Alors que l'Homme foisonne d'idées pour quitter sa planète et se répandre dans l'Univers, que les voyages spatiaux se banalisent et que les astronautes assurent aujourd'hui une présence permanente dans l'espace, la plus grande de toutes ses interrogations n'a toujours pas reçu de réponse : la vie existe-t-elle ailleurs ?

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    Ce n'est pourtant pas faute de chercher. Dès que les premiers instruments se sont tournés vers Mars, notre plus proche voisine "habitable", les imaginations se sont emballées, croyant y distinguer d'abondantes traces de civilisation avancée. Mais il fallut bientôt déchanter. Non seulement les prétendus canaux de Mars ne trouvaient leur source que dans une erreur de traduction ("canali", dans les descriptions de leur découvreur Schiaparelli, signifiant "alignement" et non "canaux"), mais plus tard, les sondes envoyées vers la planète rouge n'en découvrirent aucune trace. A leur place, un désertdésert venteux sous une atmosphère raréfiée, bref un monde bien hostile...

    Mais il y a une quinzaine de jours, une nouvelle découverte, réalisée à l'aide d'un spectromètre gamma embarqué sur la sonde américaine Mars OdysseyMars Odyssey, a secoué le monde des astronomesastronomes. Cet instrument permet aux scientifiques de dresser une carte de la présence d'hydrogène en surface de la planète Mars sur un mètre de profondeur (trois pieds), notamment dans la région entourant le pôle sud, et d'en déduire la présence d'eau. Les résultats dépassaient toutes les espérances : la quantité de glace contenue atteint, et même dépasse un taux de 30 à 50%, c'est-à-dire qu'en certains endroits 10 litres de sol martien contiennent 3 à 5 litres d'eau !

    Du coup, notre vision de cette planète est radicalement modifiée. Ce "désert humide" redevient susceptible d'avoir abrité la vie, et même dans l'hypothèse où elle se serait éteinte, la découverte de fossilesfossiles, même de micro-organismesmicro-organismes, aurait un retentissement prodigieux sur notre vision de l'Univers. Il serait alors définitivement établi que la vie a pu apparaître et évoluer indépendamment sur deux mondes complètement séparés, avec toutes les conséquences que cela laisse entrevoir.

    Mais pour le reste de notre système solaire, les possibilités se réduisent à très peu de chose. Presque simultanément à la découverte d'eau sur Mars, la Nasa annonçait que l'épaisseur de la croûtecroûte de glace recouvrant le satellite de JupiterJupiter, Europa, n'était pas de quelques centaines de mètres comme le pensaient les scientifiques, mais d'une vingtaine de kilomètres. On imagine mal comment la vie aurait pu apparaître dans de telles conditions, quant aux possibilités d'exploration par l'Homme ou même par des sondes automatiques, elles sont tout simplement reportées à une génération ultérieure...

    Les autres planètes se révèlent, elles aussi, bien inhospitalières. MercureMercure et VénusVénus apparaissent aussi propices à l'apparition de la vie que l'intérieur d'un haut fourneau en pleine charge. Jupiter et les autres géantes, gigantesques boules de gazgaz, sont bien trop incompatibles avec la survie d'un quelconque organisme. Quant à PlutonPluton, son éloignement du SoleilSoleil et le froid qui y règne en permanence y a définitivement figé toute possibilité d'évolution biologique.

    Et justement, une des clés de l'énigme se tient dans cette notion d'éloignement du Soleil. Les biologistes sont formels, et toutes les observations terrestres le confirment, une seule plage de température peut soutenir la vie organique et permettre son évolution. Même si de rares micro-organismes peuvent survivre dans des conditions extrêmes, comme sous le seuil de congélation ou dans les sources chaudessources chaudes à plus de 80° du Pacifique, ces températures ne peuvent soutenir la genèse d'une matièrematière vivante primitive, par définition fragile et n'ayant pas encore eu la possibilité de s'adapter.

    Et hors notre Système solaire, point de salut ?

    Toutes les "niches" planétaires autour de notre étoileétoile étant connues, il faut donc se tourner vers nos voisines stellaires. Mais les distances en jeu constituent un obstacle majeur à toute observation précise. Si les planètes nous entourant brillent des feux de notre Soleil qu'elles réfléchissent, la puissance de nos instruments d'observation est encore loin de pouvoir capturer la faible lumière réfléchielumière réfléchie par les astresastres accompagnant les autres étoiles.

    Le Dr Charles Lineweaver, de l'université de Nouvelles-Galles du Sud (Australie), étudie depuis plusieurs années les possibilités d'existence de planètes extra-solairesextra-solaires. D'après la teneur en différents éléments des étoiles de notre galaxiegalaxie, dont notamment les métauxmétaux, il en est arrivé à une conclusion fascinante. Selon lui, les trois quarts environ de toutes les planètes extra-solaires de type terrestre devraient être plus âgées que notre Terre d'environ 1,8 milliards d'années. Si l'on considère la rapiditérapidité avec laquelle la vie est apparue sur Terre après son refroidissement, laissant présager que ce processus vital est une fatalité dès que des conditions favorables sont réunies, ce phénomène devrait foisonner dans l'Univers.

    Bien sûr, cette statistique - si elle s'avère exacte - ne concerne que les planètes de type terrestre, autrement dit telluriques. Une planète idéale susceptible d'abriter la vie devrait avoir un diamètre et une densité minimale, lui permettant de retenir une atmosphère, mais respecter certaines limites afin que la force de gravitationforce de gravitation n'écrase pas à sa surface les formes de vie naissantes en les empêchant de se développer. Une température permettant l'écoulement de l'eau en surface impose aussi un certain éloignement par rapport à l'étoile centrale. La Terre et Mars entrent dans cette catégorie, mais dès que l'on s'éloigne de leurs caractéristiques orbitalesorbitales, les conditions vitales se dégradent rapidement.

    Or, les planètes extra-solaires mises en évidence jusqu'ici appartiennent toutes à la classe des "géantes gazeusesgéantes gazeuses", des Jupiter en puissance que la force d'attraction et l'éloignement par rapport à leur soleil rendent incompatibles avec la vie. Une raison à cela : ces astres ont été découverts en observant les oscillations de leur étoile centrale, trop faibles dans le cas d'une planète de dimensions terrestre.

    Barrie Jones et Nigel Sleep, de l'université Open (Grande-Bretagne) tentent, eux, de déterminer les meilleures étoiles candidates à s'être entourées de planètes telluriquesplanètes telluriques. Car si leur observation est actuellement impossible, le seuil de perception des instruments - terrestres ou spatiaux - s'affine rapidement et le jour ne paraît plus très loin où elles pourront être mises en évidence. Mais encore faudra-t-il où chercher, cette quête ressemblant - en pire - à la recherche d'une aiguille dans une botte de foin.

    "Il pourrait y avoir au moins un milliard de mondes dans la Voie LactéeVoie Lactée", déclare Barrie Jones, et même beaucoup plus si nous découvrons des systèmes comparables au nôtre, comportant à la fois des planètes telluriques proches de leur étoile et des géantes éloignée des zones habitables".

    En 2006, la Nasa lancera le satellite Kepler, dont le rôle sera de détecter les petites planètespetites planètes lointaines, non en se basant sur les oscillations de l'étoile centrale, mais en observant l'atténuation de son éclat au moment du transfert de la planète devant le disque stellaire. Dans le cas ne notre Terre, cela se traduirait pour un observateur extérieur à une diminution d'éclat d'environ 1/10.000.

    Mais la chance devra aussi être au rendez-vous : le plan orbital de la planète à observer devra se situer dans l'alignement de notre Terre. Malgré cela, les scientifiques sont confiants et, considérant le nombre probable d'astres à découvrir, estiment que durant les quatre années d'exploitation prévues de Kepler, une moisson de planètes telluriques extra-solaires devrait tomber du ciel.

    A moins que d'ici là, un fabuleux coup de chance...

    Par Rama - Futura-Sciences Belgique