Le plastique que nous rejetons en masse dans les océans représente une menace de plus en plus critique pour une majorité d’espèces. Pourtant, certaines se sont adaptées pour profiter de cette pollution : ce sont les micro-organismes. Une nouvelle espèce de champignon consommant du polyéthylène a d’ailleurs été découverte au sein des déchets formant le vortex du Pacifique Nord.


au sommaire


    Et si les champignons et bactériesbactéries étaient nos meilleurs alliés pour dépolluer l'océan ? Voilà quelques années que les chercheurs commencent en effet à identifier des micro-organismes capables de consommer certains types de plastiques. La dernière découverte en date s'appelle Parengyodontium album. Il s'agit d'un champignon vivant dans le milieu océanique, comme beaucoup d'autres. Sauf que celui-ci semble avoir développé un goût prononcé pour... le polyéthylènepolyéthylène.

    Un champignon qui se « nourrit » en dégradant du plastique

    Ce champignon a en effet été retrouvé dans les déchets formant le vortexvortex du Pacifique Nord, aussi appelé le « continent de plastique ». Or, en y regardant de plus près, des scientifiques ont découvert que ce micro-organisme était là pour une bonne raison : il se nourrit en fragmentant le polyéthylène, qui représente la sorte de plastiqueplastique la plus abondante aujourd'hui dans les océans.

    Une particule de plastique, en rouge, attaquée par les filaments marins du champignon <em>Parengyodontium album.</em> © Annika Vaksmaa, NIOZ
    Une particule de plastique, en rouge, attaquée par les filaments marins du champignon Parengyodontium album. © Annika Vaksmaa, NIOZ

    En laboratoire, les chercheurs ont même pu quantifier ce processus de dégradation. Parengyodontium album serait ainsi capable de déconstruire les chaînes polymèrespolymères du polyéthylène et de les minéraliser sous forme de CO2 à une vitessevitesse de 0,05 % par jour. Un taux de minéralisation plutôt important compte tenu de la taille de ces micro-organismesmicro-organismes.

    La photodégradation par les UV nécessaire en amont du travail des champignons

    Cela signifie-t-il que nous serons rapidement débarrassés de ces massesmasses de déchets que nous rejetons quotidiennement dans les océans ? Pas vraiment. Premièrement parce que la quantité de déchet est bien trop énorme pour que ces minuscules champignons en arrivent à bout dans un temps raisonnable. Rien qu'à lui seul, le vortex du Pacifique Nord représente en effet 80 000 tonnes de plastiques. Et il y en a bien d'autres.

    Les courants océaniques dans le Pacifique concentrent les déchets plastiques en plusieurs vortex. © NOAA, Wikimedia Commons, domaine public
    Les courants océaniques dans le Pacifique concentrent les déchets plastiques en plusieurs vortex. © NOAA, Wikimedia Commons, domaine public

    Deuxièmement, parce que tous les plastiques ne sont pas concernés. Seulement le PE, et encore faut-il qu'il ait été exposé à une source UVUV, c'est-à-dire au soleilsoleil. Les résultats de l'étude publiée dans la revue Science of the Total Environment montrent en effet que les UV, en dégradant déjà partiellement le plastique, aident les champignons à terminer le travail et à métaboliser le carbone issu de la fragmentation. Seuls les plastiques flottant en surface sont donc concernés dans ce processus.

    Une formidable capacité d’adaptation

    Il n'est cependant pas exclu que d'autres espèces de champignons (on en connaît actuellement quatre) ou des bactéries (bien plus nombreuses) se chargent du reste du plastique, notamment celui ayant coulé au fond de l'océan. Ironiquement, avec la pollution plastique, les Hommes ont ouvert une nouvelle niche écologique, que se sont empressés de coloniser ces micro-organismes aux formidables capacités d'adaptation.