Des roses pour la Saint-Valentin ? Des pivoines en automne ? Une aberration écologique pour Fleurs d’Ici, la première marque de fleurs éthiques, 100 % françaises, qui entend bien participer à la sauvegarde de l'horticulture française.


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    En 2020, 3 Français sur 4 ont acheté au moins un végétal. Dans ce marché florissant, le problème est que 9 fleurs sur 10 viennent de l'étranger au détriment de l'horticulture française et de la biodiversitébiodiversité. D'où l'idée de Fleurs d'Ici et ses circuits courts, une idée qui a germé dans la tête de de sa fondatrice, Hortense Harang.

    Découvrez l'interview de Hortense Harang dans notre podcast Jeunes Pousses.

    Le terme de circuit court est particulièrement en vogue actuellement mais que recouvre-t-il exactement ?

    Hortense Harang : Effectivement l'adjectif « court » prête parfois à confusion. Si l'on s'en tient au code des marchés publics : « Est considéré comme circuit court un mode de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire entre l'exploitant et le consommateur ». Le terme de « court » fait donc référence au nombre limité d'intermédiaires et non à une notion géographique, même s'il est évident que la proximité permet des économies sur le transport et donc une moindre émissionémission de gaz à effet de serregaz à effet de serre. De même, s'il est majoritairement utilisé dans le domaine agricole, il ne lui est pas réservé et beaucoup de secteurs s'ouvrent aux circuits courts.

    Hortense Harang, fondatrice de Fleurs d'Ici. © Fleurs d'Ici
    Hortense Harang, fondatrice de Fleurs d'Ici. © Fleurs d'Ici

    Par exemple sur l’horticulture avec Fleurs d’Ici ?

    Hortense Harang : Exactement. Avec Fleurs d’Ici, les roses sont par exemple vendues de mai à novembre et non pour la Saint-Valentin ! Nos bouquets sont composés des fleurs offertes par les saisonssaisons, cueillies à maturité et cultivées par de petits horticulteurshorticulteurs locaux. C'est bon pour la Planète, l'emploi local et les fleuristesfleuristes dont l'approvisionnement devient plus difficile.

    Pourquoi votre start-up va-t-elle changer le monde ?

    Hortense Harang : Avec Fleurs d'Ici, il s'agit de participer à la sauvegarde de l'horticulture française en permettant aux petits producteurs de vendre à juste prix et d'apporter des commandes supplémentaires aux fleuristes locaux. Il faut savoir qu'aujourd'hui en France, 9 fleurs sur 10 viennent de l'étranger et qu'en 50 ans, le nombre d'exploitations horticoles françaises a été divisé par 10 avec des dommages irréversibles sur la biodiversité...

    Sur le volet écologique, une étude de l'université de Lancaster démontre que la fleur locale et de saison, c'est-à-dire une fleur qui n'a ni besoin de traitements chimiques ni de pousser sous serre -- et qui est donc moins énergivore, car elle est adaptée au climatclimat local --,  émet 30 fois moins de carbonecarbone qu'une fleur importée. D'autant qu'on a comptabilisé jusqu'à 25 substances chimiques interdites dans un bouquet de fleurs importées.

     Neuf fleurs sur dix viennent de l’étranger au détriment de l’horticulture française et de la biodiversité. © Fleurs d'Ici
     Neuf fleurs sur dix viennent de l’étranger au détriment de l’horticulture française et de la biodiversité. © Fleurs d'Ici

    Comment a grandi le projet ?

    Hortense Harang : Le projet est né de l'étonnement devant des étals de fleuristes qui proposaient les mêmes variétés du 1er janvier au 31 décembre. Un peu comme si on trouvait des cerisescerises ou des fraisesfraises toute l'année chez un primeur. Nous voulions aussi contribuer à rendre la société plus vertueuse, par la clef d'entrée de la consommation, en proposant des alternatives au commerce ultra mondialisé qui est devenu la norme depuis les Trente Glorieuses.

    Nous avons donc été accompagnées par un programme dédié aux femmes entrepreneures dans l'économie sociale et solidaire, Les Audacieuses, porté par La Ruche, plus importante communauté d'entrepreneurs sociaux français. Ensuite, de nombreuses bonnes fées se sont penchées sur notre berceau, dont nos partenaires financiers qui nous accompagnent au quotidien. Enfin, l'échange avec d'autres entrepreneurs nous a également beaucoup apporté, au travers de groupes comme Le Galion, ou la communauté Impact France dont je suis administratrice.

    La fleur locale et de saison, qui n'a ni besoin de traitements chimiques ni de pousser sous serre, émet 30 fois moins de carbone qu'une fleur importée

    Quelle est la suite de l’histoire ?

    Hortense Harang : Sur la base de la technologie que nous avons développée pour recréer du lien commercial, financier et logistique à l'échelle régionale entre les horticulteurs et les fleuristes de notre réseau, nous allons désormais œuvrer à la relocalisation d'autres filières agricoles qui souffrent tout autant des excès de la mondialisation afin de proposer des produits locaux accessibles à tous, en alimentaire, textile, matériaux de constructionconstruction, etc.

    Si vous étiez Première ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

    Hortense Harang : Une idée intéressante à creuser si j'étais Première ministre : un régime fiscal différencié selon l'impact social et environnemental, une sorte de TVA verte. Ça permettrait de ne pas soumettre au même taux d'imposition les entreprises prédatrices et les entreprises régénératrices.

    À quoi va ressembler le monde en 2050 ?

    Hortense Harang : L'accélération de la prise de conscience quant aux questions de transition, et l'engagement des plus jeunes sur ces sujets me donnent beaucoup d'espoir sur notre capacité à inverser la tendance actuelle sur le climat. Je forme le vœu qu'en 2050 les excès de la société de consommation seront définitivement derrière nous.

    Quel sujet d'actualité de Futura vous a passionné ?

    Hortense Harang : Celui sur les systèmes inspirés de la nature. L'hubris de l'Homme qui croit qu'il peut rivaliser avec la nature m'a toujours beaucoup interrogée. Certes, la technologie est un atout puissant dans la préservation de la Planète et de l'humanité, mais une remise en question de nos modes de vie et de consommation me semble être la pierre angulaire d'une évolution positive.