Au Brésil, la situation se détériore. Les incendies n’en finissent plus de prendre de l’ampleur. Le Pantanal, un paradis de la biodiversité, est menacé. Révolté, Marcio Cabral, photographe du monde sauvage, témoigne pour Futura de son émotion de brésilien amoureux de son pays et de la planète. Une émotion intense qui ne lui fait pas perdre foi en la nature.


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    Jeudi 1er octobre 2020, l'Institut national de recherches spatiales (INPE) brésilien publiait les chiffres les plus récents sur les incendies qui ravagent le pays. Si l'Amazonie vient de vivre, sur ce plan-là, son pire mois de septembre depuis 2017, du côté du Pantanal, tous les records ont été battus. Sur le mois, les satellites de l'INPE ont comptabilisé 8.106 foyers. De loin le chiffre le pire depuis le début des enregistrements en 1998. En septembre 2019, « seulement » 2.887 foyers avaient été recensés dans la région.

    La région en question, le Pantanal, ce n'est ni plus ni moins que la plus grande zone humide de la planète. Une région à la biodiversité incroyablement riche. Qui abrite la plus grande concentration d'animaux sauvages d'Amérique du sud, des mammifères, des reptiles, plusieurs centaines d'espèces d'oiseaux et 2.000 espèces de plantes. Son influence s'étend sur les biomes du Cerrado, de l'Amazonie et de la forêt atlantique.

    Montrer les beautés de la nature pour sensibiliser les gens à la préservation de l’environnement, c’est la volonté de Marcio Cabral, photographe brésilien. Ici, le Pantanal dans toute sa splendeur. © Marcio Cabral, Tous droits réservés, Reproduction interdite
    Montrer les beautés de la nature pour sensibiliser les gens à la préservation de l’environnement, c’est la volonté de Marcio Cabral, photographe brésilien. Ici, le Pantanal dans toute sa splendeur. © Marcio Cabral, Tous droits réservés, Reproduction interdite

    « En tant que photographe, lorsque je regarde, impuissant, le Pantanal en train de brûler, ce que je ressens, c'est une profonde tristesse », commente pour Futura, Marcio Cabral. Depuis quelques mois, le photographe amoureux de nature sauvage et de son pays, le Brésil, offre aux lecteurs de Futura, des images merveilleuses avec l'espoir de nous sensibiliser à la fragilité du monde. Aujourd'hui, il devient pour nous, un témoin privilégié de ses souffrances.

    L'Ara bleu (<em>Anodorhynchus hyacinthinus</em>) est l’oiseau emblématique du Pantanal (Brésil). © Marcio Cabral, Tous droits réservés, Reproduction interdite
    L'Ara bleu (Anodorhynchus hyacinthinus) est l’oiseau emblématique du Pantanal (Brésil). © Marcio Cabral, Tous droits réservés, Reproduction interdite

    Les activités humaines responsables du drame du Pantanal

    Au banc des accusés, bien sûr, une chaleurchaleur et une sécheressesécheresse exceptionnelles. « Le climatclimat a beaucoup changé et cela peut être le reflet du réchauffement climatique. Une chaleur plus importante et une faible humidité ont contribué au nombre et à l'intensité de ces incendies », remarque Marcio CabralMarcio Cabral.

    « Cependant, n'oublions pas que ce biome a été touché par l'activité agricole. Moins de 5 % de sa superficie sont protégés. Et de nombreux incendies sont criminels - l'interdiction des brulis agricoles en juillet dernier ne semble pas empêcher la pratique sur des zones déboisées illégalement. Certains agriculteurs font l'objet d'une enquête. C'est révoltant. »

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    La boutique de Marcio Cabral au profit de la Fondation Nicolas Hulot

    La vie a repris ses droits dans les régions qui ont brûlé l’an dernier.

    Malgré tout, le photographe veut rester optimiste. « Environ 20 % des terresterres ont été brûlées, mais ce n'est pas irréversible, car le Pantanal et le Cerrado - une région de savane - ont une grande capacité de régénération, nous assure-t-il. Les forêts subtropicales, comme celles qui brûlent en Californie ou en Australie, ont besoin de plus de temps pour se relever ». Pour preuve, Marcio Cabral conclut en évoquant ces zones du Pantanal qui ont brûlé l'année dernière. « Ces endroits sont déjà verts et pleins de vie. »