En présence des microplastiques, les huîtres - et peut-être d’autres mollusques - se reproduisent mal. Cette pollution invite à nous interroger sur notre usage du plastique au quotidien.

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    Les microplastiques sont des particules mesurant moins de 5 millimètres de diamètre. D'après une étude qui vient de paraître dans la revue PNAS, menée par le LEMAR, Laboratoire des Sciences de l'environnement marin (UMR CNRS-UBO-IRD-Ifremer), par le Cedre et l'ILVO ces polluants des eaux océaniques menacent les huîtres.

    Les microplastiques proviennent de morceaux de plastique déversés dans les océans (sacs, bouteilles, mégots, emballages) qui sont fragmentés sous l'effet des courants et des UVUV. Ils sont également issus de rejets industriels du secteur cosmétique (exfoliants, dentifrices) et vestimentaire (fibres synthétiques) qui en utilisent en grande quantité. 

    « Pendant deux mois, dans des bassins expérimentaux, nous avons exposé des huîtres à des microparticules de polystyrènepolystyrène. Nous avons utilisé des microplastiques de la même taille que le plancton dont se nourrissent les huîtres habituellement » souligne Rossana Sussarellu, biologiste à l'Ifremer, membre du LEMAR pendant la réalisation de l'étude.

    À partir du premier juillet 2016, les sacs plastiques seront interdits dans les magasins. Un pas pour limiter les pollutions. © magnusdeepbelow, Shutterstock

    À partir du premier juillet 2016, les sacs plastiques seront interdits dans les magasins. Un pas pour limiter les pollutions. © magnusdeepbelow, Shutterstock

    La consommation de plastiques au cœur du problème

    Les chercheurs ont observé un effet sur la reproduction des huîtres : « Après deux mois d'exposition à cette pollution, les huîtres produisaient moins d'ovulesovules et ceux-ci étaient de plus petite taille. De même, leurs spermatozoïdesspermatozoïdes étaient nettement moins mobilesmobiles comparés à ceux des huîtres mises dans des bassins sans microplastique », explique Marc Suquet, biologiste au Laboratoire physiologie des invertébrés, Centre Ifremer Bretagne à Brest, membre du LEMAR.

    « La féconditéfécondité était en forte baisse avec des conséquences sur la génération suivante », relève Arnaud Huvet, également biologiste au Laboratoire physiologie des invertébrés, Centre Ifremer Bretagne à Brest, membre du LEMAR. « Le taux de fécondationfécondation par rapport à des huîtres non exposées était inférieur de 41 %. Les larveslarves produites accusaient un retard de croissance d'environ 20 %. »

    Entre 4 et 12 millions de tonnes de plastiqueplastique se déversent chaque année dans l'océan. D'ici 2025, la production de plastique va être multipliée par dix. Les solutions proposées par les chercheurs ? « Il faut améliorer le recyclage du plastique » souligne Arnaud Huvet. « Il est également essentiel que les consommateurs modifient leurs comportements en choisissant moins de produits plastiques jetables. Les normes de traitement de l'eau devraient également évoluer. L'interdiction des sacs plastiques est un premier pas dans la bonne direction. »