Le génome des Hommes de Néandertal et de Denisova a été séquencé mais de nombreux gènes n'ont pas encore été analysés. Une nouvelle étude montre que les groupes sanguins donnent des indices sur l'origine géographique des espèces et sur leur fertilité.


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    Les Hommes de Néandertal et de Denisova sont deux espèces du genre Homo aujourd'hui éteintes et ayant vécu en Eurasie, depuis l'Europe de l'Ouest jusqu'à la Sibérie. L'ADNADN d'individus appartenant à ces deux espèces a déjà été séquencé et a notamment permis de préciser les relations phylogénétiquesphylogénétiques de ces espèces avec Homo sapiensHomo sapiens. Cependant, de nombreux gènesgènes n'ont pas encore fait l'objet d'études poussées, dont les gènes responsables du groupe sanguingroupe sanguin.

    Vue d'artiste d'un Homme de Néandertal et de sa fille. © Tom Björklund
    Vue d'artiste d'un Homme de Néandertal et de sa fille. © Tom Björklund

    Il existe plusieurs dizaines de systèmes de groupes sanguins qui se réfèrent à des antigènesantigènes particuliers (plus de trois cents sont identifiés chez l'Homme) qui se trouvent à la surface des globules rougesglobules rouges. Cependant, tous ne sont pas régulièrement utilisés. Les systèmes ABO et Rh (pour rhésus) sont parmi les plus souvent mentionnés dans la vie courante. Les groupes sanguins correspondants peuvent donc être A+, AB- ou O+ par exemple.

    D'autres systèmes tels que le Kell sont également importants à prendre en compte lors de transfusionstransfusions sanguines. De plus, chaque système de groupe sanguin est déterminé à partir d'allèlesallèles dont le gène est localisé sur un chromosomechromosome en particulier. En ce qui concerne le système ABO, le gène se trouve sur la paire de chromosomes humains numéro 9 alors que le système Rh s'appuie sur un gène situé sur la paire de chromosomes numéro 1.

    Exemples de systèmes de groupes sanguins. © Mitra et al, 2014
    Exemples de systèmes de groupes sanguins. © Mitra et al, 2014

    Une étude parue aujourd'hui dans Plos One s'est focalisée sur l'analyse des groupes sanguins d'un Dénisovien et de trois Néandertaliens datant d'une période située entre il y a 100.000 et 40.000 ans. Les auteurs se sont référés à sept systèmes de groupes sanguins couramment utilisés lors de transfusions sanguines.

    Origine géographique et déclin des populations

    Les auteurs de l'étude sont parvenus à établir plusieurs conclusions au terme des analyses des groupes sanguins. Ils ont tout d'abord démontré que NéandertalNéandertal avait la même diversité de groupes sanguins dans le système ABO que l'Homme moderne et non uniquement le groupe O, comme supposé jusqu'à présent (ce qui peut exister chez d'autres espèces car tous les chimpanzés sont du groupe A et les gorilles du groupe B).

    Les gorilles ont tous le groupe sanguin B. © Sarel Kromer CC
    Les gorilles ont tous le groupe sanguin B. © Sarel Kromer CC

    Les auteurs ont par ailleurs mis en évidence des allèles (différentes versions d'un gène) dont les associations sont cohérentes avec l'hypothèse selon laquelle Néandertal et Denisova auraient une origine africaine.

    Les associations sont cohérentes avec l'hypothèse selon laquelle Néandertal et Denisova auraient une origine africaine

    De plus, les groupes sanguins identifiés chez Néandertal ont un lien génétique avec ceux d'un aborigène australien et d'un indigène de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les auteurs interprètent ce résultat comme celui de la possibilité d'une hybridationhybridation entre Néandertal et l'Homme moderne avant la migration de celui-ci vers l'Asie du Sud-Est.

    L'étude montre enfin que les Néandertaliens analysés présentent une diversité allélique faible. Certains allèles analysés sont de plus associés à une vulnérabilité accrue face à des maladies affectant les fœtus et les nouveau-nés, ce qui a mené à un fort taux de mortalité infantile chez ces espèces.