Une étude publiée le 10 janvier rapporte l'impact dévastateur des feux sauvages sur la santé des Australiens. Ces derniers auraient été exposés à de fortes doses de particules fines lors de gigantesques incendies ayant dévasté une partie du pays entre octobre 2019 et février 2020. 


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    Deux ans après, les chercheurs ont pu établir l'impact sanitaire global des mégafeux ayant ravagé l'Australie entre octobre 2019 et février 2020. Une équipe de scientifiques dirigée par Ailish M. Graham, de l'université de Leeds, a ainsi modélisé et analysé le taux de particules fines dégagées lors de ces gigantesques incendies. La population locale aurait ainsi absorbé bien plus de particules fines que la moyenne tolérée et considérée comme sûre par l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). Selon un article publié le 10 janvier 2022 sur le site de l'Union américaine de géophysique, environ 30 % des décès dus aux mégafeux auraient été provoqués par l'inhalationinhalation de ces matièresmatières particulaires, nocives pour la santé.

    Près de 3 milliards d'animaux ont été tués ou ont migré durant les incendies du <em>Black Summer</em>. © Benny Marty, Adobe Stock
    Près de 3 milliards d'animaux ont été tués ou ont migré durant les incendies du Black Summer. © Benny Marty, Adobe Stock

    Une saison de feux dévastateurs

    Les Australiens ont rapidement qualifié la saison des feux 2019-2020 de Black Summer (été noir). Les incendies ravageaient 186.000 kilomètres carrés de terres, détruisant des écosystèmes et menaçant des espèces en voie d'extinction. Le bilan humain s'avère lourd : 33 morts, et 450 décès imputés à l'inhalation de fumée. Les mégafeux ont touché de nombreuses régions de l'Australie, notamment sur les littoraux ouest et nord du pays. Durant quatre mois, entre 750 et 830 millions de tonnes de CO2 ont ainsi été émises dans l'atmosphère, alors que l'Australie ne produit « que » 526 millions de tonnes annuellement. 

    L'étude explique ainsi que les particules fines (désignées PM2.5) se dégageant des mégafeux du Black Summer auraient représenté 70 % de l'ensemble des particules fines entre Brisbane et Melbourne, deux grandes villes australiennes distantes de plus de 1.700 kilomètres. Ces particules, d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètresmicromètres, s'avèrent dangereuses et proviennent de différentes sources, telles que les cigarettes ou les gazgaz d'échappement des véhicules, et peuvent provoquer des maladies cardiaques ou respiratoires. Les chercheurs imputent 171 décès à l'inhalation de particules fines dues aux incendies de 2019-2020 : 65 dénombrés à Sydney et 23 à Melbourne. 

    La conclusion des scientifiques sonne l'alerte. Ces situations risquent de s'accroître, alors que le réchauffement climatiqueréchauffement climatique provoque de grandes périodes de sécheressesécheresse en Australie. Le 13 janvier 2022, les météorologuesmétéorologues pointaient la vague de chaleur sans précédent impactant le pays, les températures atteignant alors 50,7 °C, un record depuis 1960.

    Le réchauffement climatique, l'une des sources du problème 

    La saison des feux (bushfire season) n'est pas un phénomène récent en Australie. Les départs de feux sont ainsi récurrents lorsque l'été débute, entre décembre et février. On comptabilise plusieurs incendies chaque année à cette période, recensés depuis le XVIIIe siècle, le climatclimat sec rendant la végétation facilement inflammable et propice à ce phénomène.

    Des chercheurs avaient mené une étude, publiée en mars 2020mars 2020 dans Nature, sur l'impact potentiel du réchauffement climatique concernant la survenue de mégafeux en Australie. Ainsi, le risque de feux extrêmes aurait quadruplé depuis 1979 et multiplié par 9 depuis 1900. Le dérèglement du climat entraîne une augmentation de 30 % d'un déclenchement de feux sauvages. Si l'Australie est l'un des principaux pays impactés, d'autres régions du monde sont sous la menace d'incendies à grande échelle. En 2020, l'Oregon et le nord de la Californie étaient ravagés par les flammes, tandis qu'en 2021, la Californie connaissait de nouveau une saison de feux sans précédent.

    Modélisation du satellite utilisé par la firme Fireball International pour détecter les incendies sauvages. © Space Machines
    Modélisation du satellite utilisé par la firme Fireball International pour détecter les incendies sauvages. © Space Machines

    Cependant, plusieurs solutions sont examinées pour lutter contre la propagation de ces mégafeux dévastateurs. Une entreprise australienne, Fireball International, devrait lancer dans le courant de l'année 2022 un satellite en communication permanente avec des relais terrestres. Il pourrait ainsi signaler aux autorités un possible incendie quelques secondes après un départ de feufeu. De nombreux universitaires et météorologues ont salué l'initiative, devant ce qui pourrait permettre d'éviter ces évènements dramatiques.