Vêtu de votre combinaison spatiale, vous marchez au pôle sud de la planète rouge. Vous vous tenez sur une épaisse couche de glace de dioxyde de carbone et, tout autour de vous, de puissants geysers gazeux projettent du sable et de la poussière anthracite à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Vous sentez également le sol trembler sous vos bottes : la calotte sur laquelle vous vous trouvez semble en lévitation sous la pression d'une nappe de gaz souterraine. Bienvenue dans le printemps martien !

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    Vue d'artiste du paysage offert par le pôle sud de Mars au printemps <br />(Crédits : Arizona State University/Ron Miller)

    Vue d'artiste du paysage offert par le pôle sud de Mars au printemps
    (Crédits : Arizona State University/Ron Miller)

    D'étranges taches sombres printanières

    Depuis fort longtemps, un curieux phénomène intrigue les astronomesastronomes : chaque printemps, des taches sombres de 15 à 46 mètres de diamètre apparaissent au pôle sud de Mars, à la surface de sa calotte glaciairecalotte glaciaire. Jusque là, les scientifiques pensaient que c'était le retour du Soleil sur cette zone privée de lumière pendant tout l'hiverhiver qui faisait fondre une partie de la glace, et mettait le sol martien à nu. Or, les caméras d'Odyssey, permettant de voir dans le visible et l'infrarouge, ont découvert que la température des taches était aussi faible que celle de la glace de dioxyde de carbonedioxyde de carbone. Cette explication n'était donc pas satisfaisante.

    Autre fait troublant observé par les astronomes : chaque printemps, des rainures apparaissent dans la calotte glaciaire, et convergent juste en dessous des taches sombres.

    Les taches sombres observées au printemps par la caméra de Mars Orbiter <br />(Crédits : NASA/JPL/Malin Space Science Systems)

    Les taches sombres observées au printemps par la caméra de Mars Orbiter
    (Crédits : NASA/JPL/Malin Space Science Systems)

    Un nouveau scénario

    Pour percer ce mystère, une équipe de chercheurs menée par Christensen (Arizona State University)) a observé une zone particulière du pôle sud de la fin de l'hiver martien à la mi-printemps. La caméra THEMISTHEMIS (Thermal Emission Imaging System) de Mars OdysseyMars Odyssey leur a permis de collecter 200 images et de suivre l'évolution de cette région.

    A partir de leurs observations, les astronomes ont élaboré un nouveau scénario expliquant la formation des taches sombres. Pendant l'hiver, le pôle sud martien baigne dans l'obscurité et le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphèreatmosphère retombe au sol sous forme de glace, formant une couche d'un mètre de hauteur au-dessus de la calotte permanente. Entre glace éternelle et glace hivernale se trouve une fine épaisseur de poussière et de sablesable anthracite. Au printemps suivant, le Soleil refait son apparition et, à travers la couche de CO2, il réchauffe ces matériaux sombres et les porteporte à une température telle qu'ils font se sublimer la glace gisant à proximité. Une nappe de dioxyde de carbone gazeux se forme, met la surface sous pression, et le gaz qui parvient à s'échapper via des failles engendre des geysersgeysers qui projettent le sable et la poussière à des vitessesvitesses atteignant 160 kilomètres à l'heure. C'est ainsi que, en retombant, ces matériaux dessineraient des taches sombres à la surface.

    Ces travaux parus dans l'édition du 17 août de la revue Nature montrent que, au printemps, de violentes éruptions se produisent au pôle sud de Mars, et suggèrent que cette région de la planète rouge est nettement plus active qu'on ne le pensait...