Les spécialistes du Soleil ont été surpris d’observer deux puissantes éruptions en l’espace d’une heure. La région active 2087, située sur le limbe de notre étoile, vient également d'être à l’origine d’une éjection de masse coronale qui pourrait effleurer aujourd'hui la haute atmosphère terrestre. Dean Pesnell et ses collègues physiciens solaires estiment que le cycle d’activité 24 est en train de vivre son maximum mais, soulignent-ils, un « mini-max » ! Paradoxalement, cela n’interdit pas l’apparition de supertempêtes solaires !

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    Pas moins de deux puissantes éruptions solaires se sont manifestées successivement dans la région active 2087 mardi 10 juin. Deux événements de classe X assez inattendus, car la scène s'est produite dans une région émergeant sur le limbelimbe est de notre étoile. En effet, les regards étaient alors davantage concentrés sur les groupes de taches sombres 2080 et 2085, lesquels, susceptibles d'être le théâtre de tempêtestempêtes, plastronnent sur la surface du Soleil dirigée vers nous.

    C'est à 11 h 42 TU que le satellite Solar Dynamics Observatory (SDOSDO) a enregistré la première éruption. Notée X2.2 par les physiciensphysiciens solaires, elle a été beaucoup plus violente que le second coup de semonce, de classe X1.5, observé au même endroit 70 minutes plus tard. S'ensuivit dans la foulée une éjection de masse coronale. La charge de plasma expulsée dans l'espace n'a pas échappé à Stereo A. Doté d'un coronographe, le satellite a pu suivre son déploiement.

    Dans un premier temps, les modélisations numériquesnumériques de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration) ont exclu une déferlante en direction de la Terre, mais après révision, il est probable qu'une partie du nuagenuage de particules heurte notre magnétosphère le 13 juin. Ce qui offrira aux observateurs des contrées polaires australes un probable nouvel épisode auroral. À l'heure actuelle, les risques qu'une nouvelle éruption de classe X se produise dans la région 2087 s'élèvent à 30 %, d'après les prévisionnistes. En outre, au fil de la rotation du Soleil, l'archipelarchipel de taches est de plus en plus orienté vers la Terre.


    Deux éruptions solaires, respectivement de classe X2.2 et X1.5, observées dans deux longueurs d’onde par le satellite SDO le 10 juin 2014 à 11 h 42 TU et 12 h 52 TU. On distingue remarquablement les lignes de champ magnétique de la région active 2087, située sur le limbe du Soleil. © Nasa, SDO, GSFC

    Éruptions solaires trahissant un mini-maximum d’activité

    Cela fait des mois que notre Soleil arbore des taches sombres -- de tailles variables -- à sa surface, signes tangibles d'une activité importante. « Le champ magnétiquechamp magnétique du Soleil a basculé, nous commençons à voir le développement de longs trous coronaux et le nombre de taches solairestaches solaires culmine », commente Dean Pesnell (Goddard Space Flight Center, GSFCGSFC). Pour lui, il n'y a plus de doute : « le maximum solaire [du cycle 24, NDLRNDLR] est arrivé ». Tout indique aussi qu'il n'est pas banal. La reprise fut très lente, au point d'ailleurs que les spécialistes doutèrent un moment d'un possible retour !

    Loin d'égaler le cycle solaire précédent (le cycle 23 culmina en 2000-2001), l'actuel « se classe parmi les plus faibles connus », soutient Ron Turner, conseiller scientifique à la NasaNasa. Depuis 1755 et les premiers décomptes des taches solaires, « seuls quelques maxima solaires ont été plus faibles que celui-ci ». À défaut d'être impressionnant, il est malicieusement qualifié de « mini-max » ! Toutefois, préviennent les chercheurs, cela n'interdit pas l'émergenceémergence de supertempêtes solaires, comme celle qui surgit le 23 juillet 2012. Ils rappellent que si elle avait déferlé sur nous, les conséquences auraient été très douloureuses pour l'économie mondiale. À présent, les prévisions tablent sur une baisse d'activité à l'horizon 2015, mais cela n'écarte pas les risques d'épisodes intenses.