêche et les trafics ont mis à mal le vivant. Mais, scientifiques et experts de la faune et de la flore s'inquiètent de plus en plus des effets du réchauffement climatique.

    Raie rubanée, tachetée de bleu, de moindre préoccupation. © Simone Caprodossi, UICN
    Raie rubanée, tachetée de bleu, de moindre préoccupation. © Simone Caprodossi, UICN

    Des changements de catégorie ont déjà été expliqués en partie par la crise du climat, qui peut affecter directement les conditions de vie de certaines espèces, voire leur biologie même, par exemple les cycles de reproduction. Le passage d'une catégorie à l'autre peut avoir d'importantes conséquences pour une espèce, en termes d'incitation à durcir ou assouplir une législation, mais aussi de visibilité ou de financements.

    Une liste verte pour labelliser les succès de conservation

    Il y a beaucoup de lobbying autour des révisions de la liste, reconnaît d'ailleurs Craig Hilton-Taylor. Et plutôt dans le sens d'éviter à certaines espèces emblématiques le passage dans une catégorie moins menacée. « Il y a beaucoup d'inquiétudes car, si une espèce descend d'une catégorie, les investissements s'arrêteront. C'est là que le statut vert va aider », explique le responsable.

     Le Programme autochtone mondial pour la gouvernance des terres, des territoires, des eaux, des mers côtières et des ressources naturelles autochtones a été construit avec l'appui des peuples autochtones, membres de l'UICN. © Ak’ Tenamit, UICN
     Le Programme autochtone mondial pour la gouvernance des terres, des territoires, des eaux, des mers côtières et des ressources naturelles autochtones a été construit avec l'appui des peuples autochtones, membres de l'UICN. © Ak’ Tenamit, UICN

    Ce statut vert, ou liste verte, sur lequel l'UICN travaille depuis presque une dizaine d'années, va être attribué officiellement pour la première fois lors du congrès de Marseille. Il vise à labelliser les succès des programmes de conservation d'espèce menés dans des aires protégées notamment. Il prend en compte des critères de gouvernance et de planification et bien sûr, les résultats obtenus.

    L'objectif, selon le patron de la « Liste rouge », c'est de pouvoir « mesurer que [les] efforts sont couronnés de succès » : Si nous n'avions rien fait, où en serait cette espèce ? Et si nous arrêtions tous nos efforts maintenant, que se passerait-il pour elle ? ».

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    La liste rouge de l'UICN

    Voici les chiffres mondiaux pour la Liste rouge de l'UICN 2021-2 des espèces menacées :

    Total des espèces menacées = 138.374
    (Total des espèces menacées = 38.543)
    Éteinte = 902
    Éteinte à l'état sauvage = 80
    En danger critique d'extinction = 8.404
    En danger = 14.647
    Vulnérable = 15.492
    Quasi menacée = 8.127
    Risque faible/dépendant de la conservation = 170 (une ancienne catégorie retirée de la Liste rouge de l'UICN)
    Préoccupation mineure = 71.148
    Données insuffisantes = 19.404

    Les catégories de menaces de la Liste rouge de l'UICN sont les suivantes, par ordre décroissant de menace :

    • Éteint ou éteint à l'état sauvage.
    • En danger critique d'extinction, en danger et vulnérable : espèces menacées d'extinction mondiale.
    • Quasi menacée : espèces proches des seuils menacés ou qui seraient menacées sans mesures de conservation en cours.
    • Préoccupation mineure : espèce évaluée avec un risque d'extinction plus faible.
    • Données insuffisantes : aucune évaluation en raison de données insuffisantes.
    • En danger critique d'extinction (possiblement éteinte) ou en danger critique d'extinction (possiblement éteinte à l'état sauvage) : ce ne sont pas des catégories de la Liste rouge de l'UICN, mais des étiquettes développées pour identifier les espèces en danger critique d'extinction qui sont, selon toute probabilité, déjà éteintes mais pour lesquelles une confirmation est nécessaire.