Partout en France et en quelques jours seulement, la mortalité a grimpé en flèche chez les jeunes huîtres creuses. Le risque sanitaire est nul mais les exploitations sont en danger critique pour la saison 2009. Virus ? Environnement ? La cause reste inconnue, tout autant que l'ampleur à venir du phénomène.

au sommaire


    Une larve d'huître. © N. Masson - Neaud / Ifremer

    Une larve d'huître. © N. Masson - Neaud / Ifremer

    Branle-bas de combat dans l'ostréiculture. Les professionnels du CNC (Comité national de la conchyliculture), les spécialistes de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) et les responsables politiques du ministère de l'agriculture et de la pêche viennent de se mobiliser dans l'urgence. Une cellule de crise a été mise en place pour comprendre quel mal touche l'huître creuse, Crassostrea gigas, qui représente la quasi totalité de la production française (environ 140.000 tonnes par an). Pour une raison inconnue, la mortalité des jeunes huîtres, les juvéniles, nées en 2007 et destinées à nos festins de la fin 2009, a brutalement atteint la semaine dernière des valeurs très élevées, de plus de 40% et par endroit jusqu'à 100%.

    Tous les élevages français sont affectés, de la Méditerranée à l'Atlantique, et les Pays-Bas subissent apparemment le même sort. La mortalité estivale des juvéniles est un phénomène habituel, parfois amplifié par des agents pathogènespathogènes, virus ou bactériesbactéries. Depuis dix ou quinze ans, ces surmortalités importantes sont devenues courantes, touchant même, mais rarement, des individus plus âgés, proches de la consommation.

    Mais le phénomène est en général progressif et s'étend en général du sud vers le nord du printemps à l'automne. La brutalité et la quasi simultanéité des surmortalités observées cette année étonnent beaucoup.

    <em>Crassostrea gigas</em>. Crédit : David Monniaux
    Crassostrea gigas. Crédit : David Monniaux

    Un virus ou le stress ?

    Les ostréiculteurs gardent toujours en mémoire l'hécatombe des années 1970 qui avait fait disparaître l'huître portugaise (Crassostrea angulata). Les éleveurs s'étaient alors tournés vers une espèce d'origine japonaise, Crassostrea gigas, qui s'est très bien accoutumée aux côtes européennes. Pour l'instant, les mortalités n'ont pas atteint une telle ampleur.

    Aucune explication n'a encore été trouvée. Le pire scénario serait celui d'un virus inconnu, comme celui qui a eu raison de l'huître portugaise. Mais, selon l'Ifremer, les premières analyses montrent qu'il ne peut s'agir d'un agent pathogène unique. Si maladie il y a, la mortalité serait due à des agents déjà connus, qui, ajoute l'Ifremer, ne ferait peser aucun risque sanitaire pour les futurs consommateurs des huîtres rescapées. L'origine pourrait être environnementale et à rechercher dans la température, la quantité d'oxygène dissous, la présence de polluants voire la prolifération d'une algue microscopique. Ces causes différentes peuvent bien sûr se cumuler, un agent pathogène par exemple pouvant avoir des effets plus dévastateurs sur des populations affaiblies par des conditions de vie plus difficiles. D'une manière générale, c'est le stressstress qui tue les huîtres.

    En attendant de trouver les causes, les ostréiculteurs restent inquiets car la saisonsaison 2009 est d'ores et déjà compromise. Michel Barnier, le ministre de l'agriculture et de la pêche, a promis de rester vigilant.