Miroslav Radman, professeur à l'Université René Descartes à Paris et directeur de l'Unité 571 Inserm et ses collaborateurs viennent de découvrir par quel mécanisme la bactérie Deinococcus radiodurans est capable de ressusciter en quelques heures en réparant et réorganisant son ADN.

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    Ce processus lui permet ainsi de survivre à des conditions extrêmes dans des zones arides et à des doses de rayonnements mortelles pour tout autre organisme. Cette découverte fondamentale pourrait jeter les bases d'une médecine régénérativemédecine régénérative, notamment applicable aux pathologiespathologies neuronales. Plus largement, les chercheurs estiment que cette bactériebactérie « est susceptible d'ensemencer la vie sur des planètes stériles ».

    Image du site Futura Sciences

    En 1956, on découvrit avec étonnement qu'une bactérie survivait dans les conserves de viande après le traitement de « choc » que constitue une stérilisation par rayonnement gamma. Deinococcus radiodurans, capable de survivre à une irradiation d'une dose 5000 fois la dose mortelle chez l'homme, n'en finit plus dès lors d'être scrutée par la communauté scientifique. On la retrouva dans des environnements arides, dans le sablesable du désertdésert, là où seules quelques rares bactéries peuvent survivre.

    L'étude de Deinococcus radiodurans a montré que sous l'effet de ces conditions extrêmes l'ADNADN de la bactérie était éclatée en plusieurs centaines de fragments et les chromosomeschromosomes littéralement pulvérisés. Pourtant, en seulement quelques heures, D.radiodurans reconstitue entièrement son patrimoine génétiquegénétique et revient à la vie. Une résurrection en quelque sorte.

    L'équipe de chercheurs (K. Zahradka, A. Lindner et Dea Slade) dirigée par Miroslav Radman de l'unité Inserm 571 à la faculté de Médecine Necker-Enfants Malades et de l'Université René DescartesRené Descartes vient d'en élucider le mécanisme pour la première fois.

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    Il s'agit d'un système de réparation en deux étapes, inconnu à ce jour. La première phase consiste à rassembler dans l'ordre correct tous les fragments en une chaîne linéaire ; tous les morceaux seront utilisés comme modèle pour initier la synthèse d'ADN et allonger la chaîne par simple brin. La deuxième phase de recombinaison génétique consiste à reconstituer les chromosomes circulaires de la cellule par « crossing over ». Une fois le génomegénome restauré à l'identique, la synthèse des protéinesprotéines est à nouveau opérationnelle : la cellule est vivante alors qu'on pouvait la considérer comme « cliniquement morte ».

    Cette découverte fondamentale pourrait être la base d'une nouvelle médecine régénérative ; on peut ainsi imaginer "ressusciter" des neuronesneurones morts et vaincre les pathologies dégénératives du cerveaucerveau.

    Ce processus de réassemblage de l'ADN, s'il est reproduit in vitroin vitro, permettrait également de créer des mosaïques génomiquesgénomiques à partir du patrimoine génétique de tous les organismes vivants et de jeter les bases de la future biologie synthétique.

    Selon Miroslav Radman, « la bactérie Deinococcus radiodurans serait peut-être le meilleur candidat pour ensemencer la vie sur les planète stériles. »