Hurlant à la Lune, vivant aussi bien en meute qu'en solitaire, le coyote est un personnage central des mythes et légendes amérindiens. Rusé, fripon, il s'illustre aussi par son intelligence, comme lorsqu'il fait équipe avec un partenaire inattendu pour mener ses parties de chasse : le blaireau ! Retranscription d'un épisode du podcast family-friendly Bêtes de Science, il s'adresse aux petits comme aux grands. Que vous souhaitiez lire l’histoire ou l’écouter, découvrez l’épisode ci-dessous.


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    Découvrez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Bêtes de Science.

    Tu as peut-être déjà suivi les aventures de Bip-bip, l'oiseau-coureur et de son ennemi, Vil coyote, qui le poursuit sans répit pour le mettre dans son assiette. Ce dessin animé ne dresse pas un portrait très flatteur de notre prédateur malchanceux. C'est pourquoi je te propose que nous partions à sa rencontre pour réparer cette injustice.

    Le coyote, de son nom latin Canis latransCanis latrans, est un membre de la famille des canidés, c'est pourquoi il ressemble au loup, au renard et au chacal africain, ses cousins. Très adaptable, le coyote se fond dans le paysage : la couleurcouleur de son pelage varie en fonction de son habitat, passant du gris clair au beige ou au brun-roux. Mais si tu ouvres l'œilœil, tu devrais le voir filer d'un pas léger, plus petit qu'un loup, avec son mètre cinquante de longueur et ses 12 à 15 kilos. Si tu as un peu de chance, tu tomberas peut-être même sur une tanière entourée de bébés coyotes qui jouent, avec leur tête toute ronde et leur pelage tout duveteux. Ce serait tentant d'en ramener un chez soi, surtout quand on sait que le coyote ne vit que 7 à 8 ans dans la nature contre le double en captivité. Mais, en fait, il vaut mieux les laisser vivre libres dans leur habitat naturel, même si c'est pour un peu moins longtemps. 

    Extrêmement adaptable, notre coyote vit dans tous les milieux, des montagnes glacées de l'Alaska au Nord-Ouest, aux grandes plaines arides d'herbes sèches du Far-West en passant par les déserts et les zones tropicales de la Floride. Aujourd'hui, il s'approche de plus en plus des villes, où nos déchets lui servent de festin. Car le coyote est opportuniste, comme le corbeau calédonien ! Si tu te souviens bien, cela veut dire qu'il mange un peu de tout, en fonction de ce qu'il trouve. Il chasse principalement des petits mammifères, comme des écureuilsécureuils terrestres ou des lièvres, ou des plus gros comme des cerfs. Il raffole aussi de carcasses d'animaux morts, un menu carnivorecarnivore, qu'il complète souvent par des végétaux et des fruits.

    Alors que la réputation de son cousin, le loup grisloup gris, continue de s'améliorer avec le temps, le coyote lui n'est pas vraiment bien vu. Comme il a compris que les animaux de ferme sont faciles à attraper, il a tendance à faire des dégâts et les fermiers américains doivent redoubler d'ingéniosité pour le maintenir à distance. Heureusement, grâce aux travaux des scientifiques, les éleveurs apprennent petit à petit que chasser les coyotes n'est pas une bonne solution pour protéger leurs troupeaux, et ils se tournent progressivement vers des méthodes de dissuasion moins agressives. Même si le coyote continue d'être abattu à de nombreux endroits, il n'est pas menacé, mais nous avons encore beaucoup de travail pour améliorer notre relation avec lui. Mais alors, si on le dit rusé comme le renard, qu'est-ce qui rend le coyote si intelligent ?

