Il s'appelle 2023 FW13, mesure une vingtaine de mètres et « tourne autour de la Terre ». Ce n'est cependant pas un véritable satellite, pas même temporairement. Cet astéroïde est ce qu'on appelle en fait un quasi-satellite.


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    Le 28 mars dernier, Pan-Starrs, programme de recherche d'astéroïdes situé à Hawaï, a fait une découverte inhabituelle. Cette découverte a été officiellement annoncée le 1er avril - ce n'est pas une blague -, après que d'autres observatoires à Hawaï (télescope Canada-France-Hawaï) et en Arizona (Kitt Peak et Mount Lemmon) ont observé l'astéroïde.

    Un quasi-satellite

    Le petit corps repéré, depuis désigné officiellement 2023 FW13, a une orbite avec un demi-grand axe identique à mieux qu'un pour mille à celui de l'orbite de la Terre, ce qui n'a pas manqué de rapidement attirer l'attention de votre serviteur. Dès le 3 avril, j'ai donc lancé une simulation grâce au simulateur d'orbites de Tony Dunn. Celle-ci a rapidement confirmé ma suspicion : cet astéroïde est en résonance 1:1 avec la Terre, c'est-à-dire qu'il met autant de temps que la Terre pour faire le tour du SoleilSoleil. Plusieurs configurations correspondent à ce type de résonance et, en l'occurrence, cet astéroïde est dans la configuration qu'on appelle « quasi-satellite ».

    Orbite de l'astéroïde 2023 FW<sub>13</sub> (en blanc). L'orbite de Mercure est en rose, celle de Vénus en violet, celle de la Terre en bleu et celle de Mars en rouge. La position des objets est celle le 5 avril 2023 à 0 heure UTC. © Small-Body Database Lookup, Jet Propulsion Laboratory.
    Orbite de l'astéroïde 2023 FW13 (en blanc). L'orbite de Mercure est en rose, celle de Vénus en violet, celle de la Terre en bleu et celle de Mars en rouge. La position des objets est celle le 5 avril 2023 à 0 heure UTC. © Small-Body Database Lookup, Jet Propulsion Laboratory.

    Un quasi-satellite n'est pas un véritable satellite, mais ce petit corps nous accompagne quand même dans notre voyage autour du Soleil. Plus précisément, un quasi-satellite est un astéroïde coorbital (résonance 1:1) sur une orbite elliptique qui lui est propre, mais a la même longitudelongitude moyenne (c'est-à-dire la même position moyenne par rapport au Soleil) que celle de la planète. Vu depuis la Terre, l'astéroïde semble réaliser une révolution autour d'elle, en sens rétrograde et avec une période d'un an, sans pour autant être réellement en orbite autour : la gravitégravité dominante agissant sur 2023 FW13 est celle du Soleil, et la Terre ne fait que légèrement perturber l'orbite de l'astéroïde, de telle sorte qu'il reste au voisinage de notre Planète.

    Confirmation grâce aux archives

    Cette configuration fait que 2023 FW13 passe régulièrement à quelques millions de kilomètres de la Terre, position favorable à son observation. Par exemple, cette année, l'astéroïde d'une vingtaine de mètres s'est approché à 9,8 millions de kilomètres de la Terre le 2 mars dernier. Ce n'est pas très près - c'est 25 fois plus loin que la LuneLune -, mais ce qui est intéressant est la répétition de ces rapprochements : entre 2019 et 2027, il est passé et passera chaque année à moins de 15 millions de kilomètres de notre Planète, ce qui laissait penser que cet astéroïde pourrait être retrouvé dans des observations d'archive. J'en ai donc informé la communauté sur la Minor Planet Mailing List dès après avoir fait la simulation susmentionnée le 3 avril. Dès le lendemain, Sam Deen annonça avoir trouvé des observations de l'astéroïde remontant jusqu'à 2016. Ces observations supplémentaires ont alors permis de contraindre fortement l'orbite de l'astéroïde. En prenant en compte toutes les observations de 2016 à 2023, Tony Dunn a réalisé une nouvelle simulation avec 100 clonesclones, ce qui a permis de confirmer que 2023 FW13 est un quasi-satellite de la Terre depuis des siècles et le restera encore pendant de nombreux autres. De nouvelles observations remontant jusqu'à 2012 ont depuis été annoncées.

    2023 FW13 n'est pas le premier quasi-satellite connu de la Terre - la sonde chinoise Tianwen-2 va d'ailleurs en explorer un -, mais une telle découverte reste relativement rare puisqu'on ne connaît qu'une dizaine d'astéroïdes qui sont, ont été ou seront dans cette configuration.