Le killi turquoise a une capacité étonnante digne de la science-fiction. Il est capable, à un stade embryonnaire, de suspendre son développement face à une pression environnementale trop forte. Il peut rester ainsi plusieurs mois avant de poursuivre son développement, comme si de rien n'était. 


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    En novembre 2019, un humain a été placé pour la première fois dans un état de « vie suspendue » lors d'une opération. Si elle est inédite pour l'Homme, il existe plusieurs processus qui permettent aux animaux de mettre leur vie entre parenthèses, comme l’hibernation où une hypothermie progressive ralentit le rythme du métabolismemétabolisme.

    Un poisson, le killi turquoise (Nothobranchius furzeri) utilise une autre technique appelée diapause. À l'état d'embryonembryon, il peut interrompre son développement pendant une duréedurée dépassant celle de son espérance de vieespérance de vie (trois à six mois seulement). Une faculté génétiquegénétique, encore mal connue, qui ravive les rêves d'immortalité des humains.

    Voir aussi

    Un patient placé pour la première fois en état de « vie suspendue »

    Le killi turquoise (<em>Nothobranchius furzeri</em>) peut, à l'état embryonnaire, arrêter son développement grâce à la diapause. © Public Domain
    Le killi turquoise (Nothobranchius furzeri) peut, à l'état embryonnaire, arrêter son développement grâce à la diapause. © Public Domain

    Le killi turquoise peut suspendre sa vie pendant plusieurs mois

    Le mécanisme génétique de la diapause chez le killi turquoise est détaillé dans une publication parue dans la revue Science. La diapause lui permet de survivre à une pressionpression environnementale importante. En effet, il vit dans des lacs situés en zone semi-aride qui peuvent s'évaporer en saison sèche. Comme un mécanisme de survie, la diapause gèle le développement de l'embryon qui reprendra lorsque les conditions seront à nouveau optimales. Il peut rester dans cet état plusieurs mois, voire plusieurs années. Selon les auteurs, cette pause forcée n'a aucune conséquence sur la suite du développement du poisson, ni sur sa fertilité ou son espérance de vie.

    Lors de la diapause, les scientifiques ont observé qu'une famille de gènesgènes était particulièrement active : le complexe Polycomb. Ces protéinesprotéines peuvent ajouter trois groupes méthyles sur l'histonehistone 3 des nucléosomesnucléosomes. Cette modification épigénétique agit comme un signal pour les protéines du complexe Polycomb qui empêche l'expression de certains gènes homéotiquesgènes homéotiques. De plus, une protéine, CBX7, appartenant aussi au complexe Polycomb, réprime les gènes métaboliques et musculaires. Elle est aussi responsable du maintien de la diapause dans le temps.

    Même si la diapause est un état de « vie embryonnaire suspendue », elle ne signifie pas que l'organisme est inactif. Son maintien nécessite une régulation dynamique des gènes du métabolisme et du développement. Les gènes du complexe Polycomb sont conservés dans de nombreux organismes multicellulaires. Identifiés d'abord chez la drosophile, ils sont aussi présents chez l'Homme. Imaginer un mécanisme similaire à la diapause applicable à l'Homme est tentant, mais restera probablement de la science-fiction.