Il y a plus d'un siècle, la première momie égyptienne était passée sous les rayons X sans que ceux-ci ne puissent permettre de déterminer son sexe ou son âge. Avec les scanners modernes, on en sait maintenant plus sur elle, notamment les pathologies dont souffrait la personne avant son décès.

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    Les rayons X ont été découverts en novembre 1895 par le physicienphysicien allemand Wilhelm Conrad Roentgen. Aussi incroyable que cela puisse paraître, son collègue Walter Koenig publia dès mars 1896 la première radiographieradiographie aux rayons X d'une momie égyptienne faisant partie des collections d'objets égyptiens du muséum Senckenberg (ou Naturmuseum Senckenberg) de Francfort-sur-le-Main, le deuxième plus grand musée d'histoire naturelle d'Allemagne.

    Il s'agissait visiblement des restes momifiés d'un enfant mais les chercheurs de l'époque ne pouvaient guère en dire plus. En fait, et pour des décennies encore, la radiographie allait surtout être utilisée pour tenter de découvrir des amulettes et des bijoux dans les momies bien que l'on se préoccupa aussi assez rapidement d'avoir des renseignements du point de vue de l'anthropologie et de la paléopathologie.

    La première momie passée aux rayons X révèle enfin ses secrets ! © S. Zesch <em>et al</em>, Euro. J. Radiol. Open 2016

    La première momie passée aux rayons X révèle enfin ses secrets ! © S. Zesch et al, Euro. J. Radiol. Open 2016

    Un enfant probablement atteint de bilharziose

    Sur ce dernier point, les progrès ne vont être réels qu'à partir des années 1970 grâce aux scanners et aux ordinateursordinateurs comme l'a montré en 1976 l'analyse, avec cette technique, du cerveaucerveau desséché d'un jeune garçon de la 21e dynastie puis de la momie d'une femme de la 22e dynastie par des chercheurs canadiens à Toronto. Depuis lors, les études non-invasives de momies égyptiennes se sont multipliées, profitant du caractère non-invasifinvasif du scanner et du progrès des machines.

    La biologiste, anthropologue et égyptologue allemande Stephanie Zesch a eu l'idée de réexaminer la première momie passée aux rayons X avec des moyens modernes comme le montre un article qu'elle a publié avec ses collègues dans European Journal of Radiology Open. Il apparaît maintenant qu'il s'agissait du corps d'un enfant mâle âgé de 4 à 5 ans et qui vivait pendant la période Ptoléméenne, soit quelque part entre 378 et 235 avant J.-C. selon la datation au carbone 14.

    Les scanners modernes permettent une extraordinaire tomographie par rayons X de la momie déjà étudiée en 1896. © S. Zesch <em>et al</em>, Euro. J. Radiol, Open 2016

    Les scanners modernes permettent une extraordinaire tomographie par rayons X de la momie déjà étudiée en 1896. © S. Zesch et al, Euro. J. Radiol, Open 2016

    La cause de la mort est difficile à établir car on ne voit pas de traces de traumas. Mais les rayons X ont montré celles de plusieurs pathologiespathologies qui l'affectaient déjà. L'enfant avait ainsi un pectus excavatum (ou thoraxthorax en entonnoir) la déformation la plus fréquente du thorax caractérisée par un enfoncement plus ou moins prononcé de la partie inférieure du sternumsternum. Elle est le plus souvent présente dès la naissance mais elle peut aussi se développer au cours de la croissance.

    Les restes momifiés indiquent également un foiefoie de taille anormale, probablement en raison d'une parasitoseparasitose commune en Égypte, la bilharziose ou schistosomiaseschistosomiase. C'est une maladie parasitaire due à un ver hématophage, le schistosome.