    Le comportement du coyote

    Chez les peuples amérindiens, le coyote est un personnage incontournable des mythes et légendes. Avec le corbeau, on lui attribue souvent la création du monde et le vol du feufeu des dieux pour l'apporter aux êtres humains. Rien que ça ! Il est généralement un personnage ambigu, un farceur et un fripon, qui sans être bon, ni mauvais, joue des tours aux autres. Coyote est extrêmement malin, et peut se révéler puissant et redoutable ! Ces histoires ne sont d'ailleurs pas dénuées d'un fond de vérité, car dans la réalité, le coyote est connu pour son astuce. Même s'il est souvent décrit dans les histoires comme solitaire, il peut vivre seul ou à plusieurs selon les saisonssaisons et la quantité de proies disponibles sur son territoire. Mais ce qui est sûr, c'est que chez les coyotes, on est fidèles en amour. Les couples restent ensemble pendant toute la période de reproduction, et même bien au-delà. Le papa et la maman s'occupent tous les deux des petits pendant un an, avant qu'ils soient assez grands pour partir s'installer sur un autre territoire. Parfois, les jeunes aident à prendre soin de leurs petits frères et petites sœurs, nés après eux. Ils constituent alors une meute, comme chez les loups, où les parents sont les seuls à se reproduire et dominent le groupe. Cette hiérarchie est très importante car elle permet à chacun de savoir quel est son rôle : qui mène le groupe ou qui mange en premier par exemple. C'est d'autant plus utile quand les coyotes qui forment la meute viennent de familles différentes, ce qui arrive parfois quand ils se regroupent pour chasser de plus gros animaux. Enfin, contrairement au loup, le coyote mène bien souvent ses affaires en solitaire et s'en contente très bien. Mais on a découvert qu'il peut aussi parfois faire équipe avec un allié surprenant. Un animal court sur patte à l'airair un peu bougon, capable de creuser le sol à toute vitessevitesse : le blaireau ! Depuis la nuit des temps, les Indiens racontent les aventures de Coyote, qui chasse en compagnie de Blaireau. Les scientifiques, pour leur part, décrivent ce comportement pour la première fois à la fin du XIX e siècle, et si tu fais des recherches aujourd'hui tu trouveras même quelques vidéos de cette étonnante collaboration.

    Imagine...c'est l'été. Les spermophiles, ces petits écureuils terrestres qui vivent dans de longs tunnels souterrains sont entourés de dizaines de petits. Ils sont des milliers dans la grande prairie et profitent des doux rayons du soleilsoleil après plusieurs mois d'hibernation dans leurs galeries. Soudain, un blaireau américainblaireau américain, au dosdos large et aux griffes puissantes, approche de leurs terriers, et se met à creuser frénétiquement. Chez les rongeursrongeurs, c'est la panique ! Les parois s'effondrent, les écureuils courent d'une galerie à l'autre ou remontent à la surface. Et là, surprise ! Ils tombent sur un coyote, la gueule grande ouverte, qui guettait juste à côté de la sortie. Pendant la chasse, le coyote suit le blaireau à l'oreille, et il lui montre où se déplacer en tournant autour d'un site, ou en marchant devant lui. Parfois, il adopte même une posture très reconnaissable, pour inviter le blaireau à le suivre. Tu l'as peut-être déjà vue chez ton chienchien quand il veut jouer : les pattes avant étendues sur le sol et les fesses en l'air, prêt à bondir de joie. Aussi incroyable que cela puisse te sembler, le coyote et le blaireau communiquent par gestes et, ensemble, ils forment une super équipe !

    On pourrait penser que, comme dans les contes anciens, le coyote joue un mauvais tour au blaireau et lui pique sa part du butin, mais ce n'est pas le cas. Les blaireaux y gagnent aussi. Avec le coyote en surface, le blaireau passe plus de temps sous terreterre, sans doute à manger des écureuils, plutôt qu'à leur courir après. Et grâce à cette association, le coyote capture plus d'écureuils que s'il chassait tout seul. Même si le blaireau reste caché sous terre, et qu'il est difficile de savoir exactement combien de proies il attrape, on pense que les deux coéquipiers profitent vraiment du fait de chasser ensemble. On parle alors de mutualismemutualisme. C'est une relation entre deux espèces différentes qui s'apportent chacune des avantages. C'est le cas, par exemple, des poissonspoissons clowns - tu sais, les héros du film Le Monde de Némo - qui trouvent refuge dans les anémones de mer venimeusesvenimeuses et leur procurent de quoi manger en échange. Tout le monde y gagne. Plus surprenant encore, il arrive que le coyote et le blaireau passent du temps ensemble, côte à côte pour se reposer. Ils se touchent même parfois du bout du neznez. Même s'ils ne partagent jamais leurs proies ensemble, il arrive que le coyote invite le blaireau à jouer. Ils se séparent généralement quand le blaireau reste immobile sous terre trop longtemps, et que le coyote finit par se lasser. Chacun part alors de son côté. Cette association entre deux prédateurs est rare et curieuse par bien des aspects. D'ailleurs, on observe cette technique inhabituelle uniquement en été, quand les spermophiles sont si nombreux. L'occasion fait le larron ! Et il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir au sujet de cette alliance. Est-ce que le coyote et le blaireau s'unissent pour une seule chasse ou se retrouvent-ils régulièrement ? Est-ce que certains duos deviennent meilleurs à force de travailler ensemble ? Comment se donnent-ils rendez-vous ? Et est-ce que des amitiés se nouent au sein de ces duos ? Nous l'ignorons encore complètement ! Mais de nouvelles études qui utilisent des pièges vidéos, des caméras capables de détecter le mouvementmouvement des animaux pour les filmer dans leur habitat naturel sans les perturber, pourront peut-être permettre aux scientifiques de reconnaître les individus et de suivre ces étonnants rendez-vous de chasse !