Tous les jours, notre Planète est arrosée de micrométéorites, mais il n’est pas facile pour les scientifiques de les distinguer parmi les milliards de grains de poussière qui nous entourent. Pour cela, mieux vaut aller en Antarctique. Néanmoins, pour la première fois, une équipe qui en recherchait sur les toits de Paris, Oslo (Norvège) et Berlin (Allemagne), sans trop y croire au début, a pu en identifier 500.

au sommaire


    Une équipe de chercheurs a fouillé dans des boues accumulées de plusieurs gouttièresgouttières parisiennes et a réussi à recueillir plusieurs dizaines de particules minuscules venues de l'espace. Au total, ce sont quelque 500 grains de poussière cosmique qui ont été retrouvés dans plus de 300 kgkg de dépôts de gouttières ratissés au sein des trois villes européennes explorées : Paris, Oslo (Norvège) et Berlin (Allemagne).

    C'est plutôt une surprise, comme le soulignent les auteurs de l'étude publiée dans la revue Geology. En effet, depuis plusieurs décennies, les terrains de chasse préférés des chercheurs de micrométéorites sont l'AntarctiqueAntarctique ou le fond des océans, des milieux quasi vierges de poussière « ordinaires ». Il y est plus facile d'identifier les grains cosmiques, lesquels pleuvent en continu sur notre Planète depuis sa formation, il y a près de 4,6 milliards d'années. Le reste du monde n'est donc pas épargné mais, comme on peut s'en douter, les recherches sont plus vaines.

    Le mérite de cette découverte revient en premier lieu au scientifique amateur norvégien Jon Larsen qui a su convaincre Matthew Genge, de l'Imperial College, d'entreprendre des recherches en milieu urbain. Ce dernier avoue qu'il était « sceptique » au départ. « Beaucoup de gens avaient signalé avoir trouvé de la poussière cosmique dans les zones urbaines auparavant, mais quand elles ont été analysées, les scientifiques ont constaté qu'elles étaient toutes d'origine industrielle. »

    L'un des grands avantages de ces découvertes sur les toitstoits des grandes villes est qu'il n'y aura plus besoin d'aller à l'autre bout du monde, ni dans des environnements hostiles, pour être sûr de trouver quelques-unes de ces poussières cosmiques. Il y en a partout et sans doute aussi dans votre aspirateuraspirateur.

    Un grain de poussière cosmique retrouvé sur les toits de Paris agrandi au microscope électronique. © M. J. Genge <em>et al.</em>

    Un grain de poussière cosmique retrouvé sur les toits de Paris agrandi au microscope électronique. © M. J. Genge et al.

    Des micrométéorites pour reconstituer le passé du Système solaire

    Les poussières extraterrestres récoltées permettent aux planétologues de mieux reconstituer le passé et l'évolution de notre Système solaire, depuis sa genèse. La plupart de celles qui ont été collectées dans les villes par le professeur Genge et Jon Larsen sont riches en silicatessilicates. Tombées au cours de ces six dernières années, elles constituent à cet égard la collection des plus jeunes micrométéorites connues sur Terre à ce jour.

    À noter que parmi ces sphérules, les chercheurs ont relevé des caractéristiques différentes de celles qui proviennent de couches anciennes en Antarctique, datant jusqu'à 800.000 ans. Les grains retrouvés dans nos villes sont un peu plus gros (0,3 mm) en effet que les autres (0,01 mm) et arborent aussi moins de cristaux en forme de plume.

    Il est possible que des perturbations gravitationnelles créées par des modifications, même légères, de l'orbite de la Terre et aussi de Mars, au fil du temps, en soient la cause, propose l'étude. Empruntant une autre trajectoire, ces poussières ont donc pu percuter notre monde différemment et leur vitesse de pénétration dans notre atmosphèreatmosphère, estimée à 12 km/s, a par conséquent modifié leurs structures.


    40.000 tonnes de poussières cosmiques s'abattent sur la Terre tous les ans

    Article de Nicolas Cluzel, extrait du n°297 du Bulletin Electronique Allemagne, publié le 5 août 2006

    Environ 40.000 tonnes de poussières cosmiques s'abattent tous les ans sur la Terre. Selon une étude germano-américaine menée par des chercheurs du Lamont-Doherty Earth Observatory de la ColumbiaColumbia University de New-York ainsi que des chercheurs de l'institut Alfred-Wegener de recherche polaire et marine de Brême (nord-ouest de l'Allemagne), cette pluie cosmique s'est montrée constante au cours des 30.000 dernières années au moins.

    Pour cela, les chercheurs ont analysé la teneur en isotope de l'hélium (He-3) des particules cosmiques, présent dans un échantillon de glace prélevé en Antarctique. Les particules cosmiques se chargent en effet en atomesatomes d'hélium au contact du vent solairevent solaire, d'où l'enrichissement sur Terre en cet isotope rare d'hélium. La concentration en He-3 dans les poussières cosmiques atteint un facteur 5.000 par rapport à la concentration de poussières d'origine terrestre.

    Des météores, appelés aussi étoiles filantes sont des poussières cosmiques qui tombe sur Terre sous forme de pluie

    Des météores, appelés aussi étoiles filantes sont des poussières cosmiques qui tombe sur Terre sous forme de pluie

    En comparant les concentrations en hélium-3 et en hélium-4 présent plus largement sur Terre, il a été possible pour la première fois de suivre les variations dans le temps des flux d'hélium entre les périodes glacières et les périodes de réchauffement. Ces résultats devraient avoir des conséquences sur l'interprétation des données climatiques provenant de carottes de glacecarottes de glace et des sédimentssédiments océaniques.