(469219) Kamoʻoalewa, c'est le nom officiel d'une quasi-lune de la Terre et selon certains astronomes, ce quasi-satellite de notre Planète bleue ne serait rien de moins qu'un fragment de la Lune.


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    Et voilà que l'astéroïde 2016 HO3 revient sur le devant de la scène. Détecté la première fois le 27 avril 2016, par le télescope d'étude des astéroïdes Pan-Starrs 1 à Haleakalā, à Hawaï, il ne s'agit pas seulement d'un membre de la famille des astéroïdes Apollon. Certes, comme tous les plus de 14.000 objets connus de ce type à ce jour, il s'agit d'un des géocroiseurs dont l'orbite elliptique a un demi-grand axe qui est strictement supérieur à 1 UAUA et une distance au SoleilSoleil au périhéliepérihélie qui est inférieure à 1,017 UA. Mais 2016 HO3 est surtout un quasi-satellite de la Terre, ce qui veut dire que bien qu'il soit en orbite autour du Soleil son mouvementmouvement le conduit pour un temps à se déplacer comme s'il était en orbite autour de la Terre.


    Animation de l’orbite autour du Soleil (en vert) de l’objet 2016 HO3. Ce petit astéroïde devrait rester un quasi-satellite de la Terre durant plusieurs centaines d’années. © Nasa, JPL

    Depuis sa découverte, 2016 HO3 est devenu officiellement entretemps (469219) Kamoʻoalewa, un nom dérivé de l'hawaïen et trouvé dans un chantchant de création qui fait allusion à une progéniture qui voyage toute seule. On sait que sa taille est comprise entre quelques dizaines et une centaine de mètres. C'est donc un objet peu lumineux de sorte que les astronomesastronomes ont entrepris de l'étudier avec un puissant télescope, en l'occurrence le grand télescope binoculaire sur le mont Graham dans le sud de l'Arizona. On le connaît en anglais sous l'acronyme LBT, pour Large Binocular Telescope. Il possède deux miroirsmiroirs de 8,4 mètres de diamètre, placés sur la même monture. Kamoʻoalewa est en effet environ 4 millions de fois plus faible que l'étoileétoile la plus faible que l'œilœil humain puisse voir dans un ciel sombre. Mais avec des miroirs collecteurs aussi grands, assez de lumièrelumière peut être concentrée pour étudier par exemple des spectresspectres de la surface de l'objet.

    Un éjectat d'un impact lunaire ?

    C'est justement en cherchant à mieux déterminer sa composition qu'une équipe d'astronomes dirigée par Ben Sharkey, étudiant diplômé en sciences planétaires de l'université de l'Arizona, est arrivée à une conclusion étonnante. Elle est exposée dans un article publié dans la prestigieuse revue Nature Communications Earth and Environment.

    Une des plus mythiques photos de la mission Apollo 17 avec le géologue Harrison Schmitt, aux abords du site de la vallée de Taurus-Littrow. © Nasa, ESA, and J. Garvin
    Une des plus mythiques photos de la mission Apollo 17 avec le géologue Harrison Schmitt, aux abords du site de la vallée de Taurus-Littrow. © Nasa, ESA, and J. Garvin

    Pendant presque trois ans Ben Sharkey et ses collègues ont travaillé pour démontrer que ce qu'il voyait ne pouvait pas être vrai, pour finalement se résoudre à en accepter non seulement la possibilité mais aussi la probabilité.

    Le spectre de la lumière réfléchielumière réfléchie par la surface de Kamoʻoalewa ne correspondait qu'à celui des roches lunaires rapportées sur Terre par les missions Apollo. Aucun spectre obtenu pour d'autres astéroïdes géocroiseurs ne correspondait.

    Une autre caractéristique de Kamoʻoalewa plaide pour une origine lunaire, son orbite n'est pas non plus typique des autres géocroiseurs. Nous serions donc en présence d'un fragment de notre satellite éjecté à une date indéterminée par un impact conséquent sur la surface de la LuneLune. Cela n'a rien d'extraordinaire en soi car on trouve sur Terre des météoritesmétéorites dont l'origine est incontestablement lunaire quand on fait là aussi des comparaisons avec les roches d'ApolloApollo.

    Les astronomes pensent que Kamoʻoalewa ne restera pas très longtemps un quasi-satellite de la Terre, probablement encore environ 300 ans. Il serait arrivé sur cette orbite il y a environ 500 ans. Toujours est-il que nous devrions donc avoir encore tout le temps de lui faire une petite visite - les Chinois en ont d’ailleurs le projet.

    Une photo prise lors de la mission Apollo 17 et toujours montrant l'astronaute Harrison Schmitt. © Nasa
    Une photo prise lors de la mission Apollo 17 et toujours montrant l'astronaute Harrison Schmitt. © Nasa

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