Le lion des cavernes est une espèce aujourd'hui éteinte et dont l'écologie est donc difficile à estimer. L'analyse de momies de lionceaux datant d'il y a plus de 25.000 ans constitue donc une aubaine afin de comprendre comment vivaient ces félins dans le froid.
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Deux lionceaux des cavernes congelés ont été trouvés en 2017 et 2018 dans l'est de la Sibérie. Ils se trouvaient à proximité l'un de l'autre et leur âge estimé est d'un à deux mois, ce qui pourrait laisser croire que la femelle, nommée Sparta, est la sœur du mâle, nommé Boris. Or, une récente étude parue dans le journal Quaternary indique qu'il est impossible que les lionceaux aient appartenu à la même fratrie et encore moins qu'ils aient fait partie de la même portée. Des analyses au carbonecarbone 14 ont en effet permis de dater l'âge de Sparta il y a environ 28.000 ans et de Boris il y a environ 43.000 ans.
Un pelage pour se fondre dans la neige
Le pelage des deux lionceaux est majoritairement composé de teintes marron clair, grises et jaunes tirant sur le marron. Cependant, le pelage de Sparta présente des nuances de rouge et de marron ainsi qu'un caractère plus foncé que celui de Boris. Le pelage d'un troisième lionceau avait déjà été décrit comme ayant des nuances foncées et les chercheurs pensent que ce trait s'atténue au cours de la croissance. La clarté du pelage pourrait, selon les auteurs de l'étude, être une adaptation des lions des cavernes à la vie dans les plaines du nord qui étaient couvertes de neige pendant deux tiers de l'année.
Les chercheurs suggèrent que, d'après l'état de conservation des lionceaux, ceux-ci n'ont pas été tués par des prédateurs. Ils ont de plus été rapidement enfouis et n'ont pas été la proie de charognards. La cause de leur mort demeure donc un mystère, que de prochaines études tenteront peut-être de révéler.
Un lionceau des cavernes retrouvé en Sibérie
Deux ans après la découverte de deux lionceaux des cavernes en Yakoutie, un nouveau spécimen de cette espèce disparue il y a plus de 10.000 ans a été retrouvé. Il est « parfaitement conservé » ont déclaré les paléontologuespaléontologues qui n'excluent pas de pouvoir le cloner.
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman, paru le 14 novembre 2017
The Siberian Times a publié les premières photos d'un lionceau des cavernes retrouvé en septembre sur le rivage de la rivière Tirekhtykh en Yakoutie, par un habitant de la région. Issu du permafrost où il est resté à l'abri des regards, des intempéries et de la lumièrelumière durant plusieurs dizaines de millénaires, le jeune fauve de 45 cm de long surprend par son état de conservation. « C'est un lionceau parfaitement conservé, tous les membres ont survécu, a déclaré l'un des paléontologues qui ont pu l'examiner, Albert Protopopov. Il n'y a aucune trace de blessures externes sur la peau. »
Selon les chercheurs, l'animal avait entre un mois et demi et deux mois quand il a succombé. C'était il y a vraisemblablement entre 20.000 et 50.000 ans -- les analyses ultérieures de ses dents le diront. Ils ne connaissent pas pour l'instant les raisons de sa mort ni son sexe.
Cette découverte rappelle immédiatement celle de 2015, toujours dans la même région, de deux autres lionceaux des cavernes (Panthera leoPanthera leo spelaea)). Ils furent les premiers. Plus jeunes -- entre deux et trois semaines --, Uyan et Dina (voir leur présentation dans l'article plus bas), tels sont leurs noms, avaient défrayé la chronique. D'abord datés de 12.000 ans, les deux félins auraient plutôt péri entre 25.000 et 55.000 ans. Mais, avec le nouveau, pas encore nommé, « le degré de conservation est encore meilleur » a souligné Albert Protopopov qui avait pu mené les recherches sur les deux jeunes lions.
Présentation à la presse du lionceau des cavernes retrouvé en septembre dernier en Yakouthie. © The Siberian Times
Ramener à la vie le lion des cavernes
Les fossiles de cette espèce qui a vécu dans les steppes d'Europe et de Sibérie jusqu'à il y a environ 10.000 ans sont assez rares. La découverte de ces corps dans un excellent état de conservation va donc permettre aux chercheurs de faire un bond en avant dans la connaissance de ces animaux. Plus grand prédateur durant les deux dernières périodes glaciairespériodes glaciaires, le lion des cavernes effrayait autant qu'il fascinait nos ancêtres de la préhistoire qui devaient le croiser souvent, comme en témoignent les sculptures et aussi les peintures -- notamment celles de la grotte Chauvet -- qui ont été retrouvées.
En 2015, au vu de la qualité des échantillons, « des tissus mous bien conservés » les paléontologues estimaient qu'il serait possible de les cloner, promettant d'en dire plus sur leurs avancées deux à trois ans plus tard. Avec ce nouveau spécimen, la question est de nouveau posée, non sans faire polémique à l'instar des projets de clonageclonage envisagés de mammouths disparus et autres rhinocéros laineux. Faut-il ressusciter une espèce éteinte ?
De jeunes lions des cavernes momifiés dans le sol gelé de Russie
Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet publié le 29 octobre 2015
En Sibérie, des chercheurs ont exhumé du pergélisolpergélisol deux lionceaux des cavernes dans un état de conservation exceptionnel, avec leur pelage. C'est la première fois que l'on découvre en chair et en os ces félins qui n'étaient connus que par de rares fossiles et par les représentations dans les fresques de grottes comme celles de Lascaux ou de Chauvet-Pont d'Arc.
C'est dans le journal Siberian Times qu'est parue la nouvelle en attendant une publication dans une revue scientifique. Des chercheurs de l'académie des sciences de la république de Sakha (la Yakoutie, au nord-est de la Sibérie) y décrivent la découverte dans le sous-sol gelé (pergélisol, ou permafrost) de plusieurs animaux, dont un petit mammouth laineux baptisé Yuka.
Cette région fournit depuis plusieurs années des restes d'animaux très bien préservés et dont les âges se comptent en dizaines de milliers d'années. Deux bébés mammouthsmammouths, Liouba et Khroma, avaient gagné la célébrité en 2014. En septembre dernier, le même journal avait publié des images exceptionnelles d'un rhinocérosrhinocéros laineux, bébé et baptisé Sasha, daté de 34.000 ans. Cette fois, la trouvaille est unique en son genre : ce sont deux petits lionceaux des cavernes, Panthera spelaea.
Le lion des cavernes, un grand félin disparu
Ce grand félin peuplait les régions du nord de l'Europe et de l'Asie, au milieu des bisons, des rennesrennes et des mammouths ; des fossiles ont également été trouvés en Alaska. Cette espèce, dont les plus anciens fossiles datent de 300.000 ans (c'est le Pléistocène moyen) et qui a complètement disparu il y a plus de 10.000 ans, est très mal connue. Elle semble plus proche du lion que du tigretigre mais son lien de parenté avec les espèces actuelles est incompris et la possibilité d'en faire une sous-espècesous-espèce du lion, Panthera leo spelaea, est toujours discutée.
Les fossiles sont rares et, pour l'étudier, les paléontologues se tournent aussi... vers les premiers naturalistes, contemporains de ces animaux, qui ont dessiné la faunefaune de l'époque sur les parois des grottes.
Le lion des cavernes a inspiré l'art pariétal
Des représentations assez sommaires sont en effet présentes tout au fond de la grotte de Lascaux et d'autres, bien plus élaborées, font partie de superbes fresques dans celle de Chauvet-Pont d’Arc. En témoigne l'image montrée dans cet article, prise par le préhistorien Jean ClottesJean Clottes.
Sur ces dessins, le lion des cavernes apparaît avec des détails plus ou moins nets, comme, à Chauvet, une queue touffue, un pelage de couleurcouleur unie, sans rayures donc, évoquant le lion plus que le tigre, mais, semble-t-il, une crinière absente ou peu fournie chez les mâles.
Ces lionceaux ont des choses à raconter sur leur espèce
La datation de ces deux lionceaux de Yakoutie n'est pas précisée, les auteurs indiquant un âge minimal de 10.000 ans. Ces scientifiques ayant choisi de présenter leur trouvaille tout de suite dans un journal grand public, les précisions manquent et nous sont promises pour la fin de ce mois de novembre.
La qualité de la préservation des tissus permettra sûrement une analyse de l’ADN, à même de préciser la phylogéniephylogénie de l'espèce. Le contenu de l'estomacestomac pourra donner des informations sur la nourriture, surtout si ces jeunes étaient sevrés. Le pelage est très bien conservé et c'est la première fois qu'il est vu. Toutefois, ces deux petits étaient très jeunes et il n'est pas du tout certain que le pelage soit similaire à celui de l'adulte. Nous permettront-ils de mieux comprendre les raisons de l'extinction de cette espèce, attribuée à un réchauffement du climatclimat qui a raréfié les proies habituelles de ces félins, surtout des rennes semble-t-il ?