La plus grande chaîne de montagnes tropicales glaciaires du monde, la Cordillère Blanche, dans les Andes péruviennes, est en train de virer au brun. En cause, la fonte accélérée des glaces séculaires qui la recouvraient, prémisse à de nombreux bouleversements.

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    Glaciers de la Cordillère Blanche, dans les Andes péruviennes, vus par satellite.

    Glaciers de la Cordillère Blanche, dans les Andes péruviennes, vus par satellite.

    Selon Lonnie Thompson, expert des principaux glaciers de l'Université d'État d'Ohio, la vitessevitesse de fontefonte est le problème le plus important, car lorsque le processus s'accélère le glacier ne peut plus se reconstituer. Et cette géologuegéologue de réputation mondiale annonce qu'elle observe le même phénomène d'accélération partout dans le monde, depuis l'Himalaya jusqu'au Kilimandjaro.

    Et de citer comme exemple Quelccaya dans le Sud du Pérou, la plus haute calotte glaciairecalotte glaciaire tropicale du monde, qui avait commencé à perdre ses glaces à raison de 6 mètres par an à partir de 1960, et qui se réduit actuellement de 60 mètres par année.

    La situation est bien plus qu'alarmante, avertit la scientifique, car 70% des glaciers tropicaux sont situés au Pérou, et la massemasse glaciaire a diminué d'au moins 22% depuis 1970, selon une étude menée par l'Institut de Ressources Nationales du Pérou, INRENA, une agence gouvernementale. Dans toutes les Andes péruvienne, la roche affleure là où, jusqu'à récemment, il n'y avait que de la glace à perte de vue. Le glacier Broggi, particulièrement prisé des touristes qui venaient y visiter les cavernes naturelles aux couleurscouleurs féeriques, a disparu. Il en reste une flaque d'eau, sorte de petite lagune qui restera probablement éphémère.

    Mais la disparition des glaciers entraîne un autre problème, tout aussi vital, qui est le manque d'approvisionnement en eau du pays. Car ceux-ci alimentent des rivières, qui s'écoulent dans les vallées et fournissent l'eau potable aux villes tentaculaires qui se développent à leurs pieds, ainsi qu'à de nombreux bidonvilles sur la côte péruvienne du Pacifique. Elles alimentent aussi l'agriculture et les centrales hydroélectriques, qui fournissent 70% de l'énergieénergie électrique de la nation. L'épuisement de cette source pourrait rendre toute cette zone inhabitable d'ici moins de 50 ans, or elle concentre les 2/3 des habitants du Pérou.