L’industrie spatiale européenne peut être fière. Sous la maitrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space, elle a développé et construit le véhicule le plus complexe jamais réalisé par l’Europe. Il est aussi le premier engin spatial au monde conçu pour effectuer des rendez-vous et des amarrages opérationnels en mode purement automatisé. Après cinq missions, le dernier exemplaire de la série, l’ATV-5 Georges Lemaître, quittera la Station spatiale cet après-midi et effectuera sa rentrée destructive demain, dimanche 15 février.

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    Finalement, c'est ce week-end du 14-15 février que l'ATV-5 Georges Lemaitre, le dernier de la série, fera sa rentrée destructive. Samedi, à partir de 14 h, il se séparera de la Station spatiale internationale (ISS) et effectuera sa rentrée destructive dans la journée de dimanche, mettant fin ainsi à une histoire de 20 ans. Pour rappel, le programme ATV a été lancé en 1995 et cinq exemplaires, réalisés sous la maitrise d'œuvre d'Airbus Defence and Space ont volé : Jules Verne de mars à septembre 2008, Johannes KeplerJohannes Kepler de février à juin 2011, Edoardo Ahmadi de mars à octobre 2012, Albert EinsteinEinstein de juin à novembre 2013 et enfin Georges LemaîtreGeorges Lemaître, de juillet 2014 à février 2015. On signalera que ce dernier a battu le record de durée d'un ATV arrimé à la Station spatiale : 186 jours contre 183 pour l'ATV-3.

    Toutefois, pour son dernier vol de retour ce n'est pas ce qui était initialement prévu. Le 3 février, en effet, une panne est survenue qui a privé l'ATV Georges Lemaître d'une des quatre chaines de puissance du système. Ces chaines fournissent l'énergie nécessaire au fonctionnement du véhicule. Elles sont identiques, indépendantes et sont alimentées soit par les panneaux solaires, des batteries ou par l'énergie de la Station lorsqu'il y est amarré. La panne a été localisée au niveau de l'alimentation par batterie.

    Fin de carrière pour le Véhicule de transfert automatique. Un total de cinq véhicules auront été construits sous la maitrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space. © Esa, D. Ducros

    Fin de carrière pour le Véhicule de transfert automatique. Un total de cinq véhicules auront été construits sous la maitrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space. © Esa, D. Ducros

    Une situation qui a contraint l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) à renoncer à la simulation de la rentrée destructive de l'ISS, comme nous l'avait si bien expliqué Massimo Cislaghi, responsable de la mission ATV-5. L'idée « est de préparer au mieux la désorbitation de la Station spatiale internationale et de comprendre comment elle va se désintégrer dans l'atmosphèreatmosphère terrestre ».

    Ne prendre aucun risque

    Il était prévu qu'après être séparé de l'ISS, l'ATV se positionne à l'avant de la Station, à la même altitude et à quelques milliers de km jusqu'au 27 février, date à laquelle devait être réalisée une rentrée destructive en empruntant un angle peu prononcé, alors que d'ordinaire sa plongée dans l'atmosphère se fait avec un angle très prononcé.

    Pour comprendre la décision de l'Agence spatiale européenne de revenir à la rentrée traditionnelle, il faut savoir que pendant les deux semaines que devait durer le vol libre de l'ATV-5, il existait une infime probabilité qu'une seconde panne se déclare, ce qui aurait contraint le véhicule à rentrer dans un mode de survie. Bien qu'il soit tolérant à deux pannes, n'importe quelles combinaisons de deux pannes doivent toujours résulter en une situation de sécurité pour la station et pour l'équipage, l'Esa n'a donc souhaité prendre aucun risque.

    La Break Up Camera (Buc) de l’Esa installée à bord de l’ATV-5 par l’astronaute de nationalité italienne Samantha Cristoforetti. © Esa, Nasa

    La Break Up Camera (Buc) de l’Esa installée à bord de l’ATV-5 par l’astronaute de nationalité italienne Samantha Cristoforetti. © Esa, Nasa

    Une décision confortée par la Nasa. L'agence spatiale américaine qui avait demandé à l'Esa de réaliser cette simulation a tenu à préciser que si cette expérience aurait été utile pour comprendre comment la Station spatiale allait se comporter lors de sa destruction, elle n'était pas non plus essentielle. L'instrument américain qui devait être installé à bord de l'ATV-5 a donc été retiré, car il pourra être utilisé pour une autre occasion. Seule La Break Up Camera (Buc) de l'Esa restera à bord du véhicule et donnera une image aussi complète que possible des conditions à l'intérieur du véhicule lorsqu'il commencera à se désintégrer. L'instrument recueillera également des données de température de l'avant du véhicule lorsqu'il entrera dans l'atmosphère.