Un article, publié sur le site Arxiv, explique que la prochaine étape pour la Nasa serait de se consacrer à l'envoi de missions habitées vers Saturne après l'arrivée de colons sur Mars. L'étude renseigne de l'importance scientifique de missions d'exploration robotisées vers les planètes les plus éloignées du Système solaire.


au sommaire


    Des astronautes pourraient explorer SaturneSaturne, JupiterJupiter et leurs lunes d'ici à une cinquantaine d'années. C'est ce qu'explique une étude publiée sur ArXiv le 17 mai 2022, menée par une équipe d'universitaires américains, chinois et néerlandais ainsi que des chercheurs de la Nasa. L'étude, nommée « Impact des contraintes économiques sur une durée déterminée pour l'exploration habitée », anticipe l'exploration spatiale humaine et robotiquerobotique au cours des prochaines décennies. Le jalon d'une mission habitée vers Mars pourrait être atteint à l'horizon 2030, les planètes plus éloignées telles que les géantes gazeuses de notre Système solaireSystème solaire seraient aussi l'objet d'une possible colonisation. Les astronautes atteindraient la ceinture d'astéroïdesceinture d'astéroïdes et le système jovienjovien entre 2071 et 2087, tandis que les lunes de Saturne pourraient être visitées entre 2129 et 2151. Un pari lointain et incertain, alors qu'une quinzaine de missions robotisées ont déjà sillonné ces régions du Système solaire.

    Saturne imagée par la sonde Cassini - Huygens. On distingue nettement les anneaux ainsi qu'un point bleu pâle en bas de la photo : la Terre. © Nasa, JPL-Caltech
    Saturne imagée par la sonde Cassini - Huygens. On distingue nettement les anneaux ainsi qu'un point bleu pâle en bas de la photo : la Terre. © Nasa, JPL-Caltech

    Repousser les limites de l'exploration spatiale 

    L'étude du 17 mai relève de la science-fiction, tant il projette un futur éloigné de parfois plus de 100 ans. Cependant, des analyses statistiques menées sur l'évolution des technologies et les capacités budgétaires de la Nasa démontrent que l'objectif de coloniser les lunes de planètes extérieures (situées après l'orbiteorbite de Jupiter) surviendrait rapidement après la conquête de Mars. Cette tâche est un véritable pivot du futur de l'exploration du Système solaire. Selon les projections des chercheurs, l'arrivée de colons sur le sol martien en 2037 entraînerait une traversée de la ceinture d'astéroïdes au plus tôt en 2071, des environs de Jupiter en 2103 et un survolsurvol de Saturne en 2132. Si l'arrivée sur Mars ne se fait qu'en 2048, le planning des missions s'en verrait décalé de plusieurs dizaines d'années, avec des vaisseaux habités aux abords de Saturne en 2150. 

    La courbe d'évolution des missions habitées au sein du Système solaire, tel que calculé dans l'étude. © Rosen, Zhang, Jiang and ai.
    La courbe d'évolution des missions habitées au sein du Système solaire, tel que calculé dans l'étude. © Rosen, Zhang, Jiang and ai.

    De tels programmes nécessiteraient une adaptation conséquente des budgets des agences spatiales. L'étude met ainsi en exergue le financement du programme Apollo, d'environ 20 milliards de dollars entre 1969 et 1972, rapporté à 123 milliards de dollars en l'adaptant à l'inflation en 2020. La mise en place de tels projets fournirait un véritable effort technologique, les chercheurs vantant l'apport scientifique de missions humaines vers les confins de notre Système solaire. En parallèle, l'emphase est portée sur les nécessités d'une population terrestre en constante croissance : l'exploration se travestirait ainsi en colonisation, supposée fournir à une Terre potentiellement surpeuplée les besoins matériels requis

    Des missions robotisées pour préparer le terrain 

    Malgré des dates lointaines, l'étude semble utopiste, le challenge technologique et financier imposé par de tels projets semblant exceptionnel. La Nasa se consacre actuellement au retour d'astronautes sur la Lune, d'ici à 2025. Concernant l'arrivée d'humains sur Mars, les astronautes ne fouleront probablement pas la surface de la Planète rouge avant 2030. 

    La sonde Juice, qui sera lancée en 2023, étudiera en détail trois des lunes galiléennes de Jupiter : Callisto, Europe et Ganymède. © ESA, CNRS
    La sonde Juice, qui sera lancée en 2023, étudiera en détail trois des lunes galiléennes de Jupiter : Callisto, Europe et Ganymède. © ESA, CNRS

    Pour l'heure, les planètes situées au-delà de la ceinture d'astéroïdes ne semblent pas être prioritaires pour l'agence spatiale américaine. Un rapport publié en avril rappelait cependant l'intérêt scientifique de missions robotisées vers les géantes de glace, UranusUranus et NeptuneNeptune, tandis que deux sondes devraient survoler les abords de Jupiter au cours des prochaines années. Ces dernières, nommées JuiceJuice (Jupiter Ici Moon Explorer) et Europa ClipperEuropa Clipper, seront lancées respectivement en 2023 et 2024 pour partir à l'étude des satellites du système jovien. Pas de station spatialestation spatiale à la 2001 : l'odyssée de l'espace dans les prochaines années, mais Juice et Europa Clipper fourniront probablement de superbes visuels de Jupiter et de ses plus importantes lunes.