Une nouvelle étude révèle que chez certains peuples celtes, la transmission du pouvoir se serait faite non pas par la lignée paternelle comme c’est habituellement le cas, mais par la lignée maternelle. Une culture qui pourrait, d’après les auteurs, être liée à la crainte de l’infidélité !


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    Dans les monarchies actuelles et passées, il était habituel que le pouvoir se transmette de père en fils, ou tout du moins par la lignée paternelle. Une règle que n'auraient pas suivie certains peuples celtes.

    Non pas que le pouvoir ait été détenu par des femmes, mais il semble que la transmission du statut de prince se soit faite via par la lignée maternelle. Une tradition à contre-courant qui n'aurait cependant rien à voir avec une quelconque reconnaissance du statut de la femme, mais serait plutôt liée à des considérations très... terre à terre.

    Ce prince aurait transmis son pouvoir à son neveu

    C'est l'analyse génétiquegénétique de deux hommes celtes ayant vécu au Ve siècle avant notre ère qui a mené une équipe de chercheurs à réaliser ce constat. Enterrés sous d'importants tertres et entourés de précieux objets, ces deux hommes étaient sans conteste des princes de la culture Hallstatt. Étant donné la proximité de leurs tombes et de la date de leur mort, les chercheurs ont tenté de savoir s'ils possédaient des liens de filiation. Les résultats de l'analyse ADNADN, publiés dans la revue Nature Human Behaviour, vont ainsi révéler qu'effectivement les deux hommes nés à 50 ans d'intervalle possèdent des liens de parenté. Et pas n'importe lesquels. La sœur de l'homme retrouvé à Eberdingen-Hochdorf était visiblement la mère de l'homme retrouvé à Asperg-Grafenbuhl. Le fait que le pouvoir ait été transmis au fils de la sœur du premier prince et non pas à des descendants directs a de suite intrigué les chercheurs. S'agissait-il d'un cas isolé ou d'une véritable culture de la transmission du pouvoir ?

    Le tertre imposant de Eberdingen-Hochdorf qui a servi de tombe à un prince celte. © Detlef Meissner, <em>Wikimedia Commons</em>, CC BY-SA 3.0
    Le tertre imposant de Eberdingen-Hochdorf qui a servi de tombe à un prince celte. © Detlef Meissner, Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0

    L'hypothèse de l'aspect culturel a cependant été renforcée par l'analyse ADN d'autres personnages visiblement importants dans la même région, mais également par des textes historiques du Romain Titus Livius. Celui-ci relate en effet l'exemple d’un roi celte qui aurait passé le pouvoir au fils de sa sœur. Le rang au sein de cette société semblait donc se transmettre par les femmes. Mais pourquoi ?

    Reconstitution de la tombe du prince d'Eberdingen-Hochdorf. © marsupium photography, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.5
    Reconstitution de la tombe du prince d'Eberdingen-Hochdorf. © marsupium photography, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.5

    La crainte de l’infidélité

    Les auteurs de l'étude proposent une explication. Cet avunculat matrilinéaire (terme désignant cette relation entre un oncle maternel et son neveu) pourrait s'expliquer par le fait que les princes, ne pouvant avoir la certitude que les enfants de leur femme étaient bien les leurs, auraient préféré transmettre leur statut aux enfants de leur sœur, avec qui le lien de parenté est certain.

    Une hypothèse qui ne fait pas l'unanimité chez les spécialistes, comme le révèle cet article dans Science. Pour certains chercheurs, les relations au sein de la castecaste dirigeante celte auraient en effet été bien plus complexes que simplement restreintes à la parenté. Et le petit nombre d'individus analysés ne permettrait pas à ce stade de faire une généralité.