Les modélisations sur l'histoire du climat montrent une augmentation significative des ouragans dans l'Atlantique Nord au cours des 150 dernières années.


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    Connaître l'histoire du climat pourrait aider à prévoir son évolution au cours des prochaines décennies, selon une étude de la National Science Foundation (NSF) publiée dans la revue Nature Communications fin 2021. Afin d'obtenir des données plus fiables que les documents historiques rédigés par les humains depuis 1850, la fondation américaine a préféré utiliser des outils de modélisationmodélisation du climat. Jusqu'à maintenant, les données historiques témoignant des phénomènes météométéo extrêmes sur les côtes provenaient essentiellement des navires ou des habitants des îles touchées par ces catastrophes. Les plus vieilles données, rédigées par la main humaine, remontent jusqu'à 1851, et leur analyse montre une tendance à la hausse des ouragans majeurs et destructeurs.

    Le but de l'étude est de connaître avec précision l'histoire des phénomènes cycloniques (ouragans, typhons, cyclones) à travers le monde entier. Les résultats de ces modélisations correspondent finalement aux données des rapports historiques, qui étaient jusque-là vus comme « biaisés » par la mémoire humaine : en ce qui concerne l'océan Atlantique Nord, la fréquence des ouragans a largement augmenté au cours des 150 dernières années. Plus encore, les données montrent que les « ouragans majeurs », les plus destructeurs, sont également plus fréquents depuis 1850 que dans le passé. La NSF estime d'ailleurs que de nombreux ouragans n'apparaissent pas dans les données historiques rédigées par la main humaine : une partie d'entre eux n'aurait jamais été repérée, à l'époque, par les navires, et n'aurait pas touché terre. Sans être visibles par les navigateursnavigateurs et sans avoir fait de dégâts sur terre, beaucoup d'ouragans n'auraient jamais été détectés en mer, jusqu'à ces premières modélisations sur l'histoire du climat.  

       Les trajectoires des ouragans dans l'Atlantique de 1851 à 2019. © Wikimedia Commons, Nasa, NOAA 
       Les trajectoires des ouragans dans l'Atlantique de 1851 à 2019. © Wikimedia Commons, Nasa, NOAA 

    Une modélisation innovante du climat du passé

    Pour estimer le nombre d'ouragans dans le passé, les scientifiques ont utilisé la « technique de réduction d'échelle dynamique », développée par le MIT, l'Institut de technologie du Massachusetts : il s'agit d'une modélisation du climat à travers les différentes époques, dans laquelle on « plante » des « graines d'ouragans », afin de voir leur évolution en fonction des caractéristiques climatiques du passé. Certaines « graines » germent et fleurissent, alors que d'autres meurent rapidement, selon les mots des scientifiques du MIT : celles qui fleurissent donnent lieu à des ouragans, les autres disparaissent.

    Plus d'ouragans dans l'Atlantique, mais pas d'évolution ailleurs

    Alors qu'une augmentation très nette a été confirmée pour les ouragans de l'Atlantique Nord depuis 1850 (à la fois par les données écrites du passé et par les dernières modélisations du climat), en dehors d'une « pause » dans les années 1970 à 1980, la même tendance n'a pas été observée en ce qui concerne les phénomènes cycloniques du reste du monde. Dans les autres régions du monde, aucune variation notable de la fréquence de ces phénomènes n'a été relevée.

    L'augmentation du nombre d'ouragans s'est donc effectuée sur le long terme dans l'océan Atlantique Nord, alors que le nombre des typhons et cyclones des autres océans semble stable. La Fondation responsable de l'étude n'explique cependant pas encore toutes les raisons précises de ces variations, très régionales à l'échelle du globe. Le réchauffement climatiqueréchauffement climatique et ses impacts différents sur les régions et océans du monde font partie des pistes d'étude en cours.