De l’eau s’écoule du réacteur 3 et, du bout des lèvres, l’opérateur de la centrale a admis que la cuve du réacteur 1 avait été percée par la fonte partielle des barres de combustibles nucléaires. De quoi inquiéter, alors qu’une brise de panique, parfois irrationnelle, souffle sur l’archipel nippon.

au sommaire


    Les réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiishi, ici photographiée fin mars, ont subi de gros dégâts lors des premières explosions qui ont suivi les inondations des installations après le tsunami du 11 mars 2011. On ne fait que commencer à les évaluer précisément. © Daveeza, Flickr, CC by-sa 2.0

    Les réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiishi, ici photographiée fin mars, ont subi de gros dégâts lors des premières explosions qui ont suivi les inondations des installations après le tsunami du 11 mars 2011. On ne fait que commencer à les évaluer précisément. © Daveeza, Flickr, CC by-sa 2.0

    Au Japon, Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, a expliqué hier que de nouvelles fuites d’eau radioactive des réacteurs numéro 2 et 3 de la centrale Daiishi s'échappent des écoulements qui atteignent actuellement la mer. Dans le réacteur 1, l'eau injectée dans la cuve pour en refroidir le combustiblecombustible s'est rapidement échappéeéchappée. C'est ce que révèlent les dernières mesures. La jauge à eau remise en marche par les équipes qui sont entrées dans le réacteur a permis de constater que le niveau d'eau est descendu sous les barres, qui ont donc été intégralement découvertes. Cette mise à l'airair était ce que l'on redoutait le plus et ce que s'efforçaient d'éviter les équipes au travail inondant généreusement les réacteurs pour les refroidir.

    Ainsi découvert, le combustible nucléaire qui les compose s'est mis à fondre. Junichi Matsumato, directeur de Tepco, se veut rassurant. Les barres se seraient simplement déformées, a-t-il expliqué dans un point de presse. La matièrematière radioactive se serait finalement retrouvée au fond de la cuve et la température s'élèverait actuellement à 120° C. Pourtant, Junichi Matsumato avoue aussi que le fond de la cuve était troué. Le scénario n'est pas loin du pire. À Three Mile Island, la cuve n'avait pas été percée...

    Le projet de bâtiment pour couvrir le réacteur numéro 1 de Fukushima-Daiishi. Les travaux de préparation ont commencé aujourd'hui pour aplanir le terrain alentour et permettre d'amener des engins de chantier de grandes tailles, ce qui réduira les temps d'exposition des ouvriers chargés du travail. © Tepco

    Le projet de bâtiment pour couvrir le réacteur numéro 1 de Fukushima-Daiishi. Les travaux de préparation ont commencé aujourd'hui pour aplanir le terrain alentour et permettre d'amener des engins de chantier de grandes tailles, ce qui réduira les temps d'exposition des ouvriers chargés du travail. © Tepco

    L'arrosage continue

    Les opérations de refroidissement se poursuivent toujours. Les équipes qui se relaient autour de la centrale injectent actuellement 7 tonnes d'eau par heure tout en essayant d'empêcher que ces inondations volontaires s'écoulent vers la mer, par exemple en injectant du bétonbéton comme cela a été fait avec succès dans l'une des fosses. Mais le combat est difficile et c'est là l'origine de la fuite au niveau du réacteur 3, provenant d'une des fosses voisines.

    Pendant ce temps, l'arrosage continue, et avec lui les rejets de nucléides à la mer, et les explorations des installations se poursuivent. On saura sans doute dans les prochains jours ce qu'il advient des autres réacteurs de la centrale, en espérant que la cuve percée du 1 restera unique en son genre. On peut consulter les communiqués de Tepco, en anglais (voir trois liens au bas de cet article).

    Quoi qu'il en soit, Tepco annonce le commencement des travaux de constructionconstruction d'un bâtiment enfermant le réacteur 1 pour éviter les émissionsémissions de nucléides dans l'environnement.

    Autour de la centrale, dans la zone évacuée, les habitants ont pu brièvement revenir chercher des effets personnels dans les maisons abandonnées, encadrés par la police et revêtus de combinaisons étanches. Les animaux d'élevage, laissés à leur sort, sont pour beaucoup morts de faim et les troupeaux restants devraient être abattus, a ordonné le gouvernement.

    Plus loin encore, la peur de la radioactivitéradioactivité fait ragerage et des familles évacuées ont été refusées dans des centres d'accueil. D'après la presse japonaise, des enfants venus des environs de la centrale subissent des brimades à l'école, leurs camarades les croyant radioactifs. La paranoïa n'affecte pas que le Japon puisque l'orchestre de Lyon a dû annuler sa tournée dans ce pays après la défection d'un trop grand nombre de musiciens de la formation.