Rêvons un peu car, bien sûr, ce n’est pas d’actualité. Pourtant, Jeff Bezos et Elon Musk imaginent une civilisation multiplanétaire, alors pourquoi pas aussi sur des astéroïdes ? Une étude estime que transformer un astéroïde en station spatiale pourrait ne nécessiter que l'envoi d’une seule sonde.


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    D'abord, soyons pragmatiques. Déjà, pour envoyer une mission sur Mars, cela prendra des décennies, alors une colonisation tient avant tout du domaine de la science-fiction. Deux principales raisons techniques stoppent net ce rêve : le coût d'un vol spatial, et les effets de l'absence de pesanteur et des radiations sur le corps humain. Une étude propose un processus de transformation d'un astéroïde en station spatialestation spatiale en un seul vol, avec une modeste sonde. Quid de la faisabilité?

    Un unique vol résout dans un premier temps le problème du budget. Transformer l'astéroïde en une large station en forme d'anneau tournant sur elle-même solutionne au minimum le problème de l'absence de gravité.

    Exemple de colonie spatiale en anneau. © Université de Rochester
    Exemple de colonie spatiale en anneau. © Université de Rochester

    La magie de l’Isru

    C'est un objectif majeur des agences spatiales américaine, européenne et chinoise. Pour s'installer durablement sur la Lune ou sur Mars sans avoir à transporter tout le matériel, notamment les infrastructures, les agences souhaitent pouvoir utiliser les matériaux locaux. On appelle cela l'In Situ Ressource Utilization - Isru -- ou l'utilisation des ressources in situ, c'est-à-dire « sur place ». Plusieurs missions de démonstration sont à l’étude.

    La transformation d'un astéroïde en station spatiale repose sur ce principe. La sonde apporterait quelques robotsrobots et un peu de matériel. Ceux-ci travailleraient ensuite le régolithe du sol de l'astéroïde pour à la fois récupérer différents matériaux, notamment des métauxmétaux, puis fabriquer des composants, et même d'autres robots plus rudimentaires.

    Rare expérience d'Isru actuellement en cours : l'instrument Moxie, installé sur Perseverance, produit de l'oxygène à partir de l'air martien. © Nasa, JPL-Caltech
    Rare expérience d'Isru actuellement en cours : l'instrument Moxie, installé sur Perseverance, produit de l'oxygène à partir de l'air martien. © Nasa, JPL-Caltech

    Une simulation de l'étude estime qu'à partir de 4 robots « en forme d’araignée », on pourrait en avoir 3 000 copies et plus de 23 500 pièces et équipements. Petit à petit, la constructionconstruction donnerait une station en anneau dont le diamètre serait 30 % inférieur à celui de l'astéroïde. Les simulations estiment qu'il faudrait 12 ans pour construire ainsi une station de 5 kimomètres de diamètre, pouvant accueillir 700 000 personnes. Science-fiction ? Ce genre d'études souligne en effet l'apport indispensable de l'Isru pour construire l'avenir de l'exploration spatiale.