Débris de matières plastiques et émissions de fertilisants au phosphore représentent un vrai danger pour l’océan mondial : c’est ce qu'affirme un rapport du PNUE, Programme des Nations unies pour l’environnement, publié au début de l'année.

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    Ce phoque s'est trouvé un collier original mais qui va le handicaper pendant la chasse aux poissons. Ces mammifères sont des victimes régulières des filets de pêche perdus. Moins dangereuse, cette parure de plastique finira par se déchirer et se détacher. Mais elle se transformera en minuscules particules qui pourront être ingérées par de multiples organismes. © British Antartic Survey

    Ce phoque s'est trouvé un collier original mais qui va le handicaper pendant la chasse aux poissons. Ces mammifères sont des victimes régulières des filets de pêche perdus. Moins dangereuse, cette parure de plastique finira par se déchirer et se détacher. Mais elle se transformera en minuscules particules qui pourront être ingérées par de multiples organismes. © British Antartic Survey

    C'est un plaidoyer pour une « transition vers une économie verte » qui figure dans le rapport du Programme des Nations unies pour l'environnementProgramme des Nations unies pour l'environnement, publié en février, et que l'on peut lire dans sa version en anglais, UNEP Yearbook 2011. L'organisme (qui dépend de l'ONU) rappelle l'influence de l'activité humaine sur les modifications du climat et les engagements pris au sommet de Cancún. Il souligne aussi les effets de la pollution sur la santé humaine et notamment sur sa contribution possible aux maladies auto-immunesmaladies auto-immunes comme le diabètediabète de type 1, la sclérose en plaquessclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde.

    Le rapport insiste aussi sur deux maux qui affectent aujourd'hui l'océan : l'accumulation de débris de matières plastiquesmatières plastiques et le largage dans la mer des composés phosphorés servant d'engrais pour l'agriculture. Les conséquences de ces deux paramètres seraient actuellement sous-estimées.

    Répartition, obtenue par modélisation, des déchets de plastiques dix ans après leur dépôt dans l'océan. On remarque cinq zones de concentration, deux dans le Pacifique, deux dans l'Atlantique et une au sud de l'océan Indien. © IPRC 2008

    Répartition, obtenue par modélisation, des déchets de plastiques dix ans après leur dépôt dans l'océan. On remarque cinq zones de concentration, deux dans le Pacifique, deux dans l'Atlantique et une au sud de l'océan Indien. © IPRC 2008

    Recyclable et renouvelable : deux mots pour moins de maux

    Entre 1950 et 2008, la production de plastique a suivi une courbe exponentielle, passant par exemple de 100 millions de tonnes (pour les produits les plus courants) en 1990 à plus de 250 millions en 2008. La production a alors chuté à 230 millions de tonnes en 2009, à cause de la crise économique, explique le PNUE. Le recyclage des matières plastiques est en développement mais varie beaucoup selon les pays : en Europe, les meilleurs élèves atteignent 84 % de la production et les plus mauvais seulement 25 %.

    Et ce qui n'est pas recyclé finit en général dans l'océan. Les zones de concentrations de déchets plastiques dans l'océan (voir le schéma ci-dessus) sont désormais célèbres, même si leur ampleur fait débat. On sait que cette accumulation de débris n'est pas le seul danger. Devenus minuscules par fragmentation, ces déchets constituent de dangereux polluants pour les organismes marins. Les « microplastiques », affectant jusqu'au plancton, s'insèrent dans la chaîne alimentairechaîne alimentaire et pourraient remonter jusqu'à l'alimentation humaine. 

    Les sources de phosphore sont longtemps restées du domaine du renouvelable : guano, excréments humains et fumier (<em>Manure</em>). Depuis de nombreuses décennies, cet élément indispensable à l'agriculture provient essentiellement de l'extraction minière (<em>Phosphate rock</em>). © Cordel <em>et al.</em>, 2009

    Les sources de phosphore sont longtemps restées du domaine du renouvelable : guano, excréments humains et fumier (Manure). Depuis de nombreuses décennies, cet élément indispensable à l'agriculture provient essentiellement de l'extraction minière (Phosphate rock). © Cordel et al., 2009

    Le rapport s'intéresse aussi à la production de phosphorephosphore, en grande partie destinée aux engrais phosphatés, qui a crû de manière explosive ces dernières décennies. Une première conséquence est l'eutrophisationeutrophisation des milieux aquatiques. Une étude de 2009 citée par le rapport (Eutrophication of U.S. Freshwaters: Analysis of Potential Economic Damages, Dodds et al., 2009) estime le coût de cette pollution aux États-Unis (dans les eaux douces) à 2,2 milliards de dollars par an (1,6 milliard d'euros).

    Cette production énorme et grandissante pose aussi la question d'une possible pénurie. Alors que la principale source est longtemps restée le fumier, l'extraction dans des mines domine depuis les années 1960 et atteint aujourd'hui environ 20 millions de tonnes contre 3 millions pour le fumier. Le rapport détaille les études actuelles, débattues, sur l'avenir de la production de phosphore depuis les ressources géologiques non renouvelables.

    Pour le PNUE, recyclage des plastiques et techniques agricoles plus durables semblent donc des pistes à suivre...