Après quelques années d'étude d'une mystérieuse source transitoire de rayons X particulièrement brillante découverte par le satellite Chandra, les astrophysiciens sont perplexes. Le phénomène ne cadre pas tout à fait avec les modèles astrophysiques connus.

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    Le télescope spatialtélescope spatial à rayons X ChandraChandra a été lancé en novembre 1999. L'un des buts principaux de cet instrument de la Nasa, dont le projet remonte à 1976 à l'initiative du prix Nobel de physique italo-américain Riccardo Giacconi, est d'étudier les événements les plus violents de l'univers observable ainsi que les astres compacts. Il s'agissait donc de mieux comprendre les supernovaesupernovae et ce qui se passe aux abords des trous noirstrous noirs, des étoiles à neutronsétoiles à neutrons et des naines blanchesnaines blanches.

    Chandra a aussi été utilisé pour mieux comprendre les amas de galaxies, traquer la matière noirematière noire et faire la lumièrelumière sur les mystérieux sursautssursauts gamma quand ils ont une contrepartie dans le domaine des rayons X. On pense maintenant que ces sursauts sont soit le résultat de collisions d'étoiles à neutrons, soit de l'effondrementeffondrement gravitationnel d'une étoile particulièrement massive donnant un trou noir et une hypernovahypernova. Dans les deux cas, il se produit alors des jets de matière et de rayonnement dans lesquels l'essentiel de l'énergieénergie des explosions se trouve concentré.

    Chandra observe depuis 17 ans mais il faut parfois des années de longues analyses des données collectées, jointes à celles des autres télescopes travaillant dans d'autres longueurs d'ondelongueurs d'onde pour qu'une nouvelle découverte soit annoncée. On vient d'en avoir un exemple avec une publication d'un article sur arXiv faisant état d'un événement décelé par Chandra en 2014 dans une région de la voûte céleste baptisé Chandra Deep Field-South (CDF-S), ce qui peut se traduire par  « champ profond sud de Chandra ».


    Une vidéo sur la découverte de CDF-S XT1. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Chandra X-ray Observatory

    Un sursaut gamma, une crêpe stellaire ou... ?

    Il s'agissait d'un brusque sursaut X d'une source inconnue dont la luminositéluminosité a été multipliée par mille en quelques heures avant de redescendre sous le niveau de la sensibilité de Chandra en environ une journée. Intrigués, les astronomesastronomes ont cherché une contrepartie dans d'autres domaines de longueurs d'onde, ce qui les a conduits à compulser des milliers d'heures  d'observations dans les archives des télescopes Hubble et Spitzer, donc de l'ultravioletultraviolet à l'infrarougeinfrarouge en passant bien sûr par le visible.

    La source, désormais baptisée CDF-S XT1, a finalement été associée à une galaxiegalaxie située à 10,7 milliards d'années-lumièreannées-lumière de la Voie lactée. Pour être aussi lumineuse à cette distance, elle a dû libérer en quelques minutes mille fois plus d'énergie que toutes les étoiles de sa galaxie hôte.

    Aucun modèle connu en astrophysiqueastrophysique ne cadre bien avec cet évènement. Deux hypothèses en rendent partiellement compte cependant. D'abord celle d'émissionsémissions X produites par une collision de deux étoiles à neutrons mais que nous n'aurions pas détectées sous la forme d'un sursaut gamma parce que les jets produits n'auraient pas été dirigés dans notre direction. Il pourrait s'agir aussi d'un scénario similaire à celui des crêpes stellaires de Jean-Pierre LuminetJean-Pierre Luminet, mais avec cette fois une naine blanche qui serait détruite par un trou noir de massemasse intermédiaire.

    Troisième hypothèse : un phénomène radicalement nouveau. En tout état de cause, il semble n'avoir jamais été observé par d'autres télescopes X ni par Chandra lors de ses observations consacrées au CDF-S, et qui se sont étalées sur deux mois et demi pendant 17  ans. Des recherches sont en cours cependant dans les archives de XMM NewtonNewton et SwiftSwift.

    Si jamais on observait un nouvel évènement de ce genre, il sera sans doute du plus haut intérêt de voir ce que donneront au même moment les détecteurs d'ondes gravitationnellesondes gravitationnelles comme eLigo et eLisa. Ils pourraient être bavards